Répondre aux besoins métiers spécifiques ou de niche, telle est la promesse des clouds verticaux ou industriels. Mais ce type de cloud n’est pas utilisable clés en main et prêt à l’emploi. Reste à résoudre, notamment, les enjeux de développement, sécurité et réversibilité, ce qui repose sur des profils qualifiés et plutôt rares.

Gartner estime que près des deux tiers des dépenses en logiciels applicatifs seront liées au cloud en 2025. En 2022, ce chiffre s’établissait à 57,7 %. Mais quelle est la place du cloud vertical ou industriel dans cette vision optimiste ? Dans une récente enquête auprès d'entreprises basées en Amérique du Nord et en Europe, selon le même institut Gartner, près de 39 % des personnes interrogées déclarent avoir commencé à adopter des plateformes cloud verticales dont 14 % d’entre elles en phase pilote. Environ 17 % des répondants envisagent un déploiement d'ici à 2026. Ce dernier chiffre doit être lu avec du recul, l’économie globale et l’évolution des technologies étant difficilement prévisibles. Aucun acteur de l’IT ne propose une définition figée des clouds verticaux ou industriels.

A l’origine, ce type de cloud était plutôt réservé aux processus IT fondamentaux telles la migration des applications, des workloads (charge de travail) et des données afférents ainsi que d’un OS à savoir du Paas. Aujourd’hui, il existe de nombreuses offres répondants aux besoins de l’industrie, de la pharmacie, de l’automobile, etc. Les hyperscalers ne sont pas en reste, Microsoft, par exemple, propose ses solutions pour la finance, l’industrie ou les organisations à but non lucratif, en liaison avec les briques de base que sont Microsoft 365, le cloud Azure ou encore Teams. Une manière de rendre ses clients encore plus dépendants de son écosystème ?

Autre exemple, le constructeur automobile Volkswagen a bâti un cloud spécifique et collaboratif pour répondre à ses besoins d’approvisionnement en pièces détachées et composants.

Les contraintes des clouds verticaux et industriels

Outre le problème crucial des compétences spécifiques sur ce domaine, il reste à jongler de façon pertinente avec les trois critères qui suivent. En premier lieu et comme dans tout projet faisant appel au cloud, il faut maitriser les coûts d’exploitation du cloud et de développement de la solution. Les tarifs et les coûts cachés explosent et nécessitent une approche FinOps.

Ensuite, il s’agit de veiller à la sécurité et aux vulnérabilités possibles parmi les millions de ligne de code des logiciels, comme ceux qui sont présents dans les véhicules et dans d’autres secteurs de marché.

Enfin le recours au cloud et au multicloud suppose de répondre aux enjeux épineux d’interopérabilité et de réversibilité, le code et les données produites étant liés à des plateformes spécifiques.

Cela dit, les clouds verticaux et industriels peuvent répondre à des besoins commerciaux sur des marchés de niche ou plus larges. Ils permettent aussi de s’adapter aux législations européennes ou locales, pour les entreprises qui exercent à l’international

« Nous sommes aux prémices de la migration cloud, mais nous remarquons déjà à quel point les sujets liés à la protection des données, aux réglementations type Cloud Act et plus généralement à la compliance, peuvent gêner ce développement. » affirme Michel Delbecq DSI chez Elis, cité dans un document Alliancy.

Les clouds dédiés à des secteurs verticaux spécifiques sont appelés à évoluer, des changements structurels qu’il importe à la DSI de prendre en charge.