La concrétisation des projets open data depuis plus d’une dizaine d’années place la France en bonne position dans le monde, mais les organismes publics sont encore aux prises avec la difficulté de mobiliser des ressources et gérer le cycle de vie de la donnée.

Les projets open data en France ont connu une accélération durant la pandémie, devenant un enjeu au cœur des processus d’information et de décision. D’après une étude de l’OCDE en 2019, la France est très bien classée, 2e mondiale après la Corée du Sud en termes d’efforts du gouvernement pour assurer la disponibilité et l’accessibilité des données du secteur public et pour encourager une plus grande réutilisation de ces données.

D’après une étude, réalisée par Markess (Valorisation et gouvernance du patrimoine de données publiques : vers l’âge de la maturité ?), 60 % des décideurs interrogés (ministères, agences, collectivités locales…) affirment en effet accorder une priorité à l’optimisation de la gestion de leurs données d’ici 2022. « Alors que la transition numérique des organismes publics en France est souvent abordée sous l’angle de la numérisation des services, la gestion et la valorisation des données publiques prend du galon en devenant le nouvel enjeu au cœur de cette ambition », commente le cabinet dans sa publication.

Les usagers et les processus au cœur des préoccupations

Lorsqu’ils sont interrogés sur le rôle de la crise sanitaire et la mise en exergue du potentiel de la valorisation des données publiques, plus d’un décideur sur deux estime que les projets associés à la valorisation des données publiques devraient se renforcer à moyen terme à la suite de cette crise. Santé, recherche, transport, informations aux usagers, analyses économiques, gestion environnementale, sécurité intérieure… les domaines d’exploitation de la donnée publique sont nombreux et s’articulent autour de trois enjeux : placer les intérêts de l’usager au centre de la démarche de valorisation, améliorer le fonctionnement des processus internes et optimiser le suivi des politiques publiques.

Cependant, estime le rapport, la tâche n’est pas aisée et dépend de facteurs comme la capacité à mobiliser les ressources nécessaires, à commencer par un renforcement des compétences en data sciences. À ce titre, les décideurs publics se montrent plus sceptiques, près de la moitié avouant que rien n’est prévu à ce jour. Les décideurs de ministères et leurs agences apparaissent néanmoins plus matures sur le sujet, deux tiers d’entre eux affirment avoir déjà renforcé leurs compétences en data sciences ou le prévoir d’ici 2022. À défaut de s’entourer de ces profils en interne, les décideurs publics peuvent néanmoins s’appuyer sur un écosystème dynamique dans ce domaine.

L’embarras de la gestion le cycle de vie de la donnée

« La maîtrise de l’intégralité des fonctions du cycle de vie des données s’impose en outre comme un prérequis indispensable », affirme le rédacteur du rapport. Or, selon les décideurs interrogés, si les organismes publics ont progressé sur les fonctions essentielles de gestion des données en amont de la valorisation (collecte, ouverture, protection, stockage, préparation et mise en qualité…), la marge de progrès d’ici 2022 se situe dans les fonctions liées à l’exploitation de ces données (analyse, intégration, traitement…), à leur gouvernance et à la gestion de leur fin de vie (archivage).

« En outre, cette gestion s’envisage pour une majorité de décideurs de manière transversale et mutualisée, à l’échelle de plusieurs services métiers en interne dans un premier temps, mais aussi au-delà, à l’échelle d’un écosystème d’acteurs, d’un département, d’une région ou d’une agglomération », estime l’étude. En somme, estime le rapport, pour réussir une démarche de gestion et valorisation des données, les directions impliquées doivent pouvoir recourir à des moyens et compétences ad hoc pour maîtriser les fonctions du cycle de vie des données.