Confronté à des échéances de dettes importantes et à un besoin urgent de capitaux frais, Atos a annoncé une série de mesures destinées à naviguer à travers ces défis. L’ESN n’exclut pas le recours à la protection juridique, si ses négociations n’aboutissent pas.

Dans un contexte économique marqué par l’incertitude, Atos fait face à un impératif crucial : restructurer une dette importante tout en injectant des capitaux frais indispensables pour maintenir ses opérations en 2024. Le communiqué d’Atos du 3 janvier dévoile une stratégie complexe, mêlant cession d’actifs, négociations avec les banques, et évolution de la gouvernance pour naviguer à travers ces défis. Le Groupe annonce qu’il n’hésitera pas à recourir à la justice, dans le cadre d’une procédure de sauvegarde, si ses pourparlers avec les banques n’aboutissent pas.

Comme indiqué dans le communiqué du 28 novembre 2023, Atos devra mener à bien, et de manière individuelle ou combinée, plusieurs opérations pour être en mesure d’honorer ces échéances de financement. Le tout, sans obérer sa trésorerie disponible, afin de maintenir un fonds de roulement. Autant dire que l’opération s’annonce acrobatique, car elle doit combiner plusieurs démarches : l’obtention de nouveaux financements bancaires, l’accès aux marchés de capitaux (dettes ou actions), la mise en œuvre d’un programme important de cession d’actifs, et la poursuite des actions spécifiques pour optimiser son besoin en fonds de roulement, notamment au moment des clôtures des comptes semestriels et annuels incluant un maintien de l’affacturage.  

Cession d’actifs…

L’entreprise doit gérer un ensemble de dettes significatives, dont un prêt à terme A
de 1,5 milliard d’euros arrivant à échéance en janvier 2025, avec des options d’extension de six mois. À cela s’ajoutent divers emprunts obligataires, soit 1,2 milliard d’euros, s’échelonnant jusqu’en 2029, représentant une pression financière considérable.

Parmi les solutions, la cession d’actifs est au cœur de la stratégie d’Atos, qui annonce continuer ses négociations exclusives avec EPEI concernant la vente de Tech Foundations. Ces négociations incluent des discussions approfondies sur le montant de la transaction, la structure de l’accord et la reprise d’une majorité des passifs liés à Tech Foundations. Toutefois, il reste incertain que ces négociations aboutissent effectivement à un accord. Parallèlement, la société envisage de vendre ses activités Big Data & Security (BDS). Airbus a déjà manifesté son intérêt comme acheteur potentiel pour l’ensemble du périmètre BDS, évalué entre 1,5 et 1,8 milliard d’euros. Ces cessions, si elles se concrétisent, pourraient apporter des liquidités pour le remboursement de la dette.  

… et négociations avec les banques

De plus, face à l’évolution des circonstances et aux réactions du marché, il est devenu nécessaire de diminuer l’augmentation de capital prévue initialement pour Eviden. En outre, Atos étudie avec EPEI les modalités légales et financières qui pourraient permettre à EPEI de se désengager, totalement ou partiellement, de son obligation de participation à cette opération.

La stratégie d’Atos inclut également des discussions avec les banques pour maintenir les financements existants et obtenir des refinancements. Cette démarche est cruciale pour prévenir une dégradation de la notation du groupe et pour assurer une stabilité financière à long terme. Mais « en cas de besoin, si l’issue de ces discussions s’avérait incertaine, Atos n’exclut pas de recourir aux mécanismes de protection juridiques à sa disposition pour les encadrer », prévient l’ESN.

L’année 2024 sera déterminante pour Atos, dont l’équilibre ne tient qu’à un fil : l’échec des négociations avec EPEI ou avec Airbus, ou des complications dans les discussions bancaires, pourrait mener Atos à opter pour des solutions juridiques pour protéger ses intérêts. Les décisions prises et les stratégies mises en œuvre au cours de 2024 joueront sans aucun doute un rôle crucial dans la définition de l’avenir de l’entreprise.