Une étude comparative des pays dans lesquels il est intéressant d’investir dans les centres de données place la France en neuvième position des pays les plus attractifs. Une infrastructure performante et des politiques fortes autour du numérique expliquent cette attractivité.

L’attractivité de la France n’a jamais été aussi haute depuis la seconde moitié du 20ème siècle. Dans la compétition mondiale, et surtout européenne, pour attirer les investissements internationaux, la courbe de l’attractivité de la France montre une tendance ascendante continue depuis 2017. D’après le Baromètre EY de l’attractivité de la France, à la fin 2019, la France montait sur la plus haute marche du podium européen, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne, ses éternels concurrents.

« Avec 1197 projets d’investissements étrangers annoncés, elle voyait le résultat de ses réformes fiscales et sociales, et d’une meilleure gestion de son image », expliquait alors le cabinet de conseil et d’audit. Il attribuait alors cette remontée aux réformes du marché du travail, à la réduction de l’impôt sur les sociétés et des charges sociales, et au maintien d’une politique forte autour de l’innovation. La crise sanitaire et l’incertitude économique sont venues perturber cet élan, mais pas au point de remettre en cause un certain nombre d’acquis.

Des atouts indéniables en faveur de la France

En effet, dans un environnement européen hyperconcurrentiel et où certains pays n’hésitent pas à pratiquer le dumping fiscal et des salaires bas, la France a dans sa manche quelques atouts pour gagner les arbitrages d’investissement des entreprises. Une étude relative à l’implantation des datacenters dans le monde et publiée récemment par Arcadis, le cabinet d’études en ingénierie de la construction, révèle que la France apparait dans le top 10 des pays les plus attractifs sur ce sujet.

Les États-Unis, le Japon et Singapour accaparent le podium, tandis que la France se classe 9ème sur une cinquantaine de marchés intérieurs étudiés. Le Royaume-Uni se classe 13ème et l’Allemagne 26ème. L’index prend en compte plusieurs critères : le PIB par habitant et la taille du marché intérieur, la facilité à obtenir les autorisations d’urbanisme, le prix de l’électricité, la sécurité énergétique, la cybersécurité ou encore le niveau d’équipement en haut débit et la bande passante moyenne. « Avec une très bonne cybersécurité, un réseau énergétique fiable et des initiatives gouvernementales visant à accélérer la numérisation de l’économie, la France offre un environnement favorable à l’accueil de data centers, à condition néanmoins d’en améliorer les performances énergétiques », explique le rapport d’Arcadis.

Une infrastructure performante et fiable…

Paradoxalement, la crise sanitaire a mis en lumière les atouts d’une France qui dispose d’infrastructures et de réseaux numériques étendus et performants. La généralisation du télétravail, du commerce en ligne et des usages du numérique pour les besoins quotidiens ont mis à l’épreuve des infrastructures qui ont tenu. Parallèlement, l’accélération du déploiement de la 5G et de la fibre optique FTTH renforcent cette position.

D’après l’ARCEP, 2020 a été une année record pour le déploiement de la fibre optique sur le territoire. Au 30 décembre 2020, 24,2 millions de locaux étaient éligibles aux offres FTTH, soit une hausse de 31 % en un an. Par ailleurs, la mobilisation du plan France Relance annoncé le 16 janvier dernier par le Premier ministre permettra d’investir 570 millions d’euros de financements publics complémentaires, pour garantir la généralisation des réseaux de fibre optique FTTH jusqu’à l’abonné dans tous les territoires, y compris ruraux, d’ici fin 2025.

… et un environnement idéal pour les centres de données 

La France est actuellement le troisième plus grand marché des technologies de l’information et de la communication en Europe et est le dixième plus grand marché intérieur mondial. « Par ailleurs, explique Arcadis, la France est un territoire favorable au développement des data centers, car elle offre de bonnes performances en termes de cybersécurité et son réseau énergétique est l’un des plus fiables d’Europe, constituant ainsi un environnement idéal de ce point de vue ».

Selon le cabinet d’étude, « l’intérêt des investisseurs pourrait être décuplé par les initiatives gouvernementales récentes, comme l’allégement de la fiscalité énergétique en complément du développement du très haut débit sur l’ensemble du territoire ». Une volonté régulièrement affirmée, comme lors de l’inauguration d’un centre de données en 2019, où Bruno Le Maire déclarait vouloir faire de la France « la première terre d’accueil de data centers en Europe ».

La région parisienne monopolise les installations

L’investissement en data centers en France représente donc un véritable enjeu au niveau national avec une très forte concentration d’installations en région parisienne. Le sud de la Seine Saint-Denis est particulièrement prisé et offre des possibilités de reconversion de friches industrielles, une aubaine pour les collectivités de la périphérie parisienne qui souhaitent capter ces investissements. « Ces implantations massives soulèvent néanmoins des interrogations majeures, sur l’impact foncier à long terme et l’intégration urbaine ou encore la faible création locale d’emplois », souligne Nicolas Boffi, City Executive Paris chez Arcadis.

La crise sanitaire et économique a bien évidemment rebattu les cartes, mais les fondamentaux qui ont fait le succès de la France perdurent et se renforcent même, surtout grâce à l’explosion des nouveaux usages basés sur le numérique.