Derrière chaque service cloud, chaque messagerie, chaque smartphone, chaque objet connecté, bientôt chaque véhicule, il y a un serveur, et ce serveur est dans un datacenter. Google l’a bien compris qui cherche à combler son retard sur ses concurrents en investissant massivement sur ses datacenters.
L’année 2016 a vu Google augmenter son investissement en capital. Si l’on reprend les comptes d’Alphabet, dont Google est la filiale, le Capex est passé de 9,9 milliards de dollars en 2015 à 10,9 milliards en 2016, soit une augmentation légèrement supérieure à 10%. Certes, tout ce capital investi ne va pas aux seuls datacenters, mais ils en composent la majeure partie.
Google l’avait indiqué en mars 2016, il monte en puissance ses investissements dans les datacenters. Une stratégie qui s’est construite via l'embauche de Diane Greene, l’un des fondateurs de VMware, pour diriger la division cloud d’entreprise, et confirmée par Ruth Porat, CFO (DAF) de Google qui a déclaré que les dépenses en immobilisations reflètent « les investissements dans les équipements de production, des installations et la construction de datacenters ».
Pourquoi une telle course à l’investissement ?
Au sein du marché du cloud, si le SaaS domine il est l’apanage des éditeurs, les opérateurs du cloud n’étant qu’un relai, avec une marge sur ce produit qui demeure donc faible. Le PaaS semble être hors hors-jeu (lire notre article : "Cloud : le PaaS est-il mort ?"). Demeure l’IaaS (Infrastructure as-a-Service), qui ne cesse de progresser en alternative aux infrastructures ‘on premises’, et qui est à la fois une source de revenus à forte marge et un relai de croissance pour les opérateurs.
Le pic des dépenses en capital de Google est donc à la fois en ligne avec la montée en puissance des investissements dans ses datacenters pour appuyer ses services de cloud computing pour les entreprises, mais également une priorité pour Google dans la course pour rattraper Amazon et Microsoft. Rappelons qu’en 2015, sur un marché estimé à 11 milliards de dollars, AWS assurait la course en tête avec 70% de part de marché, suivi par Azure à 11%. Quant à Google, avec 2,5%, il se plaçait… en 6ème position derrière l’inattendu Alibaba, IBM et Rackspace.
Rattraper le retard
La stratégie d’investissement de Google dans le datacenter vise donc à rattraper le retard de la société dans ses implantations face à ses deux principaux concurrents afin de satisfaire ses clients potentiels. C’est ainsi que Google va multiplier les ‘régions’ couvertes par un datacenter :
- En 2016 Google a lancé deux nouvelles implantations de datacenters :
- Tokyo
- The Dalles (Oregon)
S’y ajoute l’extension du datacenter de Dublin (Irlande)
- En 2017, Google devrait ouvrir 8 autres implantations :
- Sydney
- Sao Paulo
- Francfort
- Mumbai
- Singapour
- Londres
- Hamina (Finlande)
- Nord de la Virginie
Une stratégie cloud plus mature
Notons que l’extension de l’empreinte de Google dans le cloud repose sur deux stratégies : la construction de datacenters en propre et la location. « Nous allons utiliser de multiples chemins d'exécution pour les besoins des datacenters, a déclaré Ruth Porat. En d'autres termes, toutes les régions du cloud ne vont pas nécessairement être logées dans un datacenter Google. Nous n’avons donc pas besoin de construire des datacenters dans tous ces lieux ».
L’approche de Google dans ses investissements d’infrastructure a muri. Trois raisons à cette mutation :
- L’échelle des investissements dans les datacenters est pensée aujourd’hui beaucoup plus en termes de services rendus aux clients externes que de support des services internes.
- L’explosion du machine learning et des technologies d’Intelligence Artificielle, sur lesquels Google investit massivement, nécessitent une plus forte proximité avec les sources de données.
- La présence de Diane Greene pour définir cette stratégie. « Je voulais mettre nos efforts à l’échelle, c’est pour cela que notre entreprise a recruté un grand leader qui comprend ce domaine en profondeur », disait récemment Sundar Pichai, CEO de Google.