Chat3D rend publique son moteur de génération 3D, jusqu’ici réservé aux professionnels. Accessible gratuitement sur le Web, cet outil IA transforme texte, image ou croquis en objets tridimensionnels prêts à l’emploi.
Inspirée par le modèle de démocratisation amorcé par ChatGPT dans le domaine du texte, la jeune pousse Chat3D entend ouvrir la création 3D à tous les publics. Fondée en 2023 et soutenue par une levée de fonds de 3 millions d’euros, l’entreprise annonce le lancement officiel d’un service en ligne gratuit de génération 3D, sans compétence technique requise. Derrière cette initiative, un moteur déjà éprouvé dans les secteurs du jeu vidéo, de l’animation et de l’industrie, désormais transposé dans une interface simplifiée à destination des étudiants, enseignants, créateurs ou makers.
Le service repose sur une IA générative capable de convertir une simple description en langage naturel, un dessin ou une photo en modèle 3D exportable. Cette approche promue par Chat3D entend abolir les barrières historiques de la modélisation tridimensionnelle, longtemps confinée à des logiciels complexes réservés aux experts. L’utilisateur peut ainsi générer un objet personnalisable, le télécharger ou l’intégrer dans un environnement numérique, sans passer par une courbe d’apprentissage logicielle. Une offre gratuite donne accès aux fonctions de base, tandis que des forfaits professionnels permettent d’exploiter des options avancées.
Une infrastructure souveraine et conforme au RGPD
Contrairement à d’autres offres issues de plateformes globales, Chat3D revendique une souveraineté technologique complète. L’infrastructure est intégralement hébergée en Europe, et les données d’entraînement sont sélectionnées pour exclure tout contenu à risque ou biaisé. La start-up, labellisée DeepTech et reconnue Jeune Entreprise Innovante (JEI), fait de la conformité au règlement européen sur les données un marqueur différenciateur. Cette posture éthique, selon ses fondateurs, constitue un gage de confiance pour les enseignants, les collectivités, ou les entreprises soucieuses de confidentialité et de conformité.
Le cofondateur Félix Balmonet résume la stratégie de l’entreprise par une analogie explicite : « Nous voulons faire pour la 3D ce que ChatGPT a fait pour le texte. » Cette déclaration traduit une orientation claire vers les usages émergents de l’intelligence artificielle, perçus comme vecteurs d’émancipation créative. En s’attaquant à la 3D, un domaine jusqu’ici peu concerné par la logique de self-service, Chat3D s’inscrit dans une nouvelle génération d’acteurs européens qui entendent reprendre la main sur les chaînes de valeur technologiques. L’interface, accessible en ligne dès à présent, fonctionne en multilingue et vise à élargir les cas d’usage bien au-delà de la France.
Vers une recomposition des usages éducatifs et créatifs
Au-delà du marché professionnel, ce lancement pourrait réactiver des dynamiques dans l’éducation, la formation ou le prototypage rapide. Pour les enseignants, la possibilité de créer des objets 3D à partir d’un simple prompt ouvre de nouvelles voies pédagogiques. Pour les créateurs indépendants ou les designers low-code, l’outil représente un accélérateur potentiel de production.
Reste à observer si cette ouverture au grand public contribuera à structurer un véritable écosystème européen autour de la création 3D assistée par IA. Dans un secteur dominé par des acteurs nord-américains ou asiatiques, Chat3D fait figure d’exception locale à surveiller de près.