Car s’il agrée le Low-code comme une évolution inéluctable pour les outils de développement basés sur l’IA, Outsystem n’est pas prêt à aller jusqu’au No-code. Pour Paulo Rosado, son fondateur et PDG, il s’agit « d’accélérer les processus de développement en débarrassant les équipes des tâches qui peuvent bénéficier des capacités de production ou d’assistance de l’IA ». En clair, c’est oui à l’assistance par l’IA, mais pas à la prise en charge complète du code par l’IA.
OutSystems ne se contente pas de cocher la case IA
« OutSystems se concentre sur la productivité des développeurs sans compromis, a déclaré Paulo Rosado lors de son discours d’ouverture. Lorsque nous avons développé notre premier produit, le logiciel était un processus manuel et la plupart des projets de développement, quelle que soit l’industrie ou la taille de l’entreprise, étaient livrés en retard et dépassaient le budget. Notre plateforme d’IA rend les équipes de développement beaucoup plus efficaces. Contrairement à d’autres fournisseurs qui se contentent de cocher la case de l’IA et de la vitesse, nous savons que ce n’est que la surface. Notre investissement profond dans une plateforme soutenue par l’IA, avec une surveillance stricte et une gouvernance intégrée, permet de s’assurer que chaque application répond aux normes les plus élevées. »Mais il y a tout de même une réalité de marché et un attrait indéniable pour les deux technologies de codage assisté. Nombre d’entreprises se demandent si elles doivent continuer à faire du développement traditionnel ou se lancer dans le Low-code/No code en commençant par certaines applications pour gagner en vitesse, en time to market et réduire leurs coûts et les risques.
Différencier les solutions natives et les ajouts aux solutions métier
Pour sa part, Alexandre Cozette, Lead Solutions Architect chez OutSystems, rappelle que l’objectif premier de ces technologies est de permettre de développer des applications web, métier et mobiles plus rapidement qu’en développement traditionnel. Mais il déplore ce qui se passe actuellement sur le marché, où la popularité des assistants basés sur l’IA attire des éditeurs dont ce n’est pas le métier. Il trace une ligne de démarcation entre les solutions natives et les compléments de solutions métier. « Tout le monde fait du No-code, Low-code aujourd’hui. C’est-à-dire qu’en plus des éditeurs natifs, ceux qui ont créé des solutions pour accélérer le développement d’applications métiers, d’autres éditeurs qui faisaient autre chose à la base se présentent aujourd’hui comme des éditeurs No-code/Low-code ».C’est le cas de solutions métier comme les outils de gestion de bases de données (notamment pour la génération de requêtes SQL en langage naturel), les solutions de CRM ou de BPM. « Ça n’en fait pas pour autant de bonnes solutions low code natives qui vont permettre à des sociétés de créer tout type d’application web ou métier. L’IA permet de créer des applications satellites par rapport à leurs applications cœur de métier, mais ça ne leur permet pas de créer tout un ensemble d’applications web et mobile. Les solutions natives ont été créées dès le départ pour accélérer le développement d’applications. Elles sont agnostiques par rapport aux métiers », précise Alexandre Cozette.
Il faut former les citoyens codeurs aux arcanes du développement
Car si équiper le citizen développeur paraît être une solution d’avenir, la réalité est toute autre, estime Alexandre Cozette : « très souvent, on me dit qu’avec le No-code, on n’écrit pas de code, tandis qu’avec le Low-code, on écrit un peu de code. C’est faux : on a toujours besoin d’écrire du code de toute façon. Beaucoup de solutions No-code sont ouvertes sur l’écriture de code, et beaucoup de solutions Low-code permettent de faire des applications métiers sans forcément écrire une seule ligne de code. Donc la différence n’est pas tellement là en fait. »De plus, il précise que « le citizen développeur est citizen avant d’être développeur », estimant par-là que les solutions No-code sont tout de même trop complexes pour une prise en main rapide, voir immédiate, comme le présente le « discours simpliste » du marketing. En effet, la production du code n’est qu’une partie du processus. « On est assez rapidement confronté à des problématiques que les développeurs savent résoudre. Des problématiques d’optimisation des performances, de logs sur les bases de données, de sécurité… Tous ces problèmes que les développeurs connaissent parce qu’ils ont été formés pour cela. »
Il faut donc former ces citoyens codeurs aux arcanes du développement, ce qui présente un investissement conséquent, prévient-il. Pas seulement dans la formation, mais aussi dans l’accompagnement et la gouvernance. Après cela, le citizen développeur n’en est plus tout à fait un, il a mis un pied dans le développement. Ce qui fait dire à Alexandre Cozette que « le citizen développeur est un peu un mythe ».