L’étude Trends of AI de KPMG qui explore les impacts de l’IA sur les métiers de l’entreprise montre que son retour positif sur investissement reste encore à prouver. Si le marketing, l’IT et les RH l’adoptent pour certaines fonctions, la finance se heurte à l’application du RGPD et de l’AI Act.

La dernière enquête de KPMG a interrogé de nombreux experts métiers dans les grandes organisations et les enseignements ne montrent toujours pas un poids significatif des outils d'IA sur les fonctions essentielles de l’entreprise. Côté marketing, plus de la moitié des utilisant s’en servent pour la traduction de contenus (54 %) et pour la création de contenus visuels (47 %), soit des fonctions classiques. Un tiers des répondants de la fonction marketing utilisent des outils d’IA afin de personnaliser les communications clients (34 %). L’aspect trop artificiel et uniforme des contenus générés par ces outils est un frein majeur et la capacité de l’IA à refléter les émotions de manière authentique suscite des doutes. Chiffre explicite, moins de la moitié du panel utilise l’IA de bout en bout
pour les fonctions marketing.

Dans la Finance, l’intégration de l’IA confrontée aux défis de transparence et de traçabilité

La lutte contre la fraude et l'amélioration de la qualité des données représentent le principal moteur d’adoption de l’IA dans la finance. À noter, 55 % des directions financières des organisations interrogées utilisent ChatGPT, Gemini, Mistral AI, ce qui soulève des préoccupations en matière de sécurité des données et de confidentialité. En effet, les LLM s’appuient sur des données de l’entreprise qui peuvent être sensibles et se retrouver
dans la nature.



Le défi majeur de l’intégration de l’IA dans les métiers de la Finance est la grande difficulté à justifier et à documenter les décisions liées à des algorithmes opaques, une contrainte majeure particulièrement pénalisante lors des audits de comptes.

Pour les RH, des perspectives sur la personnalisation de l’expérience collaborateur

À ce jour, les cas d’usage les plus déployés se concentrent principalement sur des tâches peu stratégiques, mais qui apportent des gains rapides de productivité comme la traduction des communications (30 %) et la génération de documents RH (20 %). Cependant, les entreprises doivent rendre des comptes sur les usages de l’IA avec sanctions éventuelles à la clé pour l’application du RGPD, le règlement général de protection des données personnelles et celle de AI Act. Ce dernier est assorti de contraintes fortes en matière de transparence, de protection des données et de responsabilité. Autre caillou dans la chaussure, le manque de connaissances sur l’IA et la maîtrise de son fonctionnement chez les collaborateurs, en particulier pour l’IA générative.

Un besoin primordial de formation et d’acculturation

La nécessité de former les équipes à l’IA pour en tirer réellement les bénéfices affecte une majorité des organisations (67 %), ce qui montre une nécessité de renforcer les compétences internes. Mais aussi l’impératif de comprendre les enjeux tels la confidentialité des données, la véracité des réponses ou les impacts juridiques. Une majorité des experts métiers, soit 65 % des répondants, évoquent un manque de vision stratégique de la direction. Mauvais présage.

La difficulté à démontrer le ROI de l’IA freine les investissements.

Sans surprises, la démonstration du retour sur investissement (ROI) devient de plus en plus laborieuse. En témoigne le fait que 59 % des entreprises peinent à justifier les coûts liés aux projets IA, surtout dans les phases initiales où les résultats sont moins tangibles. La difficulté à prouver le ROI des initiatives renforce le manque d’investissement dédié cité par 50 % des répondants, une boucle classique. En bref, faute de preuves de la réelle valeur ajoutée de l’IA, la bulle autour de l’IA risque d'éclater.