Selon les données d’Indeed, le nombre d’offres d’emploi pour les développeurs de logiciels a chuté de plus d’un tiers en cinq ans. Bousculé par l’IA et le no code, le marché connaît une transformation marquée par une baisse significative des offres d’emploi, et la nécessité d’acquérir de nouvelles compétences.

L’avènement de l’intelligence artificielle engendre une transformation profonde du marché de l’emploi, caractérisée par un effet de ciseaux saisissant. D’une part, les entreprises sont confrontées à une demande croissante de compétences spécialisées, à mesure que l’IA s’intègre dans tous les secteurs d’activité. Des experts en apprentissage automatique, en science des données, en ingénierie IA et en éthique de l’IA sont activement recherchés, tandis que les métiers existants évoluent pour intégrer les outils et les analyses basés sur l’IA. Cette demande soutenue crée une pénurie de talents, car la vitesse de développement de l’IA dépasse la capacité des systèmes éducatifs à former suffisamment
de professionnels qualifiés.

D’autre part, l’automatisation croissante des tâches, tant manuelles que cognitives, entraîne la disparition de nombreux emplois. L’IA et la robotique remplacent les travailleurs dans certaines tâches des secteurs de l’industrie, de la logistique et du service client, tandis que les progrès de l’IA menacent les emplois de bureau et les professions intellectuelles, notamment dans l’analyse de données, la rédaction de rapports et la traduction. Même les développeurs ne sont pas à l’abri, car l’IA générative est capable de créer des programmes et des applications.

Une chute de 35 % en cinq ans

C’est le constat dressé par la plateforme de recherche d’emploi Indeed dans une étude passée presque inaperçue. Selon les données statistiques recueillies sur son site, le nombre d’annonces pour ces postes a chuté de 35 % en cinq ans. « Cette diminution contraste avec la forte croissance observée en 2021-2022 et reflète un ralentissement global du secteur technologique », analysent les rédacteurs du rapport.

Une analyse qui s’apparente plutôt à une extrapolation. Certes, l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et les incertitudes géopolitiques ont pesé sur les investissements dans le secteur technologique, mais la baisse du nombre d’offres d’emploi pour les développeurs de logiciels ne doit pas être assimilée à un simple ralentissement général du secteur technologique. L’étude d’Indeed montre que cette catégorie spécifique d’emplois a connu une diminution de 35 % en cinq ans, alors que d’autres professions, notamment celles nécessitant peu ou moyennement de compétences techniques, ont vu leur demande augmenter respectivement de 59 % et 20 % par rapport à leur niveau d’avant la pandémie.

La transformation du métier de développeur

Cela suggère que le recul des offres pour les développeurs n’est pas seulement le reflet d’un ralentissement global du secteur, mais plutôt une transformation spécifique aux métiers hautement techniques. En d’autres termes, si la demande d’ingénieurs logiciels avait suivi la même tendance que l’ensemble du secteur technologique, elle aurait dû rester stable ou légèrement baisser, et non connaître une chute aussi marquée. Cette divergence indique que des dynamiques particulières sont à l’œuvre, notamment l’automatisation, l’essor des outils low-code/no-code et la redistribution des compétences recherchées
par les employeurs.

L’affirmation du rapport tend donc à généraliser une tendance qui affecte différemment les segments du marché technologique. Une analyse plus fine montrerait que la baisse de la demande pour les développeurs ne s’inscrit pas seulement dans un ralentissement global, mais aussi dans une mutation profonde du type de compétences valorisées par les entreprises. L’étude montre que les emplois exigeant des compétences techniques avancées, notamment en développement informatique, ingénierie industrielle et R&D scientifique, sont en recul. En France, ces offres ont baissé de 4 % par rapport à leur niveau d’avant la pandémie. À l’inverse, les professions nécessitant peu ou moyennement de compétences techniques ont enregistré une forte croissance (59 % et 20 % respectivement).

Une nouvelle réalité pour les développeurs

Aussi, malgré l’essor de l’intelligence artificielle, les compétences informatiques de base restent au cœur des préoccupations des recruteurs. En France, 13 % des offres d’emploi mentionnent des compétences numériques élémentaires, qui sont particulièrement demandées dans les secteurs de l’administration, des médias et de la communication, ainsi que du marketing. Cette tendance montre que, bien que les avancées technologiques redéfinissent certains métiers, la maîtrise des outils informatiques fondamentaux reste une exigence incontournable.

Le marché de l’emploi s’adapte donc à une nouvelle réalité où les développeurs ne doivent pas seulement maîtriser les langages de programmation, mais aussi comprendre les enjeux liés à l’IA et à la transformation numérique. Dans ce contexte de mutation, la capacité à évoluer et à acquérir de nouvelles compétences devient plus essentielle que jamais.