Notre dernier jour sur la Silicon Valley s'est déroulée à… San Francisco. Avec de très belles rencontres : Jut qui a relevé le challenge de connecter les données ; une pure start-up à l'ancienne, CoreOS, qui réunit Linux et les containers ; et le vétéran Avere, qui optimise la performance du NAS.

La Silicon Valley est généralement la référence lors de l'évocation des start-ups et des entreprises IT américaines. C'est oublier que la plupart d'entre elles sont nées ou ont commencé à exercer leur activité à quelques kilomètres de là, à San Francisco. C'est là que nous ont reçues les deux dernières start-ups que nous avons rencontrées lors de ce 15ème IT Press Tour consacré aux acteurs IT de la donnée, et un acteur plus ancien tourmenté par la performance du stockage NAS.

Jut

Au sein de l'écosystème des start-ups, il est des visages qui reviennent régulièrement sur le devant de la scène. Steve McCanne est de ceux-là. Avant de fonder Jut et d'en devenir le CEO, il a créé Riverbed et FastForward Networks, deux start-ups qui ont grandi, grandi, grandi... jusqu'à dépasser chacune le milliard de dollars de chiffre d'affaires, et accessoirement (!) de faire sa fortune. Voilà qui renforce notre intérêt pour Jut…

Créée en 2013, Jut nous a reçu dans ses locaux, un étage d'un immeuble ancien en plein centre d'affaires de San Francisco. Ayant levé 23 millions de dollars en fonds de série B, la start-up a les moyens d'afficher son ambition, et ne la cache pas. Son objectif est d'apporter une réponse aux organisations qui sont à la recherche d'une place unique pour opérer toutes les données. « Nous suivons l'évolution des entreprises vers les entreprises de logiciels et aujourd'hui vers les entreprises de données », nous a indiqué Steve McCanne. Face aux entreprises qui font l'acquisition de solutions différentes pour traiter chaque problématique qu'elles rencontrent, et ainsi continuent de créer des silos, Jut s'est soumis au challenge de connecter les données. Sans créer une plateforme analytique de type Big Data complexe (Hadoop, Spark, Cassandra…) ou en les exploitant de manière transparente. D'ou l'idée d'unifier toutes les opérations dans une démarche Operations Data Hub.

Pour cela, Jut s'appuie trois modules :

  • Un moteur de données basé sur dataflow, qui adopte la forme de l'associaition de Cassandra et ElesticSearch, avec une vision structurée Json.
  • Un langage de dataflow nommé Juttle, déclaratif de scripting, pour l'analytique et la visualisation, qui s'imspire du modèle Spark (sans le supporter).
  • Un module d'optimisation reposant sur des technologies Big Data Open Source.

La démonstration qui nous a été donnée s'est révélée bluffante. La solution permet de séparer les process du rollout entre le déploiement et les utilisateurs, afin d'obtenir une visibilité interne de ce qui se déroule, sans dépenses en ressources d'ingénieurs. On regrettera cependant l'absence d'un backend, en cours de développement, qui réserve le produits aux développeurs et aux DevOps « qui cherchent à briser les silos et à comprendre la masse des données. Nous apportons aux non-utilisateurs de la visibilité sur ce qui est en production et pour la partager, avec une vision d'analyste. C'est un nouveau concept, donner de visibilité sur ce qui se déroule dans un environnement, ce qu'il se passe avec le code, comment se connectent les utilisateurs, etc. ». Déjà séduisant dans l'état, Jut est une solution, proposée en mode SaaS Hybrid - avec en local les données et Jut Data Engine, et l'application dans le cloud - avec une tarification unifiée au volume de requêtes, et gratuit pour l'Open Data. Et demain ? Les développeurs de Jut portent une stratégie de construction d'applications au dessus du langage Juttle…

CoreOS

Nous quittons le centre d'affaires de San Francisco pour rejoindre sa banlieue Sud et CoreOS. Le contraste est flagrant, au point de nous faire presque plonger dans une image d'Epinal de la start-up américaine. Basée dans un immeuble typique en bois, avec une façade à la largeur réduite et un bâtiment qui s'étire en longueur, CoreOS occupe les étages au dessus d'un magasin, et le sous sol brut, dont un coin a été aménagé avec de vieux canapés, fauteuils et coussins, où Alex Polvi, le fondateur et CEO, nous reçoit. Il n'en est pas à son coup d'essai, CoreOS fait suite à CloudKick, acquise par l'hébergeur Rackspace, qui avait débuté… dans un garage ! Ou quand la réalité rejoint la légende. Créée en 2013, CoreOS a levé 20 millions de dollars en provenance de fonds aussi prestigieux que Andressen Horowitz, Sequoia Capital, KPCB, ou Google Venture. Mais attention, il est hors de question de bruler du cash inconsidérément. C'est pourquoi, la start-up a évité la Silicon Valley et le centre de San Francisco, trop chers, pour s'installer dans la banlieue de SF.

« Notre mission est de sécuriser Internet et les infrastructures serveurs, d'aider les entreprises à piloter leurs infrastructures dans le 'new way', les infrastructures distribuées, le cloud, etc. Et pour cela nous séparons l'infrastructure de l'application sur le cluster ». Facile a énoncer, mais tout aussi facile à résumer : CoreOS est un système d'exploitation open source qui réunit Linux et les containers ! Un projet bien dans l'air du temps (le new way), et opportuniste. Les containers font l'actualité depuis quelques temps, avec la start-up française Docker. « Le container devient un standard partagé, mais ses utilisateurs ont besoin connaître les spécifications de la boite pour maitriser et optimiser Docker », constate Alex Polvi. C'est pour résoudre cette difficulté que CoreOS rend la technologies des containers plus accessible, en développant dans un premier temps le projet en version open source. La version commerciale, Tectonic, associe CoreOS et Kubetes de Google, afin d'assurer une meilleure exécution des Linux Containers, un choix présenté comme « l'équivalent d'un Cloudera sur les environnements distribués ». Deux autres projets open source complètent CoreOS : 'rkt' (prononcer roquette) sur la sécurité et 'etcd' pour simplifier la protection des machines distribuées (data store), avec chacun sa communauté. Nous n'en verrons pas plus, CoreOS s'adresse à des spéialistes qui vont manipuler le code de la version open source. Quel avenir pour CoreOS ? Alex Polvi ne s'épanchera pas sur le sujet, mai un rachat par un Google, un Amazon, voire un IBM est probablement envisageable. Ce qui lui laissera alors de loisir de créer sa troisième start-up…

Avere

C'est dans un immense hôtel à proximité de l'aéroport de San Francisco qu'Avere nous reçoit, en compagnie de Ron Bianchini, son sympathique CEO. Basée à Pittsburg, la société n'est pas nouvelle et a depuis longtemps abandonné son statut de start-up. En revanche, sa technologie mérite toute notre attention. « Notre mission est de ré-inventer le stockage avec le cloud hybride, en associant le legacy NAS au cloud public et privé, avec un focus sur la performance, mais pas sur le volume ». Plus concrètement, Avere vient placer des appliances de cache Flash à l'intérieur du stockage de données NAS, et entre ce dernier et les utilisateurs distants, pour accélérer la performance de l'accès aux données avec un facteur démontré de 50:1, et une sécurité augmentée avec les fichiers écrits 3 fois, un en cache et sur 2 clusters.

Avere a développé des appliances physiques, et également virtuelles, qui embarquent une architecture propre, Edge-Core, basée sur de la mémoire Flash pour la performance, avec son système d'exploitation AOS, aujourd'hui en version 4.5, son propre filesystem, les protocoles NFS et Microsoft SMB, et le support de support de NetApp (NFS), Isilon (NFS), EMC Atmos (NFS), et les API AWS S3, Google S3, et Cleversafe/Amplidata. « Notre solution permet à nos clients de faire face aux grands acteurs qui cherchent à vendre leurs modèles haut de gamme, qui rapportent le plus de marge », commente Ron Bianchini. Qui est particulièrement fier de la dernière version d'AOS, qu'il qualifie de « cloud compute ». Ses nouvelles fonctionnalités - lien Avere client garanti NAS, support de plus d'appliances physiques, de l'uplink cloud storage, etc. - en fait un produit pour le stockage avec le cloud hybride, et une réponse à l'explosion du cloudbursting. Pour les nombreuses organisations qui entendent demeurer fidèles au stockage NAS (le volume de données), Avere s'affiche comme une puissante option d'optimisation de la performance. A prendre en considation par les responsbles du stockage.