Quels sont les enjeux IT du secteur de la santé ? Les experts de la direction innovation de Bpifrance, qui soutient fortement le secteur de la santé, les ont définis très simplement : « Soigner mieux en dépensant moins ». Une définition qui a le mérite positionner clairement la mission que s’octroient les acteurs du secteur, répondre aux enjeux de santé publique, pour lesquels il ne peut y avoir d’innovation sans informatique et numérique.

Sur un marché IT estimé à plus de 2.800 milliards de dollars en 2019, IDC a estimé que le secteur de la santé sera le plus dynamique, avec une croissance annuelle de 5,5%.

La dimension des projets de santé est différente des secteurs plus industriels ou commerciaux, avec une particularité unique : alors que l’innovation porte massivement sur une vision du futur, sur les technologies de demain, la santé cible des besoins existants, à la résolution encore insatisfaite. C’est une dimension essentielle, qui repose également sur un existant contraignant, avec des obligations réglementaires fortes, des projets longs et à risques, un secteur public très impliqué mais manquant par trop de moyens, et une démarche fortement capitalistique du secteur privé.

Les enjeux en matière d’innovation sont essentiels. On évoque bien évidemment l’e-santé – les apps mobiles, la bio-informatique, la télémédecine, le suivi des maladies chroniques, la ‘Silver économie’ (personnes âgées), etc. - un domaine qui bénéficie d’une forte médiatisation, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Moins sexy, mais également d’une grande utilité au quotidien, la médecine personnalisée est un leitmotiv commun à la plupart des projets. Les recherches sur les traitements et les nouvelles solutions thérapeutiques, qui restent soumises à un fort taux d’échec, visent principalement à prescrire au patient le traitement qui lui sera le mieux adapté. Tous ces projets visent à améliorer la détection, la prise en charge et le parcours de soin du patient.

N’oublions pas un autre point fort des IT dans la santé, le système d’information. Celui-ci doit également se transformer pour accompagner et supporter les enjeux évoqués ci-dessus. Le DSI se retrouve ainsi en première ligne, avec en plus la mission de trouver de nouveaux modèles économiques pour jongler entre les attentes technologiques et la réduction des coûts qui hante le secteur…

Mais l’innovation en matière de santé ne peut aboutir sans reposer sur les technologies IT. Comme le rappellent les projets relevant de l’hôpital numérique, l’apport du digital n’est plus à démontrer, qu’il s’agisse d’accompagner le parcours de santé, d’aider le diagnostic, d’équiper le personnel médical, d’automatiser l’ensemble des processus dans les environnements hospitaliers, de traiter les données médicales numériques, ou encore de connecter et d’intégrer l’intelligence médicale.

Le Big Data est un exemple emblématique des enjeux IT colossaux qui touchent le secteur. Les données de santé ont explosé ces dernières années, à un rythme qui n’est pas prêt de ralentir, et qui prend sa source à la fois dans les technologies de diagnostic et de traitement qui génèrent des volumes données, et dans la multiplication des équipements numériques (l’internet des objets, par exemple), nécessitant d’adapter les systèmes d’information (SI) de santé. Dans ces volumes de données, les technologies de Big Data trouvent un terrain de jeu propice à leurs usages, à la connaissance, à l’automatisation des processus, à l’accompagnement de la prise de décision, ou encore à l’adhésion des patients.

Autre exemple d’enjeu pour la santé, la GDPR (General Data Protection Regulation), également appelée RGPD (Règlement général sur la protection des données) en France, qui entrera en application en mai 2018. Ce Règlement européen impose un cadre unique et harmonisé à la protection des données personnalisées. Le secteur de la santé est déjà sensibilisé à la protection des données des patients, comme des personnels de santé. Cependant, la transposition en loi nationale soulèvera inévitablement de nombreuses questions quant au cadre légal, à l’implémentation et aux conséquences organisationnelles pour le secteur. En plus des lois nationales, la GDPR devra coexister avec les lois et règles sectorielles en vigueur, qui stipulent que les données de santé ne peuvent être communiquées et utilisées que dans l'intérêt direct du patient. L’enjeu sera de garantir la sécurité des données alors que celles-ci ont pour vocation d’être accessibles à des acteurs multiples comme les médecins, les administrations, les patients eux-mêmes…

Toute l’industrie de la santé, médical, hospitalier, pharmaceutique, services à la personne, etc., est concernée par le numérique et la transformation digitale. Les DSI de la santé et de la pharmacie sont placés au premier rang de cette transformation. Leurs enjeux sont le reflet de la révolution de la santé numérique. A commencer par la modernisation des systèmes d’information. Le SI, en effet, est le support des grands mouvements du secteur vers le digital : hôpital numérique, e-santé, m-santé, dématérialisation, interopérabilité et partage des données, cloud, open data, Big Data, IoT (Internet des Objets), optimisation des ressources, sécurité et conformité, sont autant d’enjeux pour le DSI et de défis qu’il doit déjà affronter.

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