Selon une enquête réalisée par le cabinet PAC pour T-Systems, la moitié des entreprises françaises placent aujourd’hui moins de 20 % de leur parc applicatif sur le cloud. Un chiffre qui montre le décalage entre les sirènes du marketing dans ce domaine et la réalité du terrain.

Le marché du cloud n’est pas un ciel sans nuages. Aux problèmes récurrents qui touchent à la souveraineté des données et aux coûts inattendus s’ajoute désormais l’inflation suite à la période post-Covid et surtout au conflit Ukraine-Russie. L’étude de PAC fournit quelques éléments pour dresser un état des lieux. Ainsi, 50 % des entreprises françaises placent moins de 20 % de leur parc applicatif sur le cloud et 30 % d’entre elles moins de 10 %. Plus précisément, 46 % des entreprises adoptent une approche Cloud hybride majoritairement privé. L’adoption du cloud n’est donc pas massive malgré les prévisions optimistes de Gartner, Forbes et autres analystes. Plusieurs freins entravent sa progression. Le premier est conjoncturel avec une inflation qui se poursuit et augmente sensiblement les tarifs des services cloud. En 2022, la cabinet Canalys prévoyait que la hausse des coûts de l’énergie induirait en Europe une augmentation moyenne de 30 % en 2023 des factures du cloud.

Autre préoccupation, la difficile maîtrise des couts du cloud est accrue par une gestion devenue de plus en plus complexe au fil du temps, notamment avec le multicloud. "La diversité des configurations Cloud est à la fois une richesse et un défi. Les résultats de cette étude mettent en lumière la nécessité pour les entreprises françaises d’adopter des bonnes pratiques de gouvernance pour le multicloud […]" explique Jean-Paul Alibert, CEO de T-Systems France.

Selon un rapport de Flexera, 45 % des responsables interrogés estiment que la note finale dépasse souvent beaucoup ou sensiblement les prévisions. En cause, la complexité des factures, le paiement de ressources non utilisées (VM non décommissionnées, etc.), les coûts réseaux ou encore, l’attribution incorrecte des responsabilités critiques en matière de sauvegarde, de récupération, de stockage et d’accès aux données. Les grandes sociétés peuvent s’offrir les services d’un responsable FinOps, dédié à la gestion minutieuse des factures du cloud. Un poste qui suppose des compétences techniques et commerciales.

L’enjeu essentiel de la souveraineté des données et de la sécurité

Le marché européen du cloud est détenu à 72 % par les hyperscalers (Amazon, Microsoft et Google). Leur confier des données critiques ou sensibles (santé, finance, stratégie, etc.) n’est pas une bonne pratique, c’est un euphémisme. Les entreprises sont aujourd’hui de plus en plus attirées par les solutions souveraines en raison d’impératif réglementaires et stratégiques. Les partenariats entre hyperscalers et gros clients européens n’est pas la meilleure des options car ces derniers n’ont aucune visibilité réelle sur la confidentialité des données, selon les recommandations de l’ANSSI en France. D’autre part, GAIA-X, la fédération européenne de prestataires de cloud souverain interopérables, n’est pas prête de voir le jour.

En dernier lieu, la sécurité est un élément fort qui préoccupe 23 % des répondants à l’enquête de PAC. Les prestataires de cloud doivent apporter des garanties sur la mise en place des moyens techniques pour protéger les données de leurs clients.

Autant de facteurs qui expliquent, en partie, les freins au déploiement massif du cloud.