Dans ce contexte, les entreprises ne doivent pas seulement sécuriser leur propre infrastructure, mais aussi s’assurer que leurs partenaires externes respectent les mêmes standards. Cela nécessite une approche collective et une collaboration fondée sur des accords de responsabilité partagée, garantissant la transparence et la gestion
claire des risques.
Formaliser la responsabilité partagée : une étape clé pour sécuriser les données
Un accord de responsabilité partagée définit clairement les rôles et obligations de chaque partie dans la protection des données. Ce type de contrat est crucial dans des environnements comme le Cloud ou le SaaS, où la multiplicité des parties prenantes complique la répartition des responsabilités. Un accord mal défini ouvre la porte aux confusions, voire aux abus. Ainsi, une négociation rigoureuse est nécessaire pour s’assurer que les termes de l’accord sont équilibrés entre les différentes parties prenantes. Ces accords doivent également être régulièrement mis à jour pour rester conformes aux nouvelles régulations et à l’évolution du secteur technologique. En France, les autorités reconnaissent leur importance, notamment dans le secteur des logiciels et de l’intelligence artificielle (IA). Ainsi, l'InterCERT France recommande d'inclure des clauses de responsabilité pour les éditeurs de logiciels en cas de failles de sécurité, afin de garantir que les fournisseurs respectent des normes de sécurité strictes.Les avantages stratégiques d’un accord de responsabilité partagée
Un tel accord présente plusieurs bénéfices pour les entreprises. Il permet de limiter les risques de compromissions de données et d’en atténuer les conséquences. Un accord bien rédigé encourage les parties prenantes à faire preuve de diligence et à identifier les vulnérabilités dans la chaîne de protection des données. Il facilite également la gestion de crise en cas de compromission, notamment en matière de perception publique. En effet, ces attaques peuvent nuire gravement à la réputation d’une entreprise, notamment celles cotées en bourse, pour lesquelles la confiance publique est cruciale. Une réponse coordonnée à ces crises, définie à l’avance dans un accord, est essentielle pour préserver la réputation de l'entreprise.Comment élaborer un accord de responsabilité partagée efficace ?
Pour les entreprises qui n’ont pas encore mis en place un tel dispositif, le premier réflexe doit être de s’appuyer sur l’expérience collective. Les communautés professionnelles– notamment celle des RSSI – sont particulièrement actives et ouvertes au partage de bonnes pratiques, via des forums, des groupes de discussion ou des tables rondes. Ces échanges offrent un retour d’expérience précieux sur les pièges à éviter et les mécanismes qui fonctionnent réellement sur le terrain.
Les services juridiques, de plus en plus sensibilisés aux enjeux de cybersécurité, constituent également un appui stratégique. Ils peuvent proposer des cadres contractuels solides, en cohérence avec la réglementation en vigueur et adaptés aux spécificités de votre secteur.
Autre piste souvent négligée : l’analyse des accords déjà mis en place par d’autres entreprises du même domaine. Étudier leurs succès comme leurs échecs permet de gagner du temps et de bâtir un accord plus pertinent.
Enfin, faire appel à un tiers indépendant peut s’avérer judicieux. Un regard extérieur – à la fois neutre et expert – aide à identifier les angles morts, à équilibrer les responsabilités et à s’assurer que chaque partie reste alignée sur les véritables enjeux opérationnels
et juridiques.
Rendre les risques visibles pour mieux les maîtriser
L’objectif d’un accord de responsabilité partagée n’est pas d’éliminer tous les risques, mais de les rendre explicites, traçables et assumés par les bonnes parties. Dans un environnement numérique où les partenaires et fournisseurs se multiplient, l’ambiguïté est un terrain fertile pour les vulnérabilités.En définissant clairement les rôles et responsabilités de chacun, l’accord devient un outil stratégique de pilotage de la cybersécurité. Il renforce la transparence, favorise la coordination et permet de bâtir une protection collective plus robuste. Parce qu’en matière de sécurité, la responsabilité ne se délègue pas à moitié : elle s’organise, se documente
et se partage.
Par Chris Novak, Managing Director of Cyber Security Consulting chez Verizon