L’informatique serverless est la couche d’abstraction ultime de l'infrastructure matérielle, après le mariage de la virtualisation, du cloud et des conteneurs.
Au cours de la dernière décennie, nous avons assisté à l’émergence de différentes couches d’abstraction de l’infrastructure informatique matérielle. Chacune d’entre elle étant une avancée innovante.
Mais compte-tenu des étapes d’investissement des entreprises, avec des plans à 12 mois, 3 ou 5 ans, la bascule sur une couche est d’abord considérée comme une tendance dont l’expérimentation est laissée aux autres, aux ‘early adopters’, en particulier en France, avant de devenir une étape à franchir.
C’est ainsi que ces dernières années nous avons assisté principalement, et nous sommes encore dans ce mouvement, à l’émergence de trois couches d’abstraction du matériel et de l’infrastructure informatique :
- Virtualisation
Cette technologie est utilisée pour consolider plusieurs machines virtuelles sur une même plate-forme matérielle.
- Cloud
Le cloud est utilisé pour virtualiser le calcul, la mise en réseau et le stockage.
- Conteneurs
Les conteneurs ou containers sont utilisés pour isoler les composants de technologie d'application qui peuvent être déployés et exploités à grande échelle sur plusieurs substrats.
Serverless, l’étape suivante et ultime
Suite à cette évolution vers l’abstraction de l’infrastructure matérielle du système d’information, nous arrivons maintenant vers l'informatique serverless (sans serveur), qui prend le code et les fonctions, et les exécute dans un environnement virtuel. Celui-ci prend en charge toute l'infrastructure sous-jacente, depuis les services applicatifs jusqu'aux systèmes d'exploitation, les hyperviseurs et les matériels. En d'autres termes, la couche d'abstraction ultime.
Le serverless est principalement reconnu par les développeurs, qui considèrent de plus en plus qu’il s’agit d’un moyen plus rapide de développer et de déployer des charges de travail informatiques métier. Il n'est pas difficile de voir pourquoi cela semble être le genre d'évidence intuitive que les entreprises devraient mettre en place aujourd’hui :
- les développeurs se concentrent sur leur application et l'exécutent sous la gestion de tiers ;
- leur code n'est exécuté qu'à l'invite de déclencheurs prédéterminés ;
- il évolue automatiquement au besoin ;
- et l'entreprise n'est facturée que pour le temps que ce code est réellement en cours d'exécution (par opposition à un taux forfaitaire, peu importe si le code est en cours d'exécution).
Adopter le serverless c’est repenser l’informatique
Si les précédentes couches d’abstraction ont été des technologies de rupture, elles n’en restaient pas moins sous le contrôle de la DSI, même le cloud. Leur adoption par l’incorporation des workloads entrait dans la démarche de planification, ce qui donne l’illusion du contrôle, ce qui a accompagné le mouvement du cloud privé vers le cloud public, puis vers le cloud first, et enfin le cloud only, le plus proche du concept du serverless.
Mais le serverless promet d’être encore plus perturbateur, car son intégration dans l’environnement informatique nécessite une refonte complète de la structure des workloads, afin de se concentrer sur la technologie métier en tant que code d'application, et de ne pas se laisser distraire.
Or, les entreprises se méfient naturellement de l'externalisation d'une trop grande partie de leur infrastructure informatique, même si c'est la direction dans laquelle le monde évolue. De plus, serverless n'est pas uniquement un service offert par des fournisseurs de cloud externe. Il existe de nombreuses plates-formes serverless qui peuvent être exécutées sur des infrastructures locales entièrement gérées sous Kubernetes ou OpenStack, et offrir les mêmes avantages.
Les entreprises continueront à externaliser de plus en plus leur infrastructure informatique d'une manière ou d'une autre, ce qui les mettra sur la bonne voie. Cependant, il faudra du temps avant que l’entreprise exclusivement serverless deviennent la norme… dans les 5 prochaines années probablement. C’est qu’il faut du temps aux entreprises pour se structurer afin de tirer le meilleur parti d’une vraie innovation !
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