Afin de répondre aux attentes des usagers et des entreprises mais aussi s’adapter de façon plus rapide au changement, les administrations publiques doivent entamer la modernisation de leurs services. Pour encourager l’innovation tout en évitant les risques, elles ont la possibilité de s’appuyer sur les principes de l’open source. Cependant, la mise en place d’une culture ouverte est essentielle pour un tel projet.
La modernisation de l'administration publique suppose de déployer des logiciels exploitant des normes ouvertes et développés de façon collaborative sous licence open source. Le code source ouvert est soigneusement et automatiquement examiné lors de chaque nouveau déploiement, permettant ainsi d'accélérer la détection puis la correction des erreurs. Cela permet d’assurer constamment l’optimisation tout en accélérant les cycles d'innovation. Si les systèmes propriétaires demandent d’attendre que les mises à jour et les nouvelles versions soient disponibles, il n’en est pas de même pour l'administration de solutions open source. Tous les prestataires de services peuvent mettre en œuvre les fonctionnalités souhaitées par les administrations. Cette option permet la réduction de la charge de travail et, du même coup, la réduction des risques pour les services informatiques des organismes publics.
Dans l’optique d’accompagner la transformation numérique des collectivités territoriales en France, 37,5 millions d'euros leur ont été accordés pour permettre la mise en place d’outils numériques communs à toutes. Le montant total de ce plan en trois étapes devrait atteindre 88 millions d'euros en 2022.La démarche de transformation concerne plus particulièrement les projets favorisant l’open source. Les pouvoirs publics et autres institutions sont alors encouragés à se tourner davantage vers l’exploitation de solutions en accès libre, en raison de ses nombreux avantages mais aussi par souhait politique.
Ne pas contraindre l’innovation au sein des administrations
Si l’innovation dépend en partie des offres de logiciels libres, elle nécessite aussi l’instauration d’une culture ouverte dans les entreprises et les institutions publiques. Pourtant, appliquer ce facteur présente de réels obstacles comme la rigidité des procédures, le cloisonnement des responsabilités et la rigidité des liens hiérarchiques. Ces derniers empêchent souvent la mise en place de nouveaux projets par les responsables. De ce fait, il est nécessaire pour les environnements des organismes publics que l'ouverture, la collaboration, l'inclusion, la transparence et la confiance, formant les principes fondateurs de l'open source, deviennent des préceptes fondamentaux.
Présenter une culture d'entreprise ouverte permet la création d’une organisation plus agile favorisant les rapports horizontaux, dans laquelle les employés ont la possibilité de se regrouper en équipes, groupes de travail ou autour d’un projet pour expérimenter. Stimuler l'innovation passe d’ailleurs par cette marge de liberté. Pour aller encore plus loin, la remise en cause de systèmes existants est nécessaire pour laisser libre cours à des idées novatrices, y compris celles semblant fantasques au départ. Il faut donc instaurer une culture autorisant, voire encourageant, à penser de manière différente ou à exprimer des critiques constructives. Les individus ont d’ailleurs plus tendance à partager des idées originales quand celles-ci ne sont pas rejetées par les hauts dirigeants.
L’open source : le chemin à suivre pour le secteur public
Grâce à l'open source, les organisations du secteur public peuvent atteindre leurs objectifs en collaborant pour former une communauté. En travaillant toutes ensembles sur des projets et des initiatives, elles peuvent faire progresser les domaines clés de l’administration. Elles devraient d’ailleurs tirer parti d’une telle expérience partagée pour leurs projets actuels et futurs. C’est un modèle de réussite témoignant à la perfection de la valeur du modèle open source qui privilégie la collaboration entre des communautés distribuées dans le secteur public. De nombreuses équipes ont d’ailleurs découvert et adopté localement de nouvelles solutions développées dans d'autres régions. Par ce processus, une communauté de spécialistes voit le jour : elle se fait beaucoup plus large et s’intéresse au développement de services numériques nouveaux pour le secteur public. Les spécialistes s’unissent pour participer au développement d’un code pouvant être adapté et renforcé pour faire face aux exigences spécifiques du secteur public, prenant l’aspect d’un logiciel open source de qualité professionnelle.
L’informatique et les développeurs ne sont pas les seuls concernés par l’open source: c'est également le cas de la société civile, des fonctionnaires, des responsables politiques et des décideurs. L’open source assure un processus plus global dont les entreprises et la société bénéficient directement. Comme en témoignent le plan de relance de l’UE et les plans de soutien nationaux comme celui actuellement mis en place en France, le secteur va sans doute être amené à évoluer considérablement durant les prochaines années. Les acteurs publics pourraient bel et bien devenir des « perturbateurs numériques » en misant sur l’innovation et en adoptant l’open source. Ils pourraient alors devenir des acteurs directs de la création de solutions, de normes ouvertes, voire d’une législation numérique nouvelles. Les administrations avantagées sont celles utilisant déjà des solutions open source et proactives au sein des communautés. Elles seront sans doute les premières à instaurer la souveraineté numérique.
Par Thomas Belarbi, responsable stratégie et développement secteur public chez Red Hat