La DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), l’agence de R&D de la défense américaine, vient de mener une série de tests pour éprouver les capacités de l’IA en combats aériens contre un pilote humain. Le combat, une finale simulée en réalité virtuelle, a eu lieu le 20 août dernier après une phase « de pool » qui a servi à déterminer le meilleur algorithme parmi huit candidats.

Huit équipes de développeurs ont été sélectionnées l’année dernière pour participer à cette compétition virtuelle. Elle est destinée à démontrer les capacités des algorithmes d’intelligence artificielle à effectuer des manœuvres de combat aérien simulées appelées dogfight, et bien connues des amateurs de simulation aérienne de combat. La série d’essais, en fait un tournoi entre les huit équipes et des pilotes humains, a été conçue dans le cadre du programme ACE (Air Combat Evolution) de la DARPA. « ACE vise à automatiser le combat aérien et à renforcer la confiance des humains dans l’IA, ce qui constitue une étape vers un meilleur couplage humain-machine », explique le communiqué de la DARPA.

Évaluer les capacités de l’IA à évoluer avec les humains

Le but n’était donc pas de tester les capacités de l’IA à battre un humain en combat aérien, car la démonstration en avait déjà été faite en juin 2016, lorsqu’un algorithme, baptisé Alpha, a battu un colonel, vétéran de l’armée de l’air et expert en combat aérien. « L’exploit » a été réalisé par un algorithme dont les capacités de calcul reposaient sur un Raspberry Pi à 35 €. Après le combat simulé, le colonel a qualifié son adversaire numérique de « l’IA la plus agressive, réactive, dynamique et crédible que j’ai vue jusqu’à présent ». Rappelons que l’entreprise à l’origine d’Alpha, Psibernetix, a été rachetée depuis par Thales.

Mais malgré cela, ce n’est pas demain la veille qu’on verra des chasseurs sans pilote effectuer des missions. En fait, le but de cette série de tests était d’évaluer les capacités de l’IA à évoluer dans un environnement mixte dans un premier temps, afin de tester la possibilité de faire voler des escadrilles mixtes. Il s’agissait également d’évaluer les difficultés qui en découlent : le transfert des informations en temps réel entre les équipiers, le transfert du commandement au cas où l’un est touché, les capacités et les modalités de coordination…

Une expérience enrichissante

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la DARPA en a été pour ses frais, mais l’expérience a été enrichissante. En infligeant un 5-0 à son adversaire humain durant les tests finaux, l’IA a démontré non seulement ses capacités à prendre des décisions en temps réel, dans des conditions dynamiques où la vitesse de la prise de décision est vitale. Elle a également démontré certains avantages sur les humains, hormis la vitesse de prise de décision. En effet, n’étant pas soumise aux contraintes physiques des pilotes humains, l’IA a été capable d’exécuter, et en les rapprochant, des manœuvres qui auraient été éprouvantes pour le corps humain.

Côté technologie, les huit candidats AI étaient développés par des entreprises différentes allant d’entreprises dans l’IA et sous-traitantes pour l’armée américaine, en passant par des universités et des entreprises spécialisées dans les jeux vidéo. La diversité de leurs approches des algorithmes a constitué une richesse pour la DARPA. Cela lui permet d’évaluer les différentes approches de l’algorithmie et de l’apprentissage.