Selon le rapport LaborIA quand 50 à 70 % des tâches peuvent être réalisées par une ou plusieurs IA elles recèlent une probabilité élevée de transformation. Ce rapport montre que les phases préliminaires d’un projet d’IA ont un impact élevé sur le sens du travail, l’évolution des compétences et l’autonomie, mais qu’une fois le projet déployé, l’impact de l’IA diminue.
Reste à analyser plus finement les transformations de cette technologie sur les différentes dimensions du travail. Une étude de la banque centrale européenne rappelle que pendant le boom du deep learning, ancêtre de l’IA, pendant les années 2010, les professions potentiellement plus exposées ont augmenté leur part d'emploi en Europe. Il s’agit, notamment des métiers en lien avec la robotique, l'apprentissage supervisé et non supervisé, le traitement du langage naturel, la traduction automatique et la reconnaissance d'images. Cependant, le déploiement fulgurant de l’IA générative risque de changer sérieusement la donne.
La graphique ci-dessous montre le coefficient de corrélation entre impacts sur l’emploi et mise en œuvre de l’IA, sur 3 niveaux d'éducation de la population, selon deux méthodes de calcul. Pour les professions dont le niveau d'éducation moyen se situe dans les groupes de compétences faibles et moyennes, l'exposition à l'IA ne semble pas bouleverser les choses de manière significative. En revanche, pour le groupe des professions hautement qualifiées, l’analyse montre l’impact significatif de l’IA.
Un quart des emplois sont susceptibles d’évoluer fortement sous l’influence de l’IA
La méthode d’évaluation des experts de la BCE repose sur les sources existantes, à savoir les descriptions de brevets d'IA et les descriptions d'emploi. Elle mesure aussi les conséquences de l’exposition aux logiciels. Ces données révèlent qu'environ 25 % de tous les emplois dans ces pays européens se situent dans des professions fortement exposées à l'automatisation par l'IA. Et plus précisément, dans le tiers supérieur de la mesure de l'exposition. D’après ces données, la BCE conclut à une opportunité plutôt qu’à un risque. Il faut sans doute pondérer cette affirmation, issue de la puissante banque centrale européenne, qui montre un biais favorable aux technologies numériques face aux critiques d’une partie de la communauté scientifique.Quel que soit l'indicateur d'IA utilisé dans l’étude la BCE, l'avantage estimé pour le groupe le plus jeune semble être le double de celui des autres groupes d'âge. L'automatisation par l'IA serait donc associée à une augmentation de l'emploi en Europe, principalement pour les professions hautement qualifiées et les jeunes travailleurs.
Comme nous l’avons indiqué dans IT SOCIAL, la mise en oeuvre de l’IA exige une mise à jour ou une sérieuse formation initiale. Au delà de l’automatisation des processus, le scepticisme sur l’IA appliquée aux processus décisionnels majeurs prévaut avec seulement 15 % des salariés qui croient en son efficacité.