Au 21e siècle, l’attractivité d’un pays ne se mesure plus seulement par la qualité de ses infrastructures de transport et le niveau de ses ingénieurs et de ses universités, ainsi que le dynamisme de son économie, il est désormais aussi jugé sur la qualité de ses infrastructures cloud et la facilité d’accès à celles-ci.
Dans une période charnière de l’évolution, où l’économie, et la société mondiale dans sa totalité, subissent des perturbations qui remettent en cause les anciens modèles
(de travail, de consommation, d’interaction…) le cloud apparaît comme le facilitateur qui permet aux capacités créatives, des individus et des entreprises, de s’exprimer grâce à un accès facile et peu onéreux au numérique.
Dans ce contexte, la capacité du cloud à démocratiser le recours à des technologies de pointe, en éliminant la nécessité d’acquérir, gérer et maintenir en condition opérationnelles des infrastructures (applicatives et matérielles) coûteuses. Le cloud a changé la donne en permettant aux petites et moyennes entreprises, aux acteurs historiques et aux startups d’accéder aux technologies numériques sur un pied d’égalité, et d’avoir les mêmes chances de construire, gérer, sécuriser et déployer les technologies les plus récentes.
Dans une économie où chaque entreprise est une entité technologique pouvant créer de nouvelles opportunités grâce au cloud, il devient impératif de quantifier et de qualifier l’attractivité du pays en fonction de la richesse et de la facilité d’accès au cloud. C’est ce qu’a fait le MIT dans une étude de la série Technology Review Insights, MIT Tech Review The Global Cloud Ecosystem Index 2022. L’étude présente le classement de 76 pays et territoires en fonction de la façon dont la technologie, les réglementations et les talents favorisent la disponibilité des services de cloud. Il évalue et compare également les cadres réglementaires et les pratiques numériques qui favorisent l’utilisation des modèles de cloud dans le secteur public et privé.
Quatre domaines d’étude pour départager les concurrents
Les enquêteurs se sont appuyés sur quatre éléments relatifs au cloud, et le rôle que chacun d’eux a joué dans la promotion de la disponibilité des services de cloud computing. Les pays sont classés en fonction de leurs performances dans chaque domaine : infrastructure, adoption de l’écosystème, sécurité et assurance, et la richesse et l’attraction des talents (les compétences en ingénierie et en informatique).
Dans ce « concert des nations », la France se classe à la huitième place.
Après Singapour, le reste des 9 premières places de l’Index 2022 est occupé par des pays européens
(et principalement de l’Union européenne), dont les cinq pays scandinaves. La Finlande 2, la Suède 3, le Danemark 4, La Suisse 5, l’Allemagne 6, l’Islande 7, la Norvège 9 et le Luxembourg 10e. La Grande-Bretagne est 11 et les États-Unis 17.
En examinant les différents scores sous l’angle géographique, des similitudes se dégagent : les pays qui mènent sont ceux qui favorisent l’adoption de services numériques en se concentrant sur l’infrastructure physique et la clarté réglementaire. Après Singapour, l’Australie et la Nouvelle-Zélande se classent en deuxième et troisième position parmi les nations de l’APAC. Ces deux économies centrées sur le numérique ont connu une augmentation de l’adoption du cloud parmi les plus rapides au monde, selon le rapport Cloud Radar 2021 d’Infosys.
La confiance dans le numérique, un facteur essentiel de sa diffusion
De son côté, l’UE bénéficie d’une dynamique favorable, y compris et surtout pour ses acteurs locaux, au regard des réglementations qui ont été votées, ceci malgré les problèmes créés par l’invalidation du Privacy shield et la lutte menée par les régulateurs pour préserver les données des européens de l’extraterritorialité des lois américaines. Le rapporte estime que « les régulateurs de l’UE entretiennent souvent une relation combative avec les entreprises de la “big tech”, y compris les leaders mondiaux du cloud, mais cette position litigieuse, à première vue, semble en désaccord avec leur leadership en matière de cloud », remarquent avec justesse les rédacteurs du rapport.
Le rapport estime donc que la régulation, en somme la confiance dans le cloud, a été un facteur indispensable à l’adoption de celui-ci : « ces tendances sont peut-être mieux considérées comme faisant partie d’une posture politique qui cherche à préserver les droits des consommateurs numériques — en grande partie établis par le Règlement général sur la protection des données (RGPD), un cadre historique de protection des données entré en vigueur en 2018 — et à freiner les tendances monopolistiques du secteur des services Internet », estime le rapport.
Ainsi, « les leaders européens du cloud ont créé une société numérique qui renforce la confiance dans ses institutions et, dans de nombreux cas, en fait un avantage concurrentiel », estime le rapport. C’est par exemple le cas du Luxembourg (10e place) qui a ajouté des services d’hébergement de centres de données et de cybersécurité à son rôle traditionnel de centre financier et de services aux entreprises.