Malgré l’injonction désormais permanente à mettre en œuvre l’IA, principalement dans le cloud, les entreprises se confrontent à la difficulté à l’insérer dans les processus de travail et à en tirer des bénéfices concrets.

Le MIT Technology Review Insights en partenariat avec Infosys Cobalt a publié une enquête internationale sur les investissements en matière d’IA sur le cloud, en interrogeant 500 très grandes entreprises (CA supérieur à 500 millions de dollars) dans différents secteurs d’activité. L’état des lieux en ce domaine est un portrait mitigé de la perception des dirigeants, plutôt poussés par la peur de manquer une évolution technologique.

Le choix d’une solution adéquate, l’analyse de l’infrastructure cloud et un bilan complet sur les données disponibles, sont autant de pré-requis indispensables. Mal intégrés, les outils d’IA générative pourraient même se révéler contreproductifs. D’autre part, l’impact des outils d’IA et IA générative sur l’organisation, l’empreinte carbone, le respect de l’éthique, restent à prendre en compte.

Contrairement aux éléments de communication des fournisseurs de solutions, l’intégration des IA reste une activité de niche, avec pour l’heure, un faible engagement des entreprises. Le très sérieux United States Census Bureau, organisme gouvernemental de statistiques américain, affirme qu’en 2023, les investissements IT des entreprises américaines, notamment dans l’IA et l’IAGen, ont baissé de 0,4 % sur 1 an.

Une appropriation naissante des usages

Néanmoins, l’IA continue à se mettre en place, en appui des applications existantes. Pas d’IA sans le cloud, selon l’étude d’Infosys, près des deux tiers (67 %) des personnes interrogées disposent d'une infrastructure cloud "développée" ou "avancée". Mais moins de 10 % des dirigeants ont pleinement intégré l'IA dans leurs activités.

A la question « Qu’est ce qui décrit le mieux l'importance de votre stratégie et de votre infrastructure cloud pour l'adoption de l'IA ? », la moitié des répondants, utilisent le cloud uniquement pour intégrer des données à des fins d'IA. Pour 30 % du panel, le cloud est exploité seulement pour le calcul, avec les algorithmes et les modèles de langage.

Un petit nombre d’entreprises (13 %) disposent d'une feuille de route détaillée pour de gros investissements dans le cloud. Enfin, 7 % du panel met l’accent sur l’évaluation et la mise en œuvre des stratégies pour assurer la sécurité de l'infrastructure cloud.



La complexité, la sécurité et les défis liés aux données sont autant d'obstacles à la mise en place d’infrastructures cloud idoines. Selon l’étude, à propos des facteurs qui limitent la préparation de leur organisation à l'IA dans le cloud, 45 % des répondants citent
"les préoccupations relatives à la sécurité et à l'utilisation éthique des données, à la protection de la vie privée et à la sécurité en général".

Une part importante (71 %) des dirigeants anticipent une augmentation d'au moins 25 % au cours des deux prochaines années pour les dépenses dédiées à l'infrastructure cloud. Plus d'un quart d'entre eux (27 %) prévoiraient même une augmentation de 50 à 100 %.

Sur le terrain, le tableau est équivoque avec moins de 10 % des dirigeants qui ont pleinement intégré l'IA dans leurs activités. Près de la moitié (48 %) des dirigeants sont en phase d’expérimentation, seuls 8 % d'entre eux déclarent l'avoir complètement intégrée à leurs activités.

En contrepoint, rappelons toutefois les contraintes globales telles les coûts cachés du cloud et la gestion complexe du multicloud.