Il est peu probable que cela réjouisse les géants des IT mais ont-ils d'autre choix ? Les raiders de Wall Street, dans une démarche appelée activisme actionnarial, s'attaquent aux entreprises technologiques dont ils estiment la valeur sous-évaluée, au risque de les dépecer !

C'est un phénomène assez récent, mais qui ne cesse de s'étendre : les fonds d'investissement s'intéressent de plus en plus aux entreprises technologiques... Pour preuve, le portefeuille boursier des activistes financiers, investisseurs extérieurs dans les entreprises, est désormais pour environ un quart composé d'actions d'entreprises technologiques.

Pas d'exception pour les technos

Ces dernières se croyaient à l'abri de ce phénomène boursier, mais l'exception n'est plus de mise. Avec des fonds d'investissement dont les voies s'imposent dans les conseils d'administration et les réunions d'actionnaires, deux nouvelles règles concomitantes s'imposent : réduire les investissements dans l'innovation, et déporter les gains financiers ainsi obtenus vers les actionnaires.  Avec parfois des effets désastreux sur l'emploi !

Concrètement, cela se traduit déjà sous diverses formes aux motivations exclusivement boursières  : réduction de voilure, ralentissement du rythme de l'innovation, découpages en vue de restructuration avec scission, concentration technologique.

Si le mouvement concernait principalement la vieille garde des entreprises technologiques, proie facile presque ensommeillées pour des réformateurs financiers, à l'exemple de Novell, BMC ou Compuware, elle a atteint ces derniers mois des mastodontes comme Dell, ebay, ou encore HP. Et bientôt EMC (quel avenir boursier pour VMware?) et Netapp (quel avenir tout court?). Quant à IBM et Cisco, certes leur actionnariat comme leur taille les rend moins vulnérables aux 'raiders', sauf qu'au sein des conseils d'administration, la considération financière l'emporte sur toutes les autres...

Les raiders s'intéressent aux licornes

Plus inquiétant encore, l'immiscions des fonds d'investissement dans les tours de table des jeunes pousses candidates aux statut de licornes – des start-ups qui dépassent les 100 millions de dollars investis avec en ligne de mire le milliard de dollars de chiffre d'affaires (lire « 5 tendances chez les VC américains favorisent les investissements »). C'est en effet tout l'écosystème de la Silicon Valley qui pourrait trembler face à des considérations de rentabilité purement économique et de la négation forcée de l'innovation !

Les fonds d'investissement se glissent partout, s'emparent de tout ce qui peut bénéficier d'une optimisation de la rentabilité financière, et ils possèdent le pouvoir d'imposer leur volonté. Cette perspective inquiète les exécutifs des entreprises technologiques. Mais ont-ils d'autre choix que de s'y plier ? 

La réponse est peut être dans le Cloud Computing et le Big Data. Deux domaines en rupture des pratiques des entreprises au modèle consommé, qui sont autant de lieux d'opportunités et d'innovation. Mais pour combien de temps encore ? D'ici là, les fonds d'investissement auront eu le temps de découper la Silicon Valley et de la transformer en paradis financier des valeurs technologiques. Et en désert de l'innovation ?

mage d'entête iStock @ denis_pc