Malgré les aides des gouvernements, la pandémie du Covid-19 aura des répercussions profondes et durables sur les marchés des technologies de l’information et des communications. Quelles que soient les issues, elles s’accompagneront d’un réveil économique difficile.
Le Covid-19 a fait une irruption aussi soudaine qu’imprévue dans une économie mondiale en pleine croissance avec des investissements florissants et facilités par l’abondance de liquidités et la facilité des échanges mondiaux de toutes sortes : monétaires, commerciaux... L’impact de la pandémie sera durable et profond sur tous les marchés et les secteurs de l’économie. Paradoxalement, et comme les suppliants des pièces de théâtre antiques, les états espèrent le salut d’un secteur qu’ils ont longtemps accusé de dilapider l’argent du contribuable : le secteur de la santé. Après des années de serrage de ceinture, c’est le seul secteur qui devrait bénéficier d’une attention particulière et de lignes budgétaires illimitées, tant que durera la pandémie.
Pour les autres secteurs, notamment celui des services informatiques, l’impact sera « profond, immédiat et durable », explique Globaldata. « Bien qu’il y ait un potentiel de hausse dans la plupart des secteurs, il y a peu d’optimisme pour les services informatiques », déclare le cabinet d’analyse. L’arrêt brutal subi par l’économie mondiale pendant des mois est un véritable stress-test grandeur nature. De nombreuses entreprises ne survivront pas à la baisse significative de leurs revenus, à la rupture des chaînes d’approvisionnement. La redirection des investissements des entreprises clientes dans la remise en état de l’appareil de production et la reprise progressive des services et des processus retarderont d’autant la reprise lorsque la pandémie sera finie.
Une croissance à la baisse, mais y aura-t-il croissance ?
Pour IDC, les prévisions de croissance du marché des TIC s’effondrent de moitié pour 2020. Le cabinet d’analyse prédit que cette croissance passera de « 2,8 % à 1,4 %, par rapport aux prévisions de décembre 2019, à mesure que la crise s’infiltrera dans pratiquement toutes les économies européennes ». Et ce n’est qu’une évaluation, car « il est encore tôt pour évaluer pleinement le tableau global de l’impact sur les TIC en Europe », déclare Thomas Meyer, directeur général et chercheur en GVP chez IDC Europe.
En effet, la remise en état opérationnel des chaînes d’approvisionnement retardera d’autant le déverrouillage des échanges et la remise en place des chaînes de valeur qui en dépendent. L’interruption de l’approvisionnement en équipements d’infrastructure réseau ou de semi-conducteurs par exemple, affecte toute la chaîne qui en dépend. « L’effondrement partiel de la chaîne d’approvisionnement des serveurs affectera grandement les développements futurs de l’industrie, en particulier les PME, qui pourraient être victimes d’un manque de préparation et perdre leur place sur le marché », explique Vincentas Grinius, CEO d’Heficed.
En plus des ruptures internes aux entreprises, et qu’il faudra rétablir rapidement, les ruptures des chaînes de valeur externes, avec la disparition des partenaires les plus fragiles, sera un des retardateurs les plus coriaces de la reprise du fonctionnement normal des secteurs économiques.