Au cours de la dernière décennie, la perception de l’Open source dans les entreprises est passée d’une diminution de la facture logicielle à une flexibilité et un accès à l’innovation. Et ce changement semble s’accélérer, malgré les doutes qui persistent sur le support, la compatibilité, et la sécurité du code.
Le rôle vital joué par le numérique durant l’irruption pandémique et dans les mois qui ont suivi a incité les entreprises d’accélérer le rythme en matière de transformation numérique. Mais ce qu’on met généralement sous l’appellation générique de technologies comporte plusieurs thématiques dont l’Open source est un segment que l’on cite peu dans les études.
Dans son troisième rapport annuel Red Hat State of Enterprise Open Source 2021, Red Hat a justement scruté les performances sur le marché de ce segment en 2020. L’éditeur a interrogé 1 250 responsables informatiques d’entreprises de 13 pays, dont la France. Les répondants ont donné leur avis sur l’état actuel et futur de l’Open source dans les entreprises ;comment les entreprises utilisent l’Open source pour moderniser leur informatique, et quels sont les avantages qui en découlent et les obstacles perçus ?
L’intérêt pour l’Open source ne se dément pas selon le rapport. Paul Cormier, PDG de Red Hat, souligne le rôle moteur de l’Open source dans l’innovation informatique. « L’Open source s’est imposé comme un moteur d’innovation pour l’industrie du logiciel, explique-t-il. Les tendances technologiques que vous voyez changer notre façon de travailler et de faire des affaires sont nées dans l’entreprise Open source - Linux, le cloud computing, l’Edge computing et l’Internet des objets (IoT), les conteneurs, l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine, et DevOps ».
Trois domaines d’utilisation de l’Open source
Selon Red Hat, 90 % des responsables informatiques interrogés utilisent aujourd’hui l’Open source en entreprise. Pour la troisième année consécutive, la modernisation de l’infrastructure est la principale utilisation des logiciels libres d’entreprise. En outre, 64 % des personnes interrogées le citent désormais comme l’une des principales utilisations, contre 53 % il y a deux ans. Cette popularité continue n’est pas vraiment surprenante. « Linux et d’autres infrastructures ouvertes comme les serveurs web ont longtemps été utilisés pour remplacer les alternatives propriétaires », explique le rapport. Un domaine spécifique de l’infrastructure à source ouverte qui a connu un pic de popularité cette année est la mise en réseau, qui est passée de 36 % il y a deux ans à 54 % cette année.
Deux autres utilisations que la plupart des répondants ont citées sont peut-être moins évidentes. La deuxième utilisation la plus citée est le développement d’applications. Avec 54 % des répondants, cet usage reste en deuxième position depuis notre première enquête. Ce résultat est significatif, car les applications sont de plus en plus le moteur des organisations ; elles sont à la base de nombreux services générateurs de revenus fournis aux clients.
Enfin, en troisième position vient la transformation numérique avec 53 % des répondants. « Le passage au travail à distance a obligé de nombreuses organisations à accélérer leurs efforts de transformation numérique pour maintenir l’innovation et continuer à répondre aux demandes des clients. Il est donc logique que cette année, elle soit passée dans le trio de tête », explique le rapport.
Une adoption qui augmente, mais des obstacles persistent
L’utilisation de l’open source par les entreprises, tant pour le développement d’applications que pour la transformation numérique, a augmenté de 11 points en deux ans. Ceci, selon le rapport, s’explique par le fait que les deux sont étroitement liés, car les nouvelles applications constituent une part importante de la transformation numérique. Prises ensemble, elles montrent clairement que les entreprises utilisent l’open source à des fins stratégiques, et pas seulement pour la « plomberie » des infrastructures.
Cependant, les obstacles à l’adoption de l’open source par les entreprises n’ont pas beaucoup changé depuis que Red Hat réalise cette enquête. Le rapport explique que, chaque année les mêmes obstacles se retrouvent toujours dans les quatre premières places : préoccupations concernant le niveau de support, la compatibilité, la sécurité du code et le manque de compétences internes. Cette année, les préoccupations relatives à la sécurité ont chuté de la première à la troisième place, et le questionnement sur le support a augmenté pour prendre sa place. Cependant, le nombre total de répondants qui ont fait part de leurs préoccupations n’a pas beaucoup changé.