Nouvellement nommé à la tête de la DSI de GE, Jim Fawler s'est vu confier la mission de faire gagner le groupe en productivité pour 1 milliard de dollars au cours des 3 prochaines années. Et pour cela il va se tourner massivement vers le nuage.
Jim Fowler est-il « The luckiest CIO in the world » - le DSI le plus chanceux du monde – comme l'a affirmé Jeffrey Immelt, le CEO de GE, le gigantesque conglomérat industriel américain (ex General Electric) souvent cité en référence ? C'est en tout cas en ces termes que le patron l'a intronisé dans sa nouvelle fonction, CIO de GE, la plus grande entreprise du monde.
Précédemment CIO de GE Capital, Jim Fowler évolue certes dans un domaine qui lui est connu. Et il bénéficiera pour remplir sa mission au cours des 3 prochaines années d'un budget de 15 milliards de dollars, inimaginable pour la plupart des DSI de la planète.
Economiser 1 milliard de dollars
Mais dans le même temps, le grand patron lui a fixé un objectif ambitieux, réduire les coûts afin de gagner 1 milliard de dollars en productivité ! Ambitieux et stratégique, mais également délicat, car GE est à un tournant de sa riche et longue existence, celui de la transformation digitale qui doit mettre fin à une paranoïa à la fois interne, mais également externe via les marchés, celle d'un retour aux racines industrielles du groupe.
Un point de vue qui, on l'imagine, entraine de fortes oppositions au sein même du groupe, avec des forteresses comme le pétrole, le gaz, les chaudières, les avions, les locomotives, qui sont autant de mastodontes qui font la fortune du groupe, mais qui sont également des pôles d'immobilisme.
Pour autant, Jim Fowler bénéficie de l'appui de son patron et de son conseil d'administration, ce qui devrait l'aider. Pour Jeffrey Immelt, cette confiance se traduit par la garantie de bénéficier d'une visibilité totale sur tous les aspects de l'entreprise. « The luckiest CIO in the world » prend ici tout son sens...
Alors, comment le nouveau DSI de GE va-t-il remplir sa mission ?
La réponse est finalement très simple : GE va migrer massivement ses applications dans le Cloud. Pour réduire le fardeau de l'informatique, GE va se tourner vers l'utilisation des applications en mode SaaS (Software-as-a-Service). 70 % des applications devraient migrer vers le nuage d'ici à 2020. Et en plus, ce mouvement devrait permettre de réduire singulièrement la voilure en matière de mises à jour et de correctifs.
Jim Fowler cite un exemple : une application dans le pétrole ou le gaz coûte environ 65.000 dollars pour fonctionner sur site. Portée dans le cloud, elle ne coûtera plus que 6.000 dollars ! Et le déploiement de la seule application sera porté de 20 jours à 2 minutes ! Certes, nous sommes dans des domaines industriels particulièrement pointus et consommateurs en ressources, cependant l'échelle des gains est considérable.
Ce mouvement vers le nuage va s'accompagner d'une plus forte intégration des systèmes d'informations traditionnels et opérationnels afin d'apporter plus de valeur, en particulier commerciale. Un autre axe sera de porter les outils de la DRH dans le cloud. Chaque année, cette dernière examine 10 millions de dossiers de candidatures potentielles, un volume que la DSI de GE ne veut plus supporter.
Limiter les développements internes
Cette dernière décision est d'ailleurs emblématique de la nouvelle stratégie IT imprimée à GE. Le groupe dans beaucoup de domaine a l'habitude de réaliser des développements internes. Lorsque les solutions existent, il se tournera désormais vers ses partenaires externes et dans le cloud. Jim Fowler a en particulier cité Oracle !
Pour autant, GE n'abandonne pas les développements internes. En s'appuyant cependant sur des plateformes qui l'y aideront, à l'exemple de la prise de capital de GE dans Pivotal, aux cotés d'EMC et de VMware, afin de tirer le meilleur profit de la plateforme open source Cloud Foundry PaaS.
Autre exemple, l'IoT, l'Internet des Objets. GE a identifié le potentiel de ce marché, qu'il estime en milliards de dollars. Dans ce domaine émergent – et encore loin d'être stable en matière de standards - GE continuera de développer des applications en interne. D'ou également l'usage du cloud et l'intégration des SI existants.
Dernier point, pour affronter ses rivaux - ils doivent être nombreux chez le géant mondial de l'industrie, nous l'avons évoqué - Jim Fowler, CIO de GE, n'aura pas le droit à la passivité. Tout du moins dans les prochaines années et jusqu'en 2020.