La pénurie de semiconducteurs a généré un mouvement mondial d’augmentation des capacités de production. Une ruée qui s’apparente au mouvement de balancier passant d’un extrême à l’autre et qui risque d’être rapidement à l’origine d’une crise de surcapacité.
La civilisation mondiale en l’an 2021 est irrémédiablement dépendante des semiconducteurs. Tous ceux qui ont essayé d’acquérir un ordinateur portable durant ce mois de septembre, télétravailleurs ou étudiants à distance, auront remarqué que les rayons des magasins, numériques ou physiques, sont clairsemés. La cause en est la pénurie de semiconducteurs et les problèmes industriels, comme la réaffectation des capacités de production lors du premier confinement, ou ceux de la chaine d’approvisionnement (transport maritime, rareté et coût en augmentation des conteneurs…). La pénurie ne touche pas que le marché des ordinateurs, ceux de l’automobile, des jeux vidéo ainsi que d’autres secteurs en pâtissent aussi.
La pénurie mondiale de ces minuscules composants est telle que les gouvernements se sont saisis du problème, invitant les industriels à investir et instaurant des politiques incitatives. De plus en plus de pays font pression pour produire leurs propres puces. Le Projet important d’intérêt européen commun (PIIEC) sur les technologies de la microélectronique et des communications en est un exemple pour préserver la compétitivité de l’Europe, alors que les autres grandes régions du monde accélèrent leurs programmes de soutien à leurs industries domestiques.
Surcapacités en 2023
Cependant, cette ruée ne manquera pas de produire un effet de balancier. Passant d’un extrême à l’autre, l’industrie des semiconducteurs risque de se retrouver en surcapacité dans les années à venir. C’est la crainte qu’exprime le dernier rapport d’IDC sur les perspectives du marché. Le cabinet d’étude prévoit une croissance de 17,3 % en 2021, contre 10,8 % en 2020. IDC prédit que l’industrie « connaîtra une normalisation et un équilibre d’ici le milieu de l’année 2022, avec un potentiel de surcapacité en 2023 lorsque des expansions de capacité à plus grande échelle commenceront à être mises en ligne vers la fin de 2022 ».
Certes, le marché n’a jamais été aussi dynamique et la demande est tirée par des segments en croissance : les smartphones, les ordinateurs portables, l’automobile, les objets connectés et la domotique… Mais malgré une demande qui reste soutenue, IDC s’attend à ce que les pénuries de circuits intégrés continuent à s’atténuer jusqu’au T4 2021, ceci grâce à l’augmentation des capacités de production. En effet, les fonderies tournent à plein régime actuellement et ça devrait durer encore quelques mois afin de répondre à la demande. « Les capacités de production ont été allouées pour le reste de l’année, avec une exploitation à près de 100 % », estime IDC.
Des prix à la hausse
Pendant que les industriels et les états s’affairent, les prix continuent de grimper. La loi de l’offre et de la demande reste implacable, surtout dans une période où les besoins des entreprises et des particuliers sont au plus haut. En subdivisant la production en fonction des segments de marché, IDC prévoit que les revenus des semiconducteurs 5G augmenteront de 128 %, et le total des semiconducteurs pour téléphones mobiles devrait croître de 28,5 %.
Les consoles de jeux, la maison intelligente et les « wearables » connaîtront une croissance de 34 %, 20 % et 21 % respectivement. Les revenus des semiconducteurs automobiles augmenteront également de 22,8 %, les pénuries étant atténuées d’ici la fin de l’année. Les revenus des semiconducteurs pour ordinateurs portables augmenteront de 11,8 %, tandis que les revenus des semiconducteurs pour serveurs X86 augmenteront de 24,6 %.
« Dans l’ensemble, le marché des semiconducteurs atteindra 600 milliards de dollars d’ici 2025, soit un TCAC de 5,3 % sur la période de prévision. Ce taux est supérieur à la croissance normale de 3-4 % observée historiquement », conclut le rapport.