sans précédent.
Un journalisme fragilisé
Les modèles économiques traditionnels, basés sur la vente de journaux et les abonnements numériques, peinent à survivre face à la révolution digitale. Les jeunes générations privilégient des formats courts et gratuits, souvent issus de sources diverses et dispersées sur des plateformes comme YouTube, X ou Twitch. Cette fragmentation de l'audience a engendré l'émergence de nouveaux acteurs, souvent innovants, mais qui négligent fréquemment les exigences de rigueur et d'authenticité du journalisme traditionnel. Parallèlement, certains médias accordent une importance croissante aux opinions éditoriales, au détriment du journalisme d'investigation, s'éloignant ainside leur code déontologique.
L'ombre des technologies
À ces difficultés s'ajoute la menace des deepfakes, contenus synthétiques générés par l'IA, capables de produire des images, vidéos et enregistrements audio d'un réalisme troublant. Ces technologies ont des conséquences profondes : elles rendent plus difficile pour les citoyens le discernement du vrai du faux ⚖️ et permettent la manipulation de l'opinion publique par des individus, des groupes ou des organisations. Les réseaux sociaux, avec leur capacité de diffusion massive et instantanée, deviennent des amplificateurs de désinformation, leurs algorithmes favorisant les contenus sensationnalistes au détriment de la véracité. Pour les journalistes, il ne s'agit plus seulement de vérifier les faits, mais d'en garantir l'authenticité. Si des réglementations et des dispositifs de contrôle sont envisageables, la liberté d'expression, valeur fondamentale des sociétés démocratiques, exige une grande prudence pour éviter toute dérive liberticide. Des initiatives technologiques basées sur la transparence semblent donc plus appropriées.La blockchain : une solution prometteuse
La blockchain pourrait constituer une solution clé pour garantir l'authenticité et la certification des informations. Son caractère immuable et public permet une traçabilité inaltérable des contenus publiés. En journalisme, elle permettrait de garantir l'origine et la véracité des informations, qu'il s'agisse d'articles, de photos ou de vidéos. Le public pourrait ainsi vérifier l'authenticité de chaque publication ✅ et s'assurer qu'elle n'a pas été modifiée ou manipulée. Combien d'images de conflits anciens sont aujourd'hui réutilisées comme preuves actuelles, sans contexte ? La blockchain offre également un cadre de transparence et de traçabilité renforçant la crédibilité et la responsabilité des acteurs. Dans un contexte d'anonymat et d'irresponsabilité, elle permettrait de redonner de la valeur aux débats d'idées, tout en respectant la liberté d'expression.Néanmoins, la blockchain ne saurait se substituer au travail fondamental des journalistes : enquêter, vérifier les sources et rapporter les faits. Cette transition technologique doit s'accompagner d'une réaffirmation des valeurs éthiques de la profession et d'une éducation accrue des nouvelles générations à l'analyse critique et à la vérification des sources. La question du modèle économique reste un défi majeur. Il est de notre responsabilité de lutter contre la désinformation et de tirer parti des innovations pour défendre le droit fondamental à une information fiable et authentique. Et pour ceux qui déplorent le recours à la technologie pour combattre la technologie, il est important de noter que les blockchains deviennent de moins en moins énergivores .
Par Fabien Fouissard, Head of Marketing, GenAI & AI advisory chez Fujitsu France