Notre second jour à la rencontre des start-ups de la Silicon Valley nous a quelque peu éloigné de ces dernières, mais pas de notre sujet, le stockage des données. DDN Storage, fondée et dirigée par des français, et Pure Storage, le champion du stockage 'all Flash' ne sont pas/plus des start-ups. En revanche, Hedvig, qui sort de son mode 'stealth' avec sa solutions de SDS (Software-defined Storage), est une vraie découverte

DDN Storage

Soyons francs, DDN Storage est quasiment une découverte, alors que la société a été créée par des français en 1998, sous le nom de DataDirect Networks ! L'un d'entre eux, Alex Bouzari, en est le CEO. Mais à la différence de ses concurrentes, cette société a toujours été indépendante. L'absence d'investisseurs « nous a offert capacité de prendre des décisions rapides », nous affirmé Alex Bouzari. Et surtout de réaliser du travail d'orfèvre face à la démarche industrielle en volumes de ses grands concurrents. C'est ainsi que DDN est devenue le spécialiste du stockage dans le HPC, le calcul haute performance.

Principalement basée à Los Angeles, où elle fabrique ses équipements, avec 600 employés DDN est présente dans 20 pays, dont la Valley, et un centre de recherche ouvert à Paris en 2014. « Nous nous implantons là où sont les talents ». Elle réalise 50 % de ses revenus aux Etats-Unis, en particulier dans les universités et grands labs du gouvernement américain.

Ce qui différencie DDN, c'est sa capacité à prendre en charge de gros volumes de données et de les analyser dans une appoche HPC. Et cela tombe bien, puisque la première demande des entreprises concerne le 'scale' (volume) et l'accès rapide à la donnée avec des nombres massifs d'objets, et que la seconde demande est de plus en plus tournée vers le HPC, comme la finance (qui investit massivement pour rechercher plus de profitabilité), le manufacturing ou les sciences de la vie. De même, Alex Bouzari souligne l'émergence de l'outsourcing du stockage dans le cloud, avec des entreprises qui imposent aux fabricants de les équiper d'un cloud privé complètement protégé. « De nombreux clients sont paranoïaques sur leur sauce secrète... ».

Plus concrètement, l'actualité récente de DDN est venue confirmer que nous avons affaire à du sérieux. Avec une plateforme hyperconvergée DDN Wolfcreek qui prend la forme d'une appliance. Elle affiche 5 millions d'IOPS et la capapcité de supporter 100.000 VM (machines virtuelles) sous OpenStack, Hadoop et le stockage VM (VMware, Citrix et Microsoft), le tout dans une boite au format 4U. Avec le projet IME (Infinite Memory Engine), un accélérateur de la liaison entre le compute (serveur) et le cluster (stockage) dont le design est tiré du supercomputing. Avec encore l'évolution de la solution de stockage objets WOS 360 2.0, qualifiée de DDN Software-defined Object Storage, et présentée comme « la façon la plus efficace d'écrire des données dans le data center ». Aliant puissance, performance, et sur mesure, face aux géants médiatiques du stockage des données, comment ignorer DDN ?

Pure Storage

John 'Coz' Colgrove, le CTO et co-fondateur de Pure Storage, ne change pas. Lorsqu'il se présente devant nous, il porte encore et toujours le même (?) tee-shirt et le même bermuda. Dans le même temps, c'est lui qui a conçu l'essentiel des technologies de la société, à savoir des appliances 'all flash array' qui ont été les premières à rivaliser en prix avec les équipement reposant sur des disques durs. « Nous avons reproduit le modèle d'Apple, celui de la simplicité, pour rendre le stockage facile à utiliser. Avec des disques flash de moins en mois chers, Pure est proche de réaliser son projet, et il devient moins logique d'acheter des disques ». Se concentrer sur le matériel serait cependant une erreur, car ce qui fait la force de ces start-ups qui cherchent à se faire une place dans le monde du stockage de données, et pour beaucoup à imiter le parcours de Pure Storage, c'est le logiciel, auquel la société consacre 80 % de sa R&D.

Pour autant, après avoir levé des fonds par centaines de millons, et avoir déployé ses ailes dans le monde entier, Pure Storage n'est plus une start-up ! C'est ainsi que John 'Coz' Colgrove va rapidement nous quitter pour céder sa place à ses équipes marketing, au sourire de circonstance et au discours commercial figé, qui nous ont présenté les dernières annonces… Rien de neuf donc. Hormis une question qui plane : maintenant que VCE bat de l'aile suite à la mésentente entre Cisco et EMC, Pure Storage va-t-il pendre la place du second auprès du premier ? Nous avons en revanche retenu deux chiffres : les équipes de Pure Storage ont calculé que si des solutions de stockage des données 'full flash' remplaçaient les équipements disques durs existants, elles feraient l'économie de 800 datacenters et de 2 centrales nucléaires ! A méditer…

Hedvig

Avc Hevig, nous voici confrontés à une vraie start-up de la Silicon Valley (ce qui ne dévalorise en aucun cas les entreprises que nous avons rencontrées jusque là, mais simplement elles ne sont plus, depuis longtemps pour certaines, des start-ups), créée en 2012. Hedvig - un prénom féminin teuton mythologique accronyme de Hyperscale, Elastic, Distributed, Virtualise, Intelligence, Granular – vient tout juste de sortir de l'ombre (stealth) pour rejoindre la lumière, raflant au passage 19 millions de dollars sous la forme d'une levée de fonds. « Jusqu'à présent, le stockage de données a affiché beaucoup d'innovation, mais elles sont restées incrémentales, affirme Avinash Lakshman, CEO et fondateur de Hevig. Le problème pour les entreprises est que le budget stockage est plat mais les volumes sont multipliés par 10. Elles doivent trouver de nouvelles façns de faire du stockage. »

Pour faire face à ces problématiques, Hedvig propose de créer une infrastructure SDS (Software-defined Storage) rapidement accessible aux développeurs, qui repose sur des serveurs de 'commodité' (sur base x86 et ARM), sous OS Linux, avec le logiciel qui va bien : Hedvig Distributed Storage Platform. La solution est consommable par tout serveur, virtualisation et container. Notons au passage qu'il peut également être installé sur un cloud public. La plateforme se veut élastique, simple et flexible. Elle réunit trois solutions : Hedvig Storage Service qui apporte la couche d'intelligence, Hedvig Storage Proxy et Hedvig APIs. Nous avons retenu que chaque disque peut disposer de sa propre policy via UI, CLI ou API ; que le disque virtuel peut présenter block, file et object ; que le Storage Proxy capture les I/O des invités et les communique au cluster ; que la donnée est distribuée et répliquée par Sorage Services ; et que ces derniers pratiquent l'auto-tiering et le balancing dans les datacenters. Le reste est affaire de spécialistes.

Notons enfin concernant Hedvig que 80 % de ses premiers clients adoptent la solution dans l'état, tandis que 20 % choisissent l'hyperconvergé. Et, étonnamment, surtout pour une star-up qui jusqu'à présent évoluait dans l'ombre, la majorité de ses clients sont européens. Nous avons posé une option pour rencontrer son premier DSI client français...