Alors que le salon MWC 2024 de Barcelone ouvre ses portes, il sera beaucoup question de réseaux autonomes et de convergence des technologies vers plus de résilience et une réduction drastique de la latence pour les nouveaux cas d’usage basés sur l’exploitation de la donnée et l’inférence. Les volumes de données générées par les appareils mobiles, l’Internet des Objets, et les applications d’entreprise nécessitent des réseaux plus résilients, capables de gérer cette demande de manière autonome pour maintenir des performances optimales.
Les infrastructures télécom sont ainsi à l’aube d’une nouvelle révolution, car si la plupart des opérateurs de télécommunications (84 %) disposent actuellement d’une autonomie de niveau 1 ou 2 pour l’ensemble de leurs réseaux, ils aspirent à des niveaux d’automatisation plus élevés. Pour rappel, dans le contexte des réseaux de télécommunications, l’autonomie est classifiée en plusieurs niveaux, reflétant le degré d’automatisation et d’intelligence intégrée dans la gestion du réseau. Elle distingue cinq niveaux, allant du niveau 1, nécessitant une intervention humaine pour la plupart des tâches de gestion et d’opération, au niveau 5 où l’autonomie est complète, et où le réseau est capable de toutes les opérations, de la prise de décision à l’optimisation sans aucune intervention humaine.
Un écosystème plus intégré, efficace et aux coûts réduits
L’évolution vers des réseaux de télécommunications plus autonomes est stimulée par plusieurs facteurs destinés à répondre aux problématiques des clients, comme l’exploitation des données hétérogènes, les exigences du temps réel ou du quasi temps réel, la simplification de la gestion, ainsi que la durabilité et l’efficacité énergétique. Cette transition vers une plus grande autonomie doit également s’effectuer dans un environnement technologique en mutation grâce à d’autres tendances, telles que l’hyperconvergence et le SD-WAN, créant un écosystème plus intégré, efficaces et aux coûts réduits.D’après le rapport de l’institut de recherche Capgemini intitulé Networks with intelligence : Why and how the telecom sector should accelerate its autonomous networks journeys, plus de 60 % des opérateurs voudraient atteindre une autonomie de niveau 3 ou plus d’ici 2028. Le terme « opérateurs » désigne ici les opérateurs de télécommunications, y compris, mais sans s’y limiter, les opérateurs de services complets (fixes, mobiles et à large bande), les opérateurs de téléphonie mobile, les fournisseurs de services à large bande, les fournisseurs de services à large bande par câble et les fournisseurs de services mobiles.
Une planification stratégique à long terme est cruciale
Cependant, le chemin vers l’autonomie totale est semé d’embûches, tant sur le plan technologique qu’organisationnel. Dans l’ensemble, seulement 1 % des entreprises prévoit d’atteindre le niveau 5 et 16 % le niveau 4 (y compris les opérations). Par ailleurs, seulement 15 % des organisations ont nommé un responsable dédié aux réseaux autonomes, tandis que 50 % des opérateurs de télécommunications disposent d’une feuille de route couvrant uniquement une à deux années. « Établir un leadership solide et une planification stratégique à long terme sont cruciaux pour la mise en œuvre et l’optimisation réussies des réseaux autonomes », préviennent les rédacteurs du rapport.D’après l’étude, les opérateurs avançant plus rapidement dans leur parcours de réseaux autonomes ont réalisé une amélioration de 20 % de l’efficacité opérationnelle et une économie moyenne de 18 % sur les Opex réseau au cours des deux dernières années. Qui plus est, 71 % des opérateurs ont réduit leur consommation d’énergie au cours de cette période, tandis qu’ils prévoient de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 30 % au cours des cinq prochaines années.
Le rapport révèle toutefois que certains obstacles entravent les progrès vers l’autonomie. Parmi les plus grands obstacles cités par les répondants, le rapport cite, sous un vocable consensuel, « la mentalité des employés » ou plus précisément la peur de perdre son emploi, les problèmes d’intégration et les préoccupations réglementaires concernant la souveraineté des données.