1 145 entreprises en 2024 (contre 100 en 2012), dont 14 licornes (près de la moitié des licornes françaises), 54 000 emplois et 1,3 milliard d’euros
levés en 2024.
L’édition 2025 de l’étude « Pulse of Fintech France », menée par KPMG, dresse un état des lieux précis du secteur fintech en France, mettant en avant ses dynamiques de financement, ses transformations technologiques et les défis auxquels il doit faire face. Malgré un environnement économique et règlementaire en mutation, l’écosystème fintech français a poursuivi son développement, confirmant sa maturité et son rôle central dans le paysage financier européen.
Depuis une décennie, la fintech française s’est imposée comme un acteur clé de l’innovation financière. En 2024, on dénombre 1 145 entreprises dans ce secteur, contre seulement 100 en 2012. Elles représentent désormais 7,5 % des startups françaises et emploient 54 000 personnes, dont 43 000 en France. Selon l’étude, cette croissance spectaculaire témoigne d’une structuration réussie, portée par un foisonnement de solutions innovantes couvrant des domaines aussi variés que les paiements, l’assurtech, le financement, la gestion d’actifs et les services aux entreprises. Si cette dynamique est prometteuse, elle s’accompagne néanmoins de défis majeurs, notamment en matière de financement, d’internationalisation et de conformité règlementaire.
Levées de fond : le ticket moyen est en hausse
Après un net ralentissement en 2023, influencé par des tensions sur les marchés financiers, l’année 2024 a montré des signes encourageants de reprise. Au total, 101 opérations de levées de fonds ont été enregistrées pour un montant total de 1,3 milliard d’euros, traduisant un doublement du ticket moyen par rapport à l’année précédente. Cette dynamique a été soutenue par plusieurs mégatransactions, notamment celles d’Alan, Pigment et Akur8, qui ont levé respectivement 173, 135 et 108 millions d’euros. Ces levées de fonds témoignent de la confiance retrouvée des investisseurs, notamment dans les segments technologiques B2B et assurtech, qui ont été les plus attractifs en 2024.En parallèle, le marché des fusions et acquisitions a été particulièrement dynamique, avec 49 transactions recensées sur les dix premiers mois de l’année, contre 37 sur l’ensemble de l’année précédente. Pour les rédacteurs de l’étude, ce phénomène traduit la nécessité pour certaines fintechs de consolider leur position sur le marché, mais aussi l’intérêt croissant des grands acteurs bancaires et assurantiels pour ces entreprises à forte
valeur technologique.
Parmi les opérations les plus marquantes, l’acquisition de Regate par Qonto illustre la volonté des fintechs d’intégrer des solutions complémentaires pour enrichir leur offre, tandis que +Simple a poursuivi son expansion en réalisant 18 opérations de croissance externe dans l’assurtech.
L’international, un levier stratégique de croissance
L’internationalisation constitue par ailleurs un levier stratégique pour de nombreuses fintechs françaises. En 2024, 23 % d’entre elles possédaient une implantation à l’étranger, dont 63 % exclusivement en Europe. L’Union européenne représente une opportunité unique, avec un marché de 450 millions de consommateurs et un cadre règlementaire harmonisé qui facilite le développement transfrontalier. Plusieurs fintechs françaises, telles qu’Agicap, Qonto, Younited et Powens, ambitionnent de devenir des références européennes dans leurs domaines respectifs, en s’appuyant sur les atouts du passeport règlementaire et sur la proximité culturelle entre les pays.La transformation technologique joue également un rôle clé dans l’évolution du secteur. L’essor de l’intelligence artificielle générative et des technologies blockchain ouvre de nouvelles perspectives en matière d’automatisation, de personnalisation des services et de gestion des risques. De nombreuses fintechs ont adopté l’IA pour améliorer leur efficacité opérationnelle, notamment en matière de scoring financier, d’assistance au client et de détection des fraudes.
Dans l’assurtech, Zelros a intégré des solutions d’IA pour optimiser l’expérience utilisateur et affiner l’analyse des risques, tandis que des acteurs comme Silvr exploitent des modèles de langage pour analyser en temps réel les transactions financières de leurs clients. Parallèlement, la blockchain et la tokenisation des actifs continuent de se développer, portées par l’émergence du Web3 et par la volonté des fintechs d’accroître la transparence et la fluidité des échanges financiers.
Règlementation : une aubaine et un défi
Toutefois, cette transformation ne va pas sans défis règlementaires. Le cadre législatif européen s’est considérablement renforcé ces dernières années, avec la mise en place de nouvelles régulations telles que MiCA, qui encadre les marchés de cryptoactifs, DORA, qui impose des normes strictes de résilience numérique aux institutions financières, et le paquet législatif AML, qui vise à harmoniser les exigences en matière de lutte contre le blanchiment d’argent.Si ces règlementations représentent une contrainte supplémentaire pour les fintechs, elles constituent aussi une opportunité de se différencier en affichant des standards élevés de conformité et de sécurité. La montée en puissance de l’AI Act, qui impose un encadrement strict des usages de l’intelligence artificielle dans les services financiers, est également un enjeu de taille pour le secteur, en particulier pour les acteurs exploitant des algorithmes de scoring ou d’automatisation de la relation client.
Une dynamique prometteuse
Enfin, le recrutement et la rétention des talents restent une priorité pour les fintechs, qui doivent faire face à une forte concurrence de la part des grandes banques et des fonds d’investissement. La pénurie de profils qualifiés dans la tech et la finance constitue un défi majeur, d’autant que les fintechs peinent parfois à rivaliser en termes de rémunération et d’attractivité des carrières. Pour surmonter ces difficultés, elles doivent redoubler d’efforts pour améliorer leur marque employeur, proposer des dispositifs de rémunération innovants et offrir des perspectives de carrière attractives. L’enjeu est crucial : sans les talents nécessaires, l’innovation et la croissance du secteur pourraient être freinées.En dépit de ces défis, la fintech française affiche une dynamique prometteuse. Forte d’une structuration solide, d’un écosystème mature et d’un cadre règlementaire de plus en plus clair, elle dispose des atouts nécessaires pour s’imposer durablement sur la scène européenne et mondiale. L’innovation technologique, l’expansion internationale et l’adaptation aux nouvelles exigences règlementaires seront les clés de son succès dans les années à venir.