Pénurie de semi-conducteurs
Depuis plusieurs mois, la pandémie de Covid-19met en exergue les faiblesses de fonctionnement d’une chaîne d’approvisionnement mondiale qui n’était absolument pas préparée à gérer « l’exceptionnel ».
Les secteurs de l’industrie, du jeu vidéo en passant par celui de l’automobile, font face à une pénurie majeure de puces électroniques, présentes aujourd’hui dans la majorité de nos équipements.
Faute de pouvoir s’approvisionner en semi-conducteurs, des chaînes entières de production sont gravement ralenties, entrainant des retards chez les fournisseurs se répercutant au niveau du consommateur qui, quant à lui, fait face à des rayons vides ou subit de significatives augmentations des prix.
Une telle situation de pénurie aurait pourtant pu être évitée, ou au moins minimisée.
En effet, aujourd’hui encore, la plupart des industries s’appuient sur des chaînes d'approvisionnement ayant recours aux prévisions traditionnelles de la demande. Ces données « prévisionnelles », bien qu’efficaces dans une situation dite normale, sont par définition inexactes (elles se rapprochent de l’exactitude, mais ne peuvent pas l’atteindre).
La pandémie de Covid, situation exceptionnelle, a montré les limites de l’inexactitude de ces données. Elle montre combien les prévisions ne doivent pas seulement se faire en fonction de la future demande vraisemblable, mais aussi – et désormais et de plus en plus –en fonction de l’incertitude, de l’inhabituel, voire de ce qui pourrait arriver de catastrophique.
Ce que nous apprend la crise du Covid, c’est qu’il faut être en mesure de prévoir et évaluer non pas la future demande, mais à quel point il est possible de se tromper. En d’autres termes : planifier les besoins sur l’incertitude, en se posant systématiquement la question « Et si … ? ».
Ce qui devient incontournable, c’est de savoir comment gérer l’incertain, pour anticiper et avoir la plus grande agilité possible face aux crises à venir. Parce qu’en réalité, au-delà des pénuries de semi-conducteurs que nous connaissons actuellement, bien d’autres pénuries sont à venir.
Pourquoi la pénurie de puces électroniques doit nous mettre la puce à l’oreille ?
La pénurie de puces électroniques n’est pas un évènement isolé. Des pénuries de bois et d’autres matériaux de construction sont déjà en cours, entraînant des retards de livraison et une flambée des prix. Selon les professionnels de la filière bois, les tensions rencontrées dans ce secteur sont sans précédent. Sur certaines opérations des surcoûts atteignent jusqu’à 10%, là où les marges ne sont parfois que de 3 à 4% pour ces professionnels.
Raisons pour lesquelles, et tous secteurs confondus, il est nécessaire de faire ses prévisions par rapport aux incertitudes du marché et de l’approvisionnement.
Pour une chaine d’approvisionnement fiable et optimale, l’imprévu devient l’un des facteurs centraux dans le calcul des prévisions. Comment dès lors, intégrer la planification de la production au processus de planification de la chaîne d'approvisionnement ?
Prévoir les stocks pour optimiser l’approvisionnement
Pour être efficace, il est nécessaire de concevoir vos prévisions permettant de s’adapter rapidement, voire en temps réel, aux changements du marché. Cette adaptation rapide repose sur une approche de prévisions probabilistes. Ces dernières tiennent compte de l’incertitude, reconnaissent le risque d’erreur et indiquent la probabilité que ce risque survienne.
Les prévisions probabilistes optimisent l’efficacité de la chaine d’approvisionnement et permettent d’atteindre, entre autres, des niveaux de stock optimisés.
Aussi, les industries ne doivent plus seulement avoir recourt à des calculs basés sur une prévision déterministe traditionnelle. Elles doivent se concentrer sur l’incertain, sur la variabilité du monde réel et intégrer, à l’aide d’outils performants, cette approche prévisionnelle à la planification de leur production.
L’incertain n’est plus accidentel, il fait partie du quotidien et doit être une des composantes centrales du calcul dans l’approvisionnement de la chaine, tout simplement parce que les statistiques traditionnelles ne peuvent pas anticiper les crises majeures qui caractérisent le monde d’aujourd’hui et de demain.
Par Mounira Nouasria, directrice des ventes Europe Centrale chez ToolsGroup