Bien que la majorité des décideurs reconnaissent le rôle stratégique des données, leur exploitation à grande échelle reste un objectif hypothétique pour nombre d’entre eux. La plupart des organisations peinent à concilier leurs ambitions en matière de données avec la réalité du terrain.

Si la plupart des décideurs conviennent que l’exploitation de la donnée est un impératif pour les entreprises numérisées du 21e siècle, il existe un décalage entre la vision stratégique des dirigeants et la mise en œuvre opérationnelle des technologies de mise à disposition et d’exploitation des données. Il est vrai que le déploiement d’une infrastructure orientée données est complexe et coûteux. Il nécessite l’intégration de différentes technologies et la gestion de la sécurité et de la confidentialité des données, ceci en plus des impératifs d’organisation et de gestion du changement.

C’est un défi majeur pour beaucoup d’organisations, car l’intégration de la pile technologique de la donnée soulève bien souvent des difficultés aux ramifications qui remontent à loin, et qui dépassent le simple déploiement d’une couche technologique supplémentaire. L’intégration du pipeline de donnée soulève, ou révèle, bien souvent des problèmes dans l’entreprise, comme les systèmes hérités, de manques de moyens humains ou de silos organisationnels et techniques.

Opendatasoft, le spécialiste européen dans le domaine des portails de données, a collaboré avec Odoxa pour la troisième édition de son étude sur la démocratisation des données au sein des organisations françaises. Cette étude examine les points de vue des cadres supérieurs et des Chief Data Officers (CDO) sur l’évolution des pratiques et de la maturité des organisations en matière de gestion et de partage des données.  

Le partage de données reste un objectif éloigné

Bien que la majorité des décideurs reconnaissent le rôle stratégique des données, le partage à grande échelle de ces données reste un objectif hypothétique pour nombre d’entre eux. La plupart des organisations peinent à concilier leurs ambitions en matière de données avec la réalité du terrain. Selon l’étude, en dépit de la reconnaissance de la valeur des données, leur pleine exploitation fait encore défaut : 90 % des décideurs comprennent l’importance des données, mais seulement 44 % les considèrent comme une priorité du moment. Cette perception varie selon les rôles, les directeurs de l’innovation et de la stratégie digitale étant plus engagés (74 %) que les directeurs de site ou de filiale (64 %).

Mais si les répondants s’accordent sur la nécessité d’exploiter la donnée, 79 % des cadres dirigeants utilisent des données partagées, l’étude constate avec surprise que le consensus sur les bénéfices de cette pratique n’est pas aussi généralisé qu’on le pense. En effet,
68 %, seulement, des cadres interrogés pensent que les données facilitent une meilleure prise de décision. Autre surprise, 61 % des répondants, seulement (bis), sont satisfaits des choix de leur organisation concernant l’utilisation des données, les trouvant utiles, claires et régulières.  

Un niveau d'usage des données en augmentation

Concernant le niveau d’expertise atteint par leurs organisations, 44 % des cadres décisionnaires jugent que leur organisation est avancée en matière d’utilisation des données. Un chiffre assez élevé si l’on considère les retards dans la transformation numérique des entreprises en général, et des PME en particulier. Ce chiffre est par ailleurs en forte augmentation, puisqu’il est en hausse de 8 points par rapport au baromètre de l’année précédente. Toutefois, scrutée par métier, cette perception varie grandement au sein de l’organisation, de 67 % chez les directeurs de sites ou de filiales à seulement 13 % chez les employés, reflétant un décalage entre la vision des dirigeants et la capacité des employés à utiliser efficacement les données.

Dans les faits, l’exploitation à grande échelle des données n’est pas encore une réalité pour la plupart des organisations, avec seulement 37 % l’ayant pleinement mise en place. La majorité (63 %) dispose d’un accès limité, et pour beaucoup, cet accès est encore artisanal ou non structuré. Selon l’étude, ceci est dû à la perception de la propriété exclusive des données, qui crée des silos qui limitent le potentiel d’extraction de la valeur de la démocratisation des données.  

Seulement 8 % disposent d'un portail de données

Parmi les entreprises les mieux loties, seulement 8 % des cadres dirigeants indiquent que leur organisation dispose d’un portail interne pour accéder aux données, et la moitié d’entre eux estiment que l’accès aux données nécessite des compétences spécifiques ou l’intervention d’un analyste. En somme, la fonction du CDO reste mal comprise, avec seulement 49 % des décideurs saisissant bien son rôle.

En fin de compte, bien que les cadres dirigeants attendent davantage d’actions concrètes et d’accompagnement pour la démocratisation des données, près de la moitié note un décalage entre les ambitions et la réalité. D’après l’étude, le premier pas vers le succès consiste à fédérer les compétences en interne. « Pour accélérer et permettre à tous d’accéder aux données, la création d’un guichet unique est indispensable. En ce sens, les CDO ont un rôle fondamental à jouer, en collaboration avec les DSI et les équipes IT, pour diffuser une culture commune de la donnée et créer des usages créateurs de valeur pour tous les métiers », affirment ses rédacteurs.