Pour contrer les manifestations qui se déroulent en ce moment, le gouvernement indien du premier ministre Narendra Modi a procédé à des coupures des communications mobiles dans plusieurs États du pays. C’est le cas, notamment, dans les États du nord-ouest de l’Assam, celui de Maghalaya et Tripura. Ces régions totalisent plus de 36 millions d’habitants. Le gouvernement a aussi décidé de toucher l’État de l’Uttar Pradesh qui abrite 200 millions de personnes. Quelques parties de la capitale New Delhi sont aussi concernées par la prolongation de la coupure, de même que la ville de Mangalore qui abrite 22 millions d’habitants. Trois opérateurs, Reliance Jio, Vodafone et Airtel ont confirmé la coupure des communications après avoir été sollicités par les autorités. Les services sont ensuite revenus progressivement. L’Inde est le pays qui procède le plus aux coupures d’internet dans le monde. Sur les 196 fermetures documentées à l’échelle internationale, 134 cas sont répertoriés dans ce pays, selon le groupe de défense des droits numériques Access Now. De son côté, Internet Shutdown, un service tenu par le groupe de défense des droits numériques Software Law and Freedom Center, basé à New Delhi, déclare qu’il a observé 95 cas de suspension d’internet en Inde pour cette année, dont 91 pour la semaine dernière.

La décision du gouvernement de couper les communications mobiles dans les États concernés fait suite à la manifestation provoquée par l’adoption de la loi sur la citoyenneté, qui autorise les immigrants à accéder à la citoyenneté indienne, à condition qu’ils soient hindous. La loi n’attribue pas le même droit aux musulmans, même aux réfugiés Rohyngias, parvenus à entrer dans le pays depuis le Bangladesh. Les manifestants veulent forcer le gouvernement à changer d’avis. Jusqu’ici, on dénombre deux morts à Mangalore. Les critiques ne se sont pas fait attendre. Dans son éditorial, le New York Times écorche les actions du gouvernement indien qui, selon le journal, veut persécuter la minorité musulmane à travers cette loi. Les autorités indiennes l’auraient uniquement adopté pour répondre à la persécution des hindous dans les pays musulmans voisins. Par ailleurs, cette loi ne servirait qu’aux intérêts électoraux de Narendra Modi et de son ministre de l’intérieur Amit Shah. Pour rappel, les hindous représentent plus de 80 % de la population indienne qui compte actuellement 1.3 milliard d’habitants. Un grand nombre de personnalités indiennes se sont jointes aux manifestants, à l’instar des acteurs de cinéma et d’autres personnalités publiques. Par contre, les observateurs s’étonnent de l’absence des startups et des investisseurs en capital-risque. A priori, ces derniers ne veulent pas contrarier le gouvernement. Tim Draper, l’un des capital-risqueurs les plus influents au monde a déclaré remettre en cause ses plans d’investissement en Inde. Jusqu’ici, seule la Chine approuve l’action du gouvernement indien sur la coupure d’internet par la voie des médias d’État. La Chine a aussi pris la même décision dans la région de Xinjiang, provoquant l’indignation des pays occidentaux.

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