Les investissements passés dans les infrastructures et les services numériques, qui facilitent les interactions entre les personnes, les organisations et les machines connectées, se sont avérés fondamentaux pour amortir la brutalité de la crise.

C’est dans les crises que l’on apprécie les choses qui avaient fini par se banaliser au point de devenir transparentes. La dépendance aux technologies numériques a été particulièrement mise en évidence ces derniers mois. Lorsque le seul lien avec l’extérieur, pour travailler ou rester en contact avec ses proches et ses amis, reposait uniquement sur les technologies numériques, les pays qui s’en sont le mieux sorti étaient ceux qui disposaient d’infrastructures performantes et d’une population bien équipée en terminaux et en service de connectivité avec ou sans fil.

Cette situation a également conforté les gouvernements dans leurs efforts de réduction de la fracture numérique. En France par exemple, où le New deal et diverses initiatives à caractère social, pour aider les ménages les plus modestes à disposer du numérique, permettent le classement de la France parmi les pays les mieux lotis.

Mais la pandémie a placé la barre encore plus haut

Cependant, disposer d’infrastructures réseau performantes et de programmes pour apporter le numérique aux coins les plus reculés ne suffisent pas, selon la dernière édition des Perspectives de l’économie numérique l’OCDE publiée récemment. Comme l’explique Ulrik Vestergaard Knudsen, secrétaire général adjoint de l’OCDE, lors de la visioconférence de lancement de l’étude : « Nous arrivons à une étape charnière de la transformation numérique, et le visage de nos économies et de nos sociétés post-Covid dépendra des progrès que nous parviendrons à réaliser et de notre capacité à réduire les clivages ».

Certes, l’amélioration de la connectivité et des compétences en matière d’Internet a aidé de nombreux pays à faire face à la crise sanitaire et économique. Cependant, la pandémie a placé la barre encore plus haut pour la transition numérique et souligne la nécessité de combler les fossés numériques qui risquent de laisser certaines personnes et entreprises dans une situation pire que d’autres dans un monde post-Covid.

Les connexions ultra-haut débit se profilent à l’horizon

L’adoption de l’Internet par les particuliers et les entreprises continue de croître, bien qu’il subsiste des disparités en termes de capacités et d’utilisation efficace. Des écarts persistent également entre les grandes et les petites entreprises. Par exemple, le commerce électronique représentait 24 % du chiffre d’affaires économique des grandes entreprises en 2019, contre seulement 10 % dans les petites entreprises. Les programmes d’aide gouvernementale à destination des petites structures permettront sans doute de combler ce fossé.

Parallèlement, avec l’accroissement des usages du numérique et la multiplication des offres et des services, le besoin de bande passante incite les gouvernements à accélérer le déploiement de la fibre optique. Celle-ci est de plus en plus déployée dans les réseaux de l’OCDE, certains pays et opérateurs ont même commencé à étendre la couverture au Gigabit Internet. Un certain nombre de pays de l’OCDE proposent aux particuliers et aux entreprises des abonnements fixes à large bande avec des vitesses annoncées supérieures à 1 Go/s. Les pays les moins chers en 2019 étaient la Hongrie (20 USD PPA), l’Italie (30 USD PPA) et la France (35,5 USD PPA).

Les premières offres commerciales de haut débit 10 Go/s (vitesse annoncée) pour les consommateurs ont vu le jour en France, en Corée, au Japon, en Suède et en Suisse. En dehors de l’OCDE, Singapour a été l’un des premiers pays à proposer des offres de 10 Go/s aux consommateurs. À titre d’exemple, une connexion 10 Go/s permet aux utilisateurs de télécharger le dernier film 4K ultra HD (75 Go) en une minute, contre près de deux heures sur une connexion 100 Mo/s.

Les réseaux mobiles en route vers la 5G

L’OCDE a noté une baisse significative des tarifs d’abonnement au haut débit mobile, ainsi qu’une augmentation de l’utilisation des données mobiles. Ce qui reflète une plus grande concurrence sur ce marché, estime le rapport. Cela est particulièrement vrai pour les forfaits à forte utilisation, et les services mobiles à haut débit ont connu des baisses de prix importantes. Par ailleurs, l’utilisation moyenne de données mobiles par abonnement dans les pays de l’OCDE a quadruplé en quatre ans, jusqu’en juin 2019, et les prix du haut débit mobile à forte utilisation ont chuté de 59 % entre 2013 et 2019, selon le rapport, qui s’appuie sur les données du portail haut débit de l’OCDE, régulièrement mis à jour.

En juin 2020, les services commerciaux 5G étaient disponibles dans 22 pays de l’OCDE par l’intermédiaire de 48 opérateurs. Des développements récents tels que les premières offres commerciales 5G dans la zone OCDE témoignent du rythme rapide du déploiement de la 5G. Par exemple, en avril 2020, les abonnements 5G en Corée avaient atteint 6,34 millions d’utilisateurs. En décembre 2019, le nombre de stations de base cellulaires avait été multiplié par 2,6 depuis le lancement des réseaux commerciaux 5G en Corée (avril 2019).

Parmi les pays offrant des services 5G, la Corée et la Suisse prévoyaient d’assurer une couverture nationale (c’est-à-dire d’atteindre environ 90 % de la population en 2019). Néanmoins, la couverture de la 5G dans la zone OCDE est en constante évolution, car la plupart des opérateurs sont en train d’étendre leur réseau.

Le Big data crée de nouvelles opportunités et de nouveaux défis

L’utilisation des données est devenue une partie intégrante des modèles commerciaux. Selon le rapport de l’OCDE, en moyenne 12 % des entreprises de l’OCDE ont effectué des analyses de données importantes en 2017, et jusqu’à 33 % des grandes entreprises. Les médias sociaux sont la principale source de données utilisées par la moitié des entreprises effectuant des analyses de données importantes dans l’OCDE.

Les technologies à forte intensité de données telles que l’IA et l’Internet des objets offrent un plus grand choix et une plus grande personnalisation aux consommateurs. « Dans le même temps, elles présentent de nouveaux risques pour la sécurité, la vie privée et la sûreté, explique l’OCDE, et peuvent être discriminatoires à l’égard de groupes défavorisés tels que les femmes et les minorités ethniques ».

En 2019 déjà, plus de 80 % des pays de l’OCDE ont déclaré que l’IA et l’analytique constituaient les plus grands défis pour la protection de la vie privée et des données personnelles, suivis de près par l’IoT et la biométrie. Dans ce contexte, les gouvernements mettent en œuvre des politiques visant à sensibiliser à la protection de la vie privée et des données et à renforcer leur application, tout en encourageant la responsabilisation des responsables du traitement des données.

Pour répondre à la forte augmentation de la demande de connectivité des réseaux, l’OCDE recommande des mesures telles que la libération temporaire de fréquences supplémentaires ou la mise en service les fréquences inutilisées, l’amélioration de la capacité d’interconnexion entre les réseaux et la recherche de moyens pour encourager les fournisseurs de large bande à déployer davantage de fibres plus profondément dans les réseaux.