Le PDG pense stratégie et organisation, le DSI pense stratégie IT et technologies. Mais si vous demandez à un DSI de penser comme un PDG, il continue de penser DSI. Et c'est là que les problèmes comencent !

Frank Petersmark est un avocat spécialisé dans les CIO (les DSI américains) et dans les projets de transformation IT. Au contact des DSI et des CEO (les PDG américains), il a pu observer des problématiques de compréhension - d'incompréhension ! - entre ces deux acteurs incontournables de l'entreprise, liés par un lien de subordination...

Les priorités de l'un selon l'autre...

Pour vérifier sa vision, il a interrogé des centaines de DSI, leur a demandé de se mettre dans la peau de leur patron, et de lui indiquer ce qu'il attendait d'eux dans l'année à venir. Résultat :

1 – Aider l'entreprise à atteindre ses objectifs

2 – Accompagner le grand projet de l'entreprise

3 – Supporter l'acquisition et la rétention de clients

4 – Simplifier les IT

5 – Etre leader sur l'innovation des produits

...et de l'autre pour lui même

Puis il a comparé ces résultats avec ceux d'un autre groupe de DSI, leur demandant quelles sont leurs priorités pour 2014. Résultat :

1 – Gérer les données et analyser le business

2 – Mobilité (dont gestion, sécurité, tablettes et app store)

3 - Développer des applications (y compris dans l'ERP et le CRM)

4 – Cloud Computing (privé, public, hybride)

5 – Sécurité (virus, signature, parefeu, VPN)

Un DSI pour le moins 'vintage'

Les résultats divergent, ce n'est pas une surprise. Même si les DSI font preuve d'une certaine compréhension des attentes de leurs dirigeants. Mais dans leurs réponses, on détecte également une volonté de se mettre en avant. Cela peut être tout à leur honneur. Mais dans la réalité, cette prétention se traduit par un gouffre qui s'élargit...

En revanche, lorsqu'il analyse les réponses apportées sur les priorités des DSI, il constate avec effarement que certaines de ces priorités nous renvoient à la fin des années 90. Ainsi en est-il de l'ERP et du CRM, ou encore de l'antivirus et du VPN. Des réponses qui tendraient à démontrer que dans son business informatique, le DSI aurait encore un train de retard !

S'expliquer et se synchroniser

Alors il demande à ce que tous deux se rapprochent, qu'ils s'investissent dans leur relation, qu'ils passent du temps ensemble, et pas seulement dans une réunion hebdomadaire ou mensuelle... Et surtout que PDG et DSI prennent le temps de décrire et d'expliquer ce qu'ils font, pourquoi ils le font, et ce que cela implique pour l'avenir. Une démarche digne d'un avocat en situation de pré-contractuaisation sur un projet, mais si concrète !

Une fois cela réalisé, et une fois que sera instaurée une compréhension mutuelle, PDG et DSI pourront enfin travailler de concert, au service de l'entreprise, à l'optimisation et à l'automatisation de l'IT, à l'accompagnement des métiers, à la réduction des coûts et du shadow IT, et au profit de tous.

L'idée est généreuse, la démarche semble logique, mais le doute subsiste. Car l'écart entre PDG et DSI peut se réduire, mais chacun continuera de cultiver sa différence.