La Commission de terminologie a encore frappé, il ne faut plus dire « bid data » mais « mégadonnées » !

C'est un travers bien français que nos cousins québécois ne nous reprocherons pas, franciser des termes et expressions étrangères pourtant devenues langage courrant. On se souvient du « courriel » pour remplacer « email », ou plus récemment – mais celui là n'a pas marqué les esprits ! - de « mot-dièse » pour remplacer « hashtag ». La francisation d'expressions anglosaxonnes affiche cependant quelques succès, comme dès 1970 « logiciel » qui a remplacé « software », « puce » qui a remplacé « chip ». Et de nombreux échecs, comme « cédérom » qui a tenté de s'imposer face à « CD-Rom », souvent repris dans des articles à la recherche d'effets journalistiques, tandis que 'CD-Rom' continue de s'imposer !

Le modèle français appliqué à la langue

La mission de francisation de termes étrangers, le monde anglo-saxon étant le premier visé, est remplie par la Commission générale de terminologie et de néologie. Cette commission française est un dispositif interministériel placé sous l'autorité du Premier ministre, et elle a pour mission de « favoriser l'enrichissement de la langue française ».

Quant à l'Académie française, vénérable instance de référence qui depuis trois siècles accompagne les évolutions du vocabulaire français, elle dispose d'un double rôle au sein de la Commission de terminologie : avec un représentant qui siège à la commission et dans chacune de ses commissions spécialises ; et avec un pouvoir de validation, l'Académie devant formuler un avis favorable avant que les termes proposés ne soient reconnus par publication au Journal Officiel.

Métadonnées et données massives

Et justement, c'est sur le Journal Officiel de ce 22 août qu'a été publié l'avis numéro CTNX1419323X de la Commission générale de terminologie et de néologie, commission du vocabulaire de l'informatique, qui statue sur la traduction de « big data » par « métadonnées ».

On y apprend que le nom « métadonnées » est 'n.f.pl ?' (nom féminin pluriel), et que sa définition est « Données structurées ou non dont le très grand volume requiert des outils d'analyse adaptés ». Son équivalent étranger est « big data ». Et pour les personnes qui ne seraient pas satisfaites par cette traduction, la Commission propose une seconde expression : « données massives ».

La fin de Big data ?

Que va-t-il advenir de « big data » ? La publication au Journal Officiel de l'avis de la Commission générale de terminologie et de néologie ne changera certainement pas grand chose dans les usages. L'expression « big data » est trop employée aujourd'hui pour que l'on cesse de l'utiliser. De plus, les technologies associées tant quasi-totalement d'origine américaine, l'expression va rester.

Un seul secteur pourrait imposer son usage, le secteur public. C'est d'abord celui qui n'a pas trop le choix, et traditionnellement le premier, avec les ministères et les administrations, à appliquer les décrets portant sur le vocabulaire. C'est ainsi que l'on risque de voir apparaître rapidement des « projets de mégadonnées » qui porteront sur des « technologies big data »...

Quant à nos amis québécois, ils ont choisi de 'franciser' big data en « données volumineuses » !