Si l'on en croit Les Echos, après Cloudwatt repris en main par Orange, ce serait au tour de Numergy de chercher un repreneur.

Quel gâchis… Après son rachat de SFR, et nous nous y attendions pour faire face à ses coûts mal maitrisés, Patrick Drahi, le patron de Numericable, pourrait chercher à se désengager de Numergy. La rumeur, lancée par Les Echos, n'a rien d'une surprise, tant le cloud souverain français a été mal engagé, mal géré, aux origines trop politisées, et finalement économiquement pas rentable !

Après Cloudwatt repris par Orange (lire « Orange rachète Cloudwatt, l'échec du cloud souverain »), c'est au tour de Numergy, le projet de cloud souverain qui réunissait SFR, aujourd'hui Numericable détenue par Patrick Drahi via le luxembourgeois Altice, et Bull passé dans le giron d'Atos, d'envisager de changer de propriétaire.

Se pose donc désormais la question de la pérennité du cloud souverain à la française… pour peu qu'il existe, nous l'évoquerons un peu plus loin.

Drahi, Altice, Numericabl, SFR... Numergy

D'un coté, Patrick Drahi cherche des économies à réaliser dans le montage audacieux mais également risqué de son groupe. Numergy, qui en 2014 a peiné à dépasser les 6 millions d'euros de chiffre d'affaires pour un capital de 150 millions (dont 75 millions apportés par la Caisse des Dépôts), est un boulet financier dont le nouveau patron de SFR se délesterait volontiers.

De l'autre coté, que va faire Atos, nouveau partenaire à égalité avec SFR dans Numergy depuis le rachat de Bull par la SSI ? Atos possède sa propre plateforme de cloud, Canopy, où EMC et sa filiale VMware figurent au capital, et qui après intégration des activités cloud de Bull, vise un chiffre d'affaires de 700 millions d'euros en 2016. Atos vient d'annoncer la montée au capital du groupe de ses deux partenaires, sans autre indication. Cette présence pourrait peser dans la balance et inciter également Atos à se retirer de Numergy…

Qu'elle issue pour Numergy ?

On le voit, l'avenir de Numergy est bien compromis. Mais il l'était dès le départ. D'abord par l'origine très politique du projet, passé de 1 à 2 clouds souverains pour satisfaire les deux grands opérateurs français. Une opération qui s'est signée très rapidement afin de passer avant les dernières élections présidentielles !

Pour Numergy, les fonds d’État ont principalement servi à une opération interne de rachat de l'infrastructure de SFR. Tandis que Cloudwatt s'est lancé dans une opération suicidaire, construire une infrastructure cloud sur l'environnement open source Openstask, alors que celui-ci est encore en construction et loin d'être stabilisé.

Et l'on voit aujourd'hui où tout cela mène : un incroyable mais pourtant prévisible gâchis ! Deux projets de clouds souverains qui ont oublié les acteurs déjà opérationnels, comme OVH ou Ikoula, qui auraient pu les mener à bien. 150 millions d'euros investis par la Caisse des Dépôts. Des hommes ballottés de structure en structure et à l'avenir incertain. Et deux échecs cuisants, nonobstant ce que Orange et SFR peuvent encore en faire...