Certains effets de la crise sur le numérique étaient totalement imprévisibles, mais assez logiques lorsqu’on y pense. C’est le cas de la prolifération de l’identité numérique qui a connu une poussée jamais vue auparavant.
Après l’irruption pandémique et l’interruption de presque tout contact physique, le numérique est apparu comme la panacée, permettant de continuer ses activités et de rester en contact. Restait à mettre en place les outils de productivité, mais aussi les outils de la confiance à distance, et il ne s’agit pas là de cybersécurité, mais plutôt de garantir son identité. En effet, pour valider les transactions ou signer des accords et des contrats, l’identité certaine des contractants garantit l’authenticité des signatures électroniques ainsi que l’intégrité des données.
Il n’est donc pas étonnant que l’identité numérique ait connu un regain d’intérêt depuis le début de la pandémie. D’après ABI Research, en 2020, la base installée mondiale d’identités numériques de citoyens a atteint 319,1 millions. Elle est ensuite passée à 419 millions en 2021, démontrant une croissance annuelle de 31 %. Plusieurs facteurs expliquent cette progression. Poussé par la distanciation et les gestes barrières, l’usage du smartphone comme plateforme de substitution, permettant des usages sans contact, s’est généralisé. Les gouvernements n’ont pas hésité à utiliser cette base numérique comme support pour les applications de traque des cas contacts Covid.
Le smartphone, la plateforme de confiance
Parallèlement, en France, la nouvelle carte d’identité numérique et biométrique a vu le jour en mars dernier. S’y ajoutera à la carte vitale, au permis de conduire et à la carte grise, aux certificats d’assurance, et aux cartes de transport, entre autres. Aussi, le fait que le smartphone soit devenu, pendant la crise, la plateforme numérique de confiance a permis aux utilisateurs de découvrir les bénéfices de l’identité numérique. Poussée par les gouvernements, la croissance de l’identité numérique était déjà tirée par certains pays en avance.
D’après les chiffres cités par la fondation Ifrap, le groupe de réflexion sur les politiques publiques, 23 pays ont lancé l’identité numérique. En Belgique c’est 100 % de la population qui est en possession d’une carte d’identité numérique, en Estonie 98 % de la population, la Finlande compte 87 % de taux de pénétration, ainsi que le Portugal, les Pays-Bas…
Une croissance soutenue dans les prochaines années
Selon ABI, il y aura un trio d’applications d’identités mobiles qui fourniront une trajectoire de croissance au cours de la période de prévision se terminant en 2026. Les permis de conduire mobiles atteindront 49,6 millions d’identifiants en 2021, grâce au succès de plusieurs projets tels qu’un projet pilote actuellement en cours aux États-Unis. De même, en 2022, le permis de conduire numérique brésilien débutera, avec un bon niveau d’adoption attendu au sein de la population.
Le nombre de cartes d’identité nationales mobiles en circulation atteindra 255,4 millions, ce qui en fait, de loin, la pièce d’identité mobile la plus répandue et qui continuera à dominer la sphère des identités mobiles au moins jusqu’en 2026. Enfin, les justificatifs de santé mobiles ont continué à gagner du terrain en 2020 dans le sillage de la pandémie, avec un programme australien de soins de santé mobiles qui permet aux citoyens de stocker leurs cartes de santé dans un portefeuille numérique.
La modernisation des services publics en dépend
De nombreuses régions tendent à intégrer les soins de santé mobiles avec l’identité numérique (comme en Estonie), ce qui signifie que les chiffres des taux de pénétration peuvent apparaître plus faibles dans certaines régions. En 2020 on comptait6,5 millions d’identifiants de soins de santé mobile, le chiffre est passé à 13,1 millions en 2021.
Alors que la pandémie continue de pousser les gouvernements vers le smartphone comme plateforme pour créer des expériences de service sans contact de bout en bout, le marché de l’identité numérique connaît une progression dans tous ses domaines. Et son usage est encouragé par les gouvernements, car l’identité numérique est fondamentale pour la modernisation des états. Elle permet de développer la dématérialisation des services publics et privés basés sur la confiance.