L’adoption croissante des standards de la technologie informatique dans l’industrie, une tendance désignée sous le terme de convergence IT/OT, reflète une évolution bien plus profonde, initiée par la volonté de bénéficier de l’écosystème informatique pour intégrer les technologies cognitives. Que ce soit dans l’utilisation de la data et de l’intelligence artificielle, ou encore dans les questions de durabilité et responsabilité sociétale, l’industrie fait sa mue. Cette fusion vise à optimiser la production, la gestion des ressources, et la prise de décisions à l’aide de technologies cognitives comme l’intelligence artificielle, le big data et l’analytique.
Historiquement, les systèmes IT et OT étaient séparés. Les systèmes IT, orientés vers la gestion des données et des processus, étaient utilisés pour gérer les aspects financiers, logistiques ou administratifs des entreprises, tandis que les systèmes OT se concentraient sur la supervision et le contrôle des équipements industriels, tels que les automates programmables industriels (API) et les systèmes de contrôle-commande. La convergence de ces deux mondes permet aujourd’hui de tirer parti de l’énorme quantité de données générées par les systèmes OT pour améliorer l’efficacité opérationnelle via l’analyse prédictive, l’automatisation avancée, et la maintenance prédictive.
Les PME en retrait, malgré une avancée de la maturité
L’édition 2024 du Baromètre Wavestone de l’Industrie 4.0 interroge la maturité des industries françaises (des petites entreprises jusqu’aux grands groupes) sur les principaux enjeux du secteur. L’étude a été menée durant l’été 2024 auprès d’un panel de clients de Wavestone, France Industrie, la French Fab et le Hub France IA. Ce questionnaire a été complété par des témoignages qualitatifs.D’après ses conclusions, la maturité globale est contrastée, avec de grands écarts entre les PME et les grands groupes. Globalement, la maîtrise des solutions Industrie 4.0 ne cesse de progresser avec désormais 66 % d’entreprises matures, soit 8 % de plus par rapport à 2023. Paradoxalement, si près d’un quart (22 %) des répondants observe un ralentissement dans la mise en œuvre de projets industrie 4.0, un autre quart (25 %) estime au contraire que le contexte économique complexe actuel a permis d’accélérer les investissements de projets Industrie 4.0 à visée ROIste.
Face à cette conjoncture défavorable, les projets Industrie 4.0 font l’objet d’une sélection plus stricte que lors des années précédentes, favorisant les initiatives qui génèrent un retour sur investissement significatif : 40 % des projets Industrie 4.0 visent à optimiser la performance industrielle. Cependant, les PME peinent à suivre la cadence des grandes entreprises en raison de leur capacité limitée à absorber les coûts initiaux de ces projets, en particulier les coûts de remplacement des logiciels de gestion devenus obsolètes. En effet, seuls 21 % des industriels interrogés estiment que leur infrastructure existante est capable de supporter complètement les projets de transformation numérique (une baisse de 6 % depuis 2023).
L’IA et la gestion des données au cœur des enjeux
En plus des préoccupations d’intégration, le rapport pointe les préoccupations et les initiatives qui se déplacent pour mettre davantage l’accent sur la gestion des données : 77 % des répondants se déclarent matures sur leur data management, soit une évolution de 24 % par rapport à l’an dernier. Les compétences en management de la donnée, en somme les SI de gestion et d’exploitation, sont majoritairement internalisées (79 %), car ils nécessitent une maîtrise du domaine fonctionnel et une compréhension fine du métier.L’enjeu principal pour les industriels est d’assurer le contrôle des processus par intelligence artificielle : 81 % des industriels maîtrisent suffisamment leurs données pour pouvoir les exploiter avec l’IA. Cependant, les projets d’exploitation de la donnée faisant appel à l’IA générative restent anecdotiques : seulement 1 % des industriels interrogés ont implanté la GenAI dans leurs processus. Du côté des grands groupes industriels, ils sont 36 % à être parvenus au stade de l’expérimentation de processus incluant l’IA générative, contre seulement 10 % pour les PME et ETI.
RSE : le passage à l’action s’accélère
Les enjeux RSE sont de plus en plus pris au sérieux par les industriels, qui sont désormais 44 % à avoir entamé le déploiement de leurs plans d’actions RSE (14 % de plus par rapport à l’an dernier), et c’est encore plus vrai pour les grands groupes (50 %). Cela se constate également sur les projets de pilotage des ressources, avec une hausse de 8 % de déploiement de solutions pour mesurer l’impact carbone des industriesou la consommation énergétique.
Particulièrement stratégique, notamment à la suite de l’inflation sur les prix de l’énergie, le pilotage de la consommation énergétique est un enjeu majeur. Désormais, 69 % des entreprises sont en train de déployer des solutions de suivi de leur consommation. Ce chiffre se monte même à 90 % si l’on parle des grands groupes.