Le Cloud est en passe de révolutionner l’ensemble des processus opérationnels de l’entreprise et concerne aussi bien le traitement des données que leur gestion et leur stockage. Mais si la lecture de certains succès pourrait laisser penser que la meilleure stratégie à adopter est de miser sur un déploiement 100% cloud public, il est important de se rappeler que le cloud ne constitue pas une solution miracle. Au même titre que toute autre modèle d’infrastructure accessible aux entreprises, le cloud comporte son lot d’avantages et de défis qui lui sont propres.
A sa création, le cloud devait permettre de s’affranchir des fournisseurs et de ne pas se retrouver « prisonnier » d’une technologie jusqu’à ce que le matériel devienne obsolète ou que l’analyse coût-avantages de l’environnement atteigne sa conclusion logique. Dans le cadre des déploiements cloud actuels, et particulièrement dans le domaine de l’analyse de données, ce phénomène d’enfermement propriétaire existe toujours, mais cette fois-ci au sein d’un seul environnement cloud. Il s’agit d’une des raisons majeures qui expliquent pourquoi les entreprises sont de plus en plus nombreuses à s’orienter vers une stratégie multi-cloud, apportant la preuve supplémentaire que le cloud n’est pas un remède magique. Beaucoup d’entreprises ne découvrent que plus tard les difficultés et les coûts liés au transfert de leurs données d’un fournisseur hyper cloud à un autre, ou même d’un retour de leurs données à un environnement sur site.
Il est pourtant possible de tirer profit des avantages du cloud tout en évitant ces phénomènes. Pour ce faire, il est néanmoins essentiel d’accorder à l’entreprise le temps nécessaire et les outils qui lui permettront d’élaborer une stratégie efficace reposant sur l’équilibre optimal entre bénéfices et risques liés aux technologies d’infrastructure.
Pourquoi l’entreprise cherche-t-elle à s’orienter vers le cloud ?
Il s’agit de réfléchir aux aspects et aux avantages du cloud qui paraissent les plus intéressants pour l’entreprise, et d’étudier la manière dont ceux-ci s’intègrent dans la réalité opérationnelle du quotidien et les objectifs à long terme de l’entreprise. Pour les entreprises dont les besoins de traitement varient considérablement tout au long de l’année, les bénéfices de l’utilisation du cloud peuvent justifier la majorité des effets négatifs de la technologie. C’est le cas pour les entreprises du secteur du retail, dont les ventes en magasin et en ligne sont amenées à augmenter de façon drastique à la période des fêtes et à l’occasion d’autre temps forts pendant l’année.
À l’inverse, la puissance d’évolutivité offerte par le cloud, prévue pour distribuer la puissance analytique à une échelle internationale, à des milliers d’employés, de clients, de fournisseurs et de partenaires, représente un investissement peu intéressant pour les petites entreprises composées d’un seul site.
L’objectif est-il de réduire les coûts ou la complexité ?
Les arguments marketing qui présentent le cloud comme une solution facile à mettre en œuvre sont séduisants, mais la réalité est tout autre : migrer les données d’un entrepôt de données ou de tout autre environnement analytique vers le cloud soulève les mêmes difficultés que de transférer des données d’une plateforme de base de données à une autre.
Les équipes doivent être en mesure d’assurer la migration, le suivi, et la réalisation de tests du nouvel environnement. Lors de la migration de systèmes développés sur une certaine période, l’approche du « lift and shift » implique inévitablement des problèmes d’ordre technologique et nécessite de prendre des décisions d’ordre fonctionnel, non sans incidence sur le fonctionnement de l’entreprise ou de des applications.
Il est vrai que le cloud permet de s’affranchir de certaines tâches d’administration de base de l’environnement telles que les mises à jour logicielles et le dimensionnement des serveurs. Mais les tâches plus complexes comme celles relatives aux performances des bases de données, à l’analyse de l’utilisation et à la gestion des coûts, de la sécurité et de la confidentialité restent d’actualité. À ces difficultés technologiques s’ajoutent les défis culturels et opérationnels liés à la migration vers le cloud. Des défis souvent encore plus délicats et chronophages.
Il est donc primordial d’apporter des réponses honnêtes aux questions suivantes : le cloud sera-t-il un moyen de réduire les coûts à court ou long terme ? L’entreprise possède-t-elle la bande passante nécessaire pour faire face aux complexités du cloud ? Les ressources internes sont-elles suffisantes, et si non, faut-il étudier les alternatives ?
Quelles sont les attentes en matière d’analytique ?
Il s’agit d’avoir une idée réaliste de l’usage que l’entreprise aura de l’analyse de ses données. Le cloud permet aux entreprises de gravir les échelons des workloads analytiques, pour passer du reporting à la BI et jusqu’à l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique, sans être freinées par les déploiements sur site classiques.
La capacité supplémentaire du cloud à couvrir l’ensemble des workloads permet aux entreprises de plus facilement exploiter les données et de mettre celles-ci aux services de tous les processus métiers. Il est également important pour l’entreprise d’étudier les différents fournisseurs pour déterminer lequel lui correspond le mieux, en fonction des objectifs qu’elle s’est fixés quant à l’exploitation de ses données.
Les systèmes de gestion étendu de bases de données des fournisseurs classiques auront tendance à mieux répondre aux besoins spécifiques de l’entreprise, comparativement aux fournisseurs de cloud public qui eux doivent répondre à tout un ensemble de besoins d’entreprise variés et n’ont peut-être pas la spécialisation ou l’expérience permettant de répondre à ces problèmes plus pointus.
Il est important de rappeler que, si la migration vers le cloud n’est pas exempte de difficultés, il reste possible de rentabiliser son investissement en ayant une vision claire des bénéfices et des écueils d’une telle migration.
Adopter une approche du cloud centrée sur les données et l’analytique et axée sur la stratégie propre à l’entreprise permet de basculer entre environnement sur site, hyper-cloud ou cloud managé spécialisé, en éliminant les contraintes technologiques inopportunes pour dégager le plus de valeur. Ce niveau de flexibilité permet d’éviter l’enfermement propriétaire et de s’orienter vers l’option dé déploiement la plus adaptée pour se concentrer sur le développement de l’entreprise plutôt que sur ses choix technologiques passés.
Par Jean-Marc Bonnet, Directeur Avant-Vente Teradata Western Europe