Selon un rapport publié récemment par Gartner, 58% des assureurs ont prévu d’investir davantage dans l’innovation numérique d’ici 2025. En effet, ces derniers pourront soit conserver leur leadership du marché en devenant des assureurs numériques, soit rester sur la même voie et subir les nouvelles normes imposées par les Big Techs, les néo-banques et constructeurs automobiles qui proposent des produits et services plus innovants correspondant davantage aux besoins de leurs clients.
Au cœur de ce secteur hautement concurrentiel se trouve l’Assurtech, un segment en rapide expansion, au croisement entre l’assurance et les nouvelles technologies. Ces structures qui sont pensées au tour de l’agilité et la rapidité d’exécution ont atteint un niveau de maturité pour développer des solutions personnalisées à valeur ajoutée aux acteurs du monde de l’assurance, y compris les clients, les agents, les courtiers et les employés.
L’Assurtech se démarque par la simplification de la chaine de souscription de bout en bout.
La clé de leur stratégie fructueuse réside dans le fait d’améliorer ce que l’assurance fait de mieux, plutôt que de chercher à « révolutionner » l’industrie.
Les solutions proposées par ces acteurs sont variées. Par exemple : l’usage de l’intelligence artificielle pour évaluer et rembourser un sinistre en instantané, ou la souscription d’un produit d’assurance vie en un clic grâce à la technologie de reconnaissance faciale.
L’approche Assurtech consiste à garder un paramètre inchangé (exp: le produit ou service), tout en cherchant à créer un nouveau modèle de commercialisation innovant en utilisant la technologie comme levier. L’analyse des données clients leurs permet de tester, mesurer et ajuster leurs offres dans une approche d’amélioration continue.
Le mythe de l’« Uberisation » : Le dilemme des assureurs
Le développement des Assurtech révèle le changement de paradigme dans le secteur de l’assurance. Il met à jour des énormes opportunités de développement mais malheureusement la plupart des assureurs ne sont pas équipés pour tirer parti de ces opportunités.Une étude menée par Target Group montre que trois quarts des professionnels du marketing de l'assurance pensent que leur société est trop lente à lancer de nouveaux produits ou services sur le marché et qu'elle a du mal à suivre le rythme des évolutions constantes des marchés et consommateurs. Les assureurs traditionnels sont ralentis par plusieurs facteurs. Par exemple : Le modèle opérationnel est souvent complexe, les acteurs clés travaillent en silo. Les systèmes legacy ne sont pas ouverts et ne permettent pas de traiter ni d’exploiter les données en temps réel. Le décalage entre l’approche actuarielle de masse qui n’est pas compatible avec les attentes d’hyperpersonnalisation des offres.
Dans ce contexte, plusieurs entreprises cherchent à tout prix à devenir le nouvel Uber de leur secteur. Cette quête les pousse à se focaliser de manière excessive sur des innovations de rupture, c’est-à-dire des produits ou services bouleversant entièrement les marchés existants, ou en créant de nouveaux marchés.
Mais il n’est pas nécessaire de trouver une idée grandiose et miraculeuse pour innover. Les projets de ce type comportent des risques importants et peu de chances de réussite. Certes, ils suscitent l’enthousiasme et des débats en interne, mais peuvent ne jamais prendre leur envol. Si les compagnies d’assurance doivent continuer à tester des idées disruptives, il leur faut également créer rapidement de la valeur en se focalisant sur l’innovation adjacente.
Les quatres étapes pour accélérer l’innovation, les méthodes Assurtech comme modèle
1Identifier les opportunités de lancement de produits
Il est judicieux de se concentrer sur les produits ayant une visibilité stratégique au sein de l'organisation et pour lesquels les approches actuelles n'ont pas permis d'obtenir les résultats souhaités par l'entreprise, car le développement prendrait trop de temps ou coûterait trop cher.
Commencer par un ou deux produits simples - des produits avec des ensembles de questions simples qui sont peu risqués mais à forte valeur ajoutée.
Cela vous permettra de réaliser des gains rapides et de renforcer vos capacités, ouvrant ainsi la voie à de futures initiatives
2Cessez de débattre et agissez
Les entreprises doivent surmonter cette tendance à la paralysie par l'analyse en changeant leur état d'esprit afin de faire avancer les projets de manière agressive et de lancer de nouveaux produits de marché. Plus vite les nouvelles offres seront développées, testées et lancées, plus vite les assureurs, les courtiers et les clients en bénéficieront.
3Adopter une approche agile
4Penser MVP, itérer et réutiliser
À terme, cette approche devrait changer la culture d’entreprise dans le cadre de ses futurs projets. Plus vite les porteurs sauront en démontrer les bénéfices, générer le buzz en interne et, dès lors, obtenir l’adhésion des dirigeants, plus vite il leur sera possible de développer leur innovation.
Les principaux enseignements
Le constat est sans appel : le rôle de l’assureur n’est plus limité à la tarification et la prise de risque. Il devra anticiper, prévenir et créer un portefeuille d’innovation bien équilibré.Les assureurs devront tester de nouvelles idées révolutionnaires et modulaires. Dans le même temps il leur faut réfléchir à des modèles organisationnels permettant d’accompagner la trajectoire de transformation. Les mots d’ordre doivent être la rapidité, l’agilité, l’évolutivité et la maitrise des coûts.
En encourageant l’adoption d’une culture basée sur un apprentissage en temps réel et accéléré (test-and-learn et fail fast), les assureurs pourront lancer de nouvelles idées sur le marché rapidement et à meilleur coût, afin de répondre aux besoins de leurs clients et partenaires.
Par Mohamed Azzaz, Insurance Lead chez Mendix