De nombreux décideurs du secteur incluant les DSI ont exprimé leurs préoccupations et tenté d’anticiper les effets de cette transition. Plus d’un an après, il est pertinent d’examiner ces questions initiales et d’évaluer dans quelle mesure elles se sont matérialisées.
1 - Des coûts en augmentations pour les clients de VMware sont à prévoir
Vrai. L’une des préoccupations majeures des utilisateurs de VMware concernait l’impact financier de l’acquisition. Ces inquiétudes se sont confirmées. Parmi les changements notables : la suppression des licences perpétuelles, l’introduction de nouveaux seuils minimaux pour les cœurs physiques et la disparition de certaines offres populaires. Selon Forrester Research, ces ajustements ont conduit à des hausses tarifaires pouvant atteindre 700 %, tandis qu’Ars Technica a rapporté des augmentations moyennes de 300 % pour certains clients (Chhabra, 2024 ; Harding, 2024). Face à ces évolutions, de nombreuses entreprises ont dû revoir leurs budgets, parfois en urgence, et repenser leurs stratégies IT, au risque de freiner leurs projets d’innovation.2 - Il y a un allongement du retour sur investissement des infrastructures legacy
Vrai. L’évolution des offres VMware a eu un impact significatif sur les infrastructures de stockage traditionnelles. Certains ajustements dans les configurations et modèles de licences ont eu pour effet d'augmenter les coûts et de rallonger le délai de rentabilisation des serveurs virtualisés. Ces changements poussent de nombreuses organisations à repenser leurs stratégies de virtualisation. Selon le cabinet Gartner, d’ici 2028, 70 % des grandes entreprises auront migré 50 % de leurs charges de travail virtualisées, principalement en raison de ces nouvelles dynamiques économiques3 - Les partenaires du channel vont réduire les investissements de VMware
Vrai. Broadcom avait opté pour un recentrage stratégique en se concentrant sur ses 500 plus grands clients, réduisant ainsi drastiquement son réseau de distribution. 10 000 des 28 000 partenaires VMware ont ainsi été écartés, transformant profondément l’écosystème des revendeurs (Carlisle, 2024). Cette restructuration a poussé plusieurs distributeurs majeurs à revoir leur relation avec VMware. Ingram Micro, deuxième plus grand distributeur technologique, a annoncé qu’il cesserait de supporter VMware à partir du 1ᵉʳ janvier 2025 (Johnson, 2024).4 - L’évolution du modèle VMware Cloud on AWS (VMC)
Ni vrai. Ni faux… pour le moment ! L’arrêt de la commercialisation de VMC par AWS s’est effectivement produit, mais cette décision n’est que la partie émergée de l’iceberg. Sous la direction de Hock Tan, CEO de Broadcom, VMware a opéré un virage stratégique majeur, délaissant progressivement le modèle hybride pour adopter une approche plus cloisonnée, rappelant les datacenters monolithiques des années 1980.Cette réorientation stratégique a exacerbé les tensions avec les hyperscalers, perçus par Broadcom comme des partenaires apportant autant de complexité que de risques financiers. En réaction, Amazon Web Services (AWS) a pris des mesures fortes, non seulement en arrêtant la vente de VMC, mais aussi en intensifiant ses investissements avec des fournisseurs concurrents. Ce différend met en lumière une opposition fondamentale de visions : alors que Broadcom semble privilégier une infrastructure plus centralisée et contrôlée, AWS reste fermement ancré dans une philosophie de cloud ouvert et évolutif. Cette fracture pourrait redéfinir les rapports de force au sein des écosystèmes cloud.
5 - Une évolution rapide du support client VMware
Vrai. L’un des changements les plus significatifs concerne le support client. Les réorganisations internes, la modification de la couverture des revendeurs et la cession de certaines lignes de produits ont profondément transformé l’expérience utilisateur. L’Union européenne a ainsi soulevé des préoccupations concernant les modifications apportées par Broadcom aux licences et au support. Ces évolutions ont entraîné des tensions, notamment avec AT&T, qui accuse Broadcom d’avoir violé son contrat et de l’avoir contraint à acheter Cloud Foundation à un prix 1 050 % plus élevé qu’auparavant.L’acquisition de VMware par Broadcom a donc déclenché une véritable onde de choc dans le secteur IT. Les impacts se font sentir à plusieurs niveaux : augmentation des coûts, restructuration du réseau de distribution, repositionnement des partenaires historiques et tensions croissantes avec les hyperscalers. Dans ce contexte, de nombreuses entreprises cherchent à diversifier leurs stratégies pour limiter leur dépendance à Broadcom et explorer des alternatives plus flexibles.
Une transition qui redéfinit le paysage IT
Plus d’un an après l’acquisition de VMware par Broadcom, il est clair que cette transition a marqué un tournant décisif pour l’industrie du cloud et de la virtualisation. Les décisions stratégiques de Broadcom ont transformé non seulement les relations avec ses clients et partenaires, mais également l’équilibre des écosystèmes technologiques. Alors que les coûts augmentent, que les modèles économiques évoluent, et que les hyperscalers et OEM réévaluent leurs positions, une chose est certaine : cette acquisition a été un catalyseurde changement.
Pour de nombreuses entreprises, ces bouleversements soulignent aujourd’hui l’importance de repenser leurs stratégies IT, en adoptant des approches plus agiles et en explorant des alternatives qui répondent à leurs besoins de flexibilité et de maîtrise des coûts. Plus que jamais, les choix technologiques devront être guidés par une vision stratégique, loin des dépendances historiques, et ancrés dans une quête d’innovation durable. La véritable question désormais est de savoir si l'écosystème aura de nouvelles opportunités avec ce bouleversement.
Par Guillaume André, Directeur France et Afrique du Nord-Ouest de Nutanix
