Des systèmes encore trop cloisonnés et lents
La majorité des acteurs du retail sont aujourd’hui dotés de systèmes transactionnels solides. Mais sur le plan analytique, ils restent très souvent en retrait. Il est encore courant qu’un réseau de points de vente doive attendre la fin de journée pour obtenir une vision consolidée des ventes, des ruptures ou des comportements clients. Cette inertie freine l’agilité, alors même que le secteur est soumis à des pressions constantes : gestion des stocks en flux tendu, promotions ciblées, pilotage omnicanal, ou encore hyperpersonnalisation de l’expérience client.Dans de nombreuses enseignes, les outils de pilotage sont fragmentés, alimentés par des processus batch ou semi-automatisés. Résultat : une perte de réactivité, une vision partielle des opérations et une incapacité à ajuster les leviers commerciaux en cours de journée.
L’approche objet : un levier de réactivité et de pertinence
Face à ce constat, les solutions de traitement de données orientées objet et en temps réel offrent une réponse structurante. Elles permettent d’associer chaque événement (vente, retour, passage en caisse, clic web, livraison) à un objet métier précis (client, produit, entrepôt, canal, etc.). Ce changement de paradigme permet d’obtenir une lecture continue et contextuelle des opérations, là où les systèmes classiques imposent des décalages temporels et une rigidité structurelle.En rendant les flux de données intelligibles immédiatement, ces outils facilitent le déclenchement d’actions automatisées : réassort, alerte logistique, relance client, personnalisation de l’offre. Les tableaux de bord deviennent dynamiques, les décisions plus pertinentes, et la satisfaction client s’en trouvent renforcée.
Coexistence possible avec les architectures traditionnelles
Contrairement aux idées reçues, ces nouvelles solutions n’imposent pas une rupture brutale avec les systèmes existants. Les plateformes orientées objet peuvent s’intégrer progressivement dans l’architecture des enseignes, en venant enrichir les dispositifs déjà en place. Il devient possible, par exemple, d’exposer de nouvelles fonctionnalités sans modifier les bases relationnelles sous-jacentes.Cette approche modulaire autorise une évolution incrémentale des usages : déploiement progressif de microservices, expérimentation sur un périmètre restreint, adaptation continue des parcours clients. Elle offre aussi la possibilité de maintenir la continuité opérationnelle, tout en accélérant le rythme de l’innovation.
Une mise en œuvre rapide, à condition de collaborer
L’intégration de ces solutions repose sur un prérequis essentiel : la collaboration étroite entre les équipes métier et les équipes IT. Les premiers déploiements peuvent être réalisés en moins de trois mois, à condition que les besoins soient bien formalisés et que les cycles de validation soient courts. L’agilité, ici, ne relève pas seulement de la technologie, mais aussi de la méthode de travail. C’est cette proximité entre les fonctions commerciales, marketing, logistiques et les experts du système d'information qui permet de concevoir des applications évolutives, connectées aux réalités du terrain, et capables d’évoluer au fil des retours d’expérience. Dans un environnement aussi volatile que le retail, cette capacité d’adaptation devient un avantage concurrentiel décisif.L’agilité des acteurs du retail ne dépend plus uniquement de leurs produits ou de leurs canaux. Elle repose désormais sur leur capacité à faire circuler la donnée au bon moment, dans le bon format, auprès des bonnes équipes. Et ce changement, plus que technique, est d’abord culturel.
Par Guy Tsanga Kepeden, Président de Datanexions