Certaines entreprises accueillent les nouvelles technologies et les nouvelles tendances informatiques à bras ouverts. Celles qui innovent font preuve d'audace et proposent des avancées qui permettront de modifier leur approche commerciale. En revanche, d'autres se montrent plus prudentes, observent leurs pairs et analysent leurs expériences avant de prendre une décision.
Analyser les vagues d'innovation des dernières décennies permet de mieux comprendre le processus décisionnel dans le domaine des technologies de l'information. Les entreprises ont par exemple dû évaluer l’opportunité d’adopter une stratégie SaaS avec la migration des charges de travail vers le cloud, de remplacer les modèles de connectivité en étoile par le SD-WAN ou de mettre en place un nouveau modèle de sécurité Zero Trust avant que ces tendances ne se généralisent. Elles ont dû apprendre à utiliser les nouvelles technologies pour créer de la valeur, mais il leur fallait également être conscientes de leurs limites pour minimiser les risques ou les pertes financières potentielles.
Les raisons qui incitent à innover sont souvent économiques. Toutefois, lorsqu’une entreprise investit dans les nouvelles technologies pour gagner en agilité, en flexibilité, en expérience utilisateur et pour limiter ses dépenses, le niveau des attentes augmente. Les fusions et acquisitions sont par exemple censées accélérer la croissance organique d'une entreprise. Fusionner l'infrastructure informatique de deux entreprises peut être un processus complexe et chronophage, mais c'est aussi une opportunité propice à l'innovation.
Les adeptes de la première heure
Ce sont les DSI, les CTO et les RSSI qui sont chargés de prendre des décisions concernant les solutions pour l’avenir à long terme de l’entreprise. Comment doivent-ils optimiser leur processus décisionnel et quels critères doivent-ils privilégier lors des discussions stratégiques avec leur Direction ?Si mon choix s’est dirigé vers la nouvelle technologie de l'architecture Zero Trust (ZTA), c’était pour tenir compte des objectifs de mon entreprise en termes de fusions et d’acquisitions (M&A). Il est extrêmement difficile d'intégrer les réseaux de deux entreprises distinctes, car leurs infrastructures diffèrent, d'où des complications et des dysfonctionnements. Ce processus demande beaucoup de temps et d'efforts et peut également être source de pertes financières jusqu'à ce que l'intégration soit achevée. À cela s'ajoute le besoin de prendre en compte les questions de sécurité car vous ne voulez pas risquer de vous retrouver à la merci d'une faille.
En 2017, trouver une solution s’est avéré particulièrement difficile et jalonnée de nombreux essais et d’erreurs. Nous avons expérimenté de nombreuses technologies éprouvées à l'époque, telles que le VDI de 2017 à 2018, le streaming d'applications, et même les solutions en périphérie. Cependant, aucune de ces technologies ne parvenait à éliminer les frictions inhérentes aux fusions et acquisitions. Jusqu’au moment où j'ai compris que c'était la topologie du réseau elle-même qui nous empêchait de progresser rapidement.
Dès que j'ai eu ce déclic, j'ai décidé de consacrer du temps à explorer les avantages d'un nouveau terme à la mode, le « Zero Trust ». À ce moment-là, les informations étaient rares. Cette tendance technologique était encore nouvelle et le terme Zero Trust n'avait pas encore été inventé. Je suis arrivé à la conclusion, seul, qu'il fallait absolument révolutionner la connectivité pour créer une architecture capable de résoudre les problèmes de réseau. Il fallait aussi démontrer la validité de ce concept sous différents angles.
J'ai consacré beaucoup de temps et d'efforts à effectuer des recherches. Pour intégrer avec succès une nouvelle technologie, il m’a fallu deux éléments essentiels : la liberté de penser différemment et le temps nécessaire pour faire confiance à une approche entièrement nouvelle qui pouvait soit mettre un terme à ma carrière, soit lui donner un coup d'accélérateur.
Créer des communautés sur la voie de l'innovation
Pour se rassurer, il est souvent utile de s’adresser à d'autres utilisateurs ou aux concepteurs des nouvelles solutions. Cette leçon, je l’ai apprise en 2006 lorsque j'ai fait partie des premiers à adopter les services de cloud public. Avant d'essayer, cette technologie me semblait complètement abstraite et il a fallu du temps pour créer une dynamique. Trouver des adeptes de la première heure est souvent difficile, surtout lorsque l'on est soi-même à l'origine d'une nouvelle tendance.Toutefois, s’entourer d’une communauté de technologues partageant la même vision peut aider à sortir du cycle infernal des itérations. Pensez aux prémices d'AWS. À l'époque, seulement quelques centaines de personnes participaient à des évènements pour en découvrir les avantages. Aujourd'hui, des dizaines de milliers de personnes assistent à des séminaires à travers le monde pour partager leurs expériences et leurs bonnes pratiques.
Il en est de même pour le Zero Trust. Cette nouvelle tendance a débuté avec une poignée d’utilisateurs qui ont compris pourquoi il fallait bouleverser le monde de la connectivité informatique. Ces quelques personnes ont vite été convaincues et se sont mutuellement inspirées les unes des autres.
Forger la culture de l'entreprise
Mes premières expériences dans le cadre d'une fusion-acquisition ont incité d'autres entreprises à envisager un environnement de travail sécurisé et accessible depuis partout, semblable à un « coffee shop », pour fidéliser les collaborateurs. Ces nouvelles technologies ne se contentent pas de résoudre les problèmes des entreprises. Elles ont le pouvoir d’en faire changer la culture. Les innovations technologiques révolutionnaires comme le Zero Trust changent radicalement la manière dont les gens travaillent.Afin de faire évoluer la culture d’une entreprise, il faut rallier l’ensemble de l'entreprise à cette cause. Seul, c’est impossible. Dans mes propres entreprises, j’ai défendu l'idée de former des équipes et des groupes de travail dédiés au changement. L'objectif initial est de créer un comité composé de différentes parties prenantes de l'entreprise et de convenir de procédures et de normes communes concernant ce changement, puis de se lancer concrètement dans la sensibilisation de l'ensemble de l'entreprise.
Les avantages du pionnier
Ainsi pour devenir un véritable pionnier, il faut surveiller attentivement son secteur et garder un œil attentif sur les prochaines grandes percées technologiques. En assistant par exemple à des conférences où il est possible de rencontrer des pairs et découvrir les technologies les plus prometteuses. C‘est dans le même état d’esprit que de nombreuses entreprises se sont lancées avec confiance à la conquête du pouvoir de l'IA.Par Martyn Ditchburn, CTO pour la région EMEA chez Zscaler