Par Jérémie Ouaki, Manager conseil en change management
Le change management à l'ère de la globalisation et des multinationales demande une grande faculté d'adaptation, et nécessite un changement d'échelle que nous nous chargeons d'expliciter ici.
Planifier globalement, mettre en oeuvre localement
Le Change à l’international fait référence à la conduite du changement au sein de grands groupes implantés mondialement. Le change, via un ensemble d’outils et de méthodes, permet d’expliquer et de faire adhérer les équipes à un projet de transformation. A l’international, la situation est beaucoup plus complexe : le décalage horaire, les différences de culture, de langue, de législation mais aussi de calendrier local sont autant de bâtons dans les roues du Change manager.
En parallèle, les initiatives de changement sont conçues au siège de l'organisation avec une contribution locale limitée. Le plus souvent, la direction s’en tient à son propre plan soigneusement élaboré. Résultat : le central n’arrive pas à rallier l'adhésion locale à l'initiative et la transformation est incomplète.
Pour éviter cela, il faut penser une vraie stratégie Change à l’international avec des méthodes adaptées : il faut planifier globalement et mettre en oeuvre localement !
L’analyse d’impacts : comprendre l’entreprise et ses spécificités locales !
Ne l’oublions pas, nous ne transformons jamais dans l'amnésie. Cette analyse permet d’identifier toutes les conséquences d'un changement sur les collaborateurs, processus et métiers à l’échelle mondiale.
Tips Change : prévoir une immersion auprès d’une sélection représentative de filiales pour adapter sa stratégie.
Les sponsors : identifier les bonnes personnes en local !
Un sponsor va prendre les décisions qui s’imposent afin que le projet dispose en permanence de ressources et d’un appui suffisant. A l’international, il est important de trouver des leaders influents dans chaque région et de les accompagner avec une feuille de route garantissant leur implication.
Tips Change : créer un dispositif efficace d’on-boarding et de transmission de l’information auprès de tous les sponsors régionaux.
Les ambassadeurs : créer une légitimité en interne via des relais !
Il est d’usage de mobiliser des experts métiers en tant qu’ambassadeurs d’un projet. Dans un contexte international, chaque région doit être représentée afin d’assurer un relai local. Il est primordial de s’appuyer sur leur légitimité pour instaurer un climat de confiance et une adhésion rapide.
Tips Change : s’assurer d’avoir un bon système de communication avec ces ambassadeurs (outil, fréquence) et prévoir des « relay call » réguliers avec l’ensemble des pays.
Le plan de communication : éviter l’effet tunnel et la défiance vis-à-vis d’un projet siège !
Il est vital de désamorcer les bruits de couloir qui créent de la peur et de la résistance via un ensemble de communications internes, globales ou ciblées. A l’international, ceci est encore plus vrai. Il s’agit ici de mettre en valeur les prochaines étapes du projet et ses avancées en gardant à l'esprit que certaines régions préfèrent des canaux de communication à d’autres. Il peut être judicieux de décliner certains des messages dans toutes les langues concernées.
Tips Change : adapter les supports et ne pas mettre le plan de communication en standby pendant les phases difficiles du projet.
Le plan de formation : accompagner en s’adaptant aux spécificités locales !
Il est important que chaque région soit impliquée dans la conception des outils de formation. Pour se faire, il faut prendre le temps d'adapter la formation, les outils et les ressources en fonction des résultats de notre analyse d’impact et des retours des ambassadeurs.
Tips Change : adapter les images pour correspondre à chaque culture et sélectionner des formateurs locaux qui sauront mieux transmettre les messages clés.
Le pilote et le déploiement : localiser votre stratégie et votre plan !
Tout se joue à ce moment-là car le go live est la suite logique d’un pilote réussi. Le Change manager prépare alors le déploiement à grande échelle et doit adapter la stratégie de lancement aux réalités locales. C’est également utile de caler au fil de l’eau des retours d’expérience de régions déployées afin d’optimiser la suite du roll out.
Tips Change : se poser les bonnes questions et prioriser les vagues de déploiement de façon logique (ex : faut-il déployer les zones les unes après les autres ou plutôt les bureaux par ordre de priorité business ?)
Afin de réussir une stratégie Change à l’international, le Change manager doit s’appuyer sur les pays et tirer profit des ambassadeurs locaux en tant que champions du changement tout au long du processus. Pour conclure, l’analogie du sachet de thé est on ne peut plus explicite : il n'existe pas en soi, il n'existe que dans la propension à être diffusé. Ainsi, le Change manager réussira s’il « disparait » et que l’entreprise s'approprie in fine le changement de façon locale.