La sécurité et la fiabilité des infrastructures énergétiques sont devenues des préoccupations majeures en France, particulièrement dans un contexte marqué par l'augmentation des attaques et des événements climatiques extrêmes. Ces dernières années, des incidents significatifs tels que des cyberattaques contre des installations critiques et des tempêtes dévastatrices ont mis en lumière la vulnérabilité du réseau électrique.

Avec plus de 3 200 postes de transformation et des milliers de kilomètres de lignes haute tension, la protection et la maintenance rigoureuses de ces infrastructures sont essentielles pour garantir une fourniture d'électricité continue et fiable. Ces défis soulignent l'urgence de renforcer les mesures de sécurité et de résilience du réseau électrique français.

Menaces géopolitiques, catastrophes naturelles et sabotages potentiels

Les sous-stations jouent un rôle crucial dans le réseau électrique, servant principalement à connecter et déconnecter les générateurs, les équipements et les circuits, ainsi qu'à mesurer et ajuster les niveaux de tension. Bien que leur taille varie, allant de petites installations rurales à de grandes sous-stations urbaines desservant de nombreux clients, toutes ces infrastructures sont vulnérables à diverses menaces.

Selon l’ANSSI, dans le contexte géopolitique actuel tendu, des acteurs malveillants pourraient être « incités à s’introduire et à se maintenir sur des réseaux d’importance critique, notamment des secteurs de l’énergie, des transports et de la logistique », potentiellement en vue de conduire des opérations ultérieures de sabotage. Bien qu’aucune opération de sabotage n’ait été détectée sur le sol français, des codes destructeurs continuent d’être employés pour cibler des entités ukrainiennes.

En effet, entre mars et mai 2024, les attaques des forces armées russes à l’encontre des infrastructures énergétiques essentielles ukrainiennes ont causé des dommages considérables, entraînant des coupures d'électricité massives et affectant des millions de personnes. Elles ont également eu des effets en cascade sur l'eau, la connectivité mobile et les transports publics.

Les catastrophes naturelles comme les tempêtes et les inondations peuvent aussi causer des pannes majeures. Par exemple, en 2023, la tempête Aurore avait provoqué des coupures d'électricité affectant des milliers de foyers. Il en est de même pour la tempête Ciarán, qui avait causé des dégâts importants sur les lignes à haute tension, provoquant des coupures de courant majeures et obligeant à des réparations prolongées.

Enfin, il convient de noter que les actes de vandalisme sont en hausse, avec une moyenne de 70 incidents par mois en 2023. Ces actes incluent souvent la destruction de câbles de fibre optique et de réseaux de cuivre, entraînant des interruptions de service et des coûts de réparation élevés.

Protection des services réseaux critiques et implications des pannes sur la distribution d'énergie

Les sous-stations de distribution, souvent situées dans des zones reculées, jouent un rôle essentiel dans la distribution d'électricité aux clients résidentiels et commerciaux. Elles dépendent de services d'application réseau pour assurer des communications vitales, notamment via des systèmes technologiques opérationnels (OT) comme le SCADA (Supervisory Control and Data Acquisition) et les réseaux distribués. Ces services soutiennent également les communications vocales via VoIP (Voice over Internet Protocol) et les protocoles de signalisation d'appel comme le SIP (Session Initiation Protocol).

Les applications de lecteurs de codes-barres et de cartes sont utilisées pour autoriser l'accès des employés, tandis que les caméras de surveillance périmétrique enregistrent et transmettent des vidéos numériques, contribuant ainsi à la protection contre le vol. La combinaison de menaces naturelles et humaines a intensifié la nécessité de protéger les performances et la disponibilité des réseaux et des applications des sous-stations.

C’est pourquoi les dysfonctionnements de ces services critiques peuvent avoir des conséquences graves. En effet, les ralentissements et les pannes des systèmes SCADA et DNP3, par exemple, perturbent la distribution d'électricité, affectant directement les clients. Les problèmes de vidéo numérique quant à eux, sont susceptibles de compromettre la qualité des images de surveillance, tandis que les défaillances des services de communication vocale ou des systèmes d'accès peuvent empêcher les employés d'entrer dans les installations ou de passer des appels. Ces interruptions se traduisent rapidement par une mauvaise qualité de service, des coûts supplémentaires, une productivité réduite, des pertes de revenus, des problèmes de conformité réglementaire et des dommages
à la réputation.

Pour atténuer ces risques, la surveillance des performances des applications et l'analyse de l'expérience utilisateur sont essentielles. Elles permettent aux compagnies d'électricité de détecter précocement les problèmes émergents et d'identifier rapidement la racine des dysfonctionnements. Ainsi, même en l'absence d'employés sur place, il est possible d'assurer une remédiation rapide et efficace des problèmes, garantissant la fiabilité et la sécurité des infrastructures énergétiques.

La sécurisation des sous-stations et des infrastructures énergétiques en France est cruciale face à des menaces croissantes. Les récents événements montrent que les efforts pour protéger ces installations et leurs services critiques sont indispensables pour maintenir une fourniture d'électricité stable et fiable, essentielle au quotidien des foyers
et des entreprises.

Par Daniel Crowe, Vice-président France & Europe du Sud chez NETSCOUT