Dans un contexte où les systèmes d’informa6on deviennent de plus en plus complexes et distribués, l’observabilité IT s’impose comme un pilier stratégique pour garan6r la performance, la sécurité et la résilience des infrastructures numériques. Pourtant, cette quête de visibilité totale se heurte à un obstacle majeur : son coût.

Le paradoxe de l’observabilité moderne

L’observabilité, entendue comme la capacité à collecter, corréler et analyser des données issues de systèmes IT des applications, dans le contexte du service métier, pour en comprendre le comportement, est devenue incontournable. Elle repose sur trois piliers : les logs, les métriques et les traces. Mais à mesure que les environnements hybrides et multiclouds se généralisent, le volume de données à traiter explose. En moyenne, les entreprises ont vu leur volume de données d’observabilité être multiplié par cinq en trois ans.

Aujourd’hui, très peu d’organisations peuvent ignorer l’importance d’une visibilité complète sur leur stack IT. Mais l’augmentation exponentielle des volumes de données générées par les architectures modernes micro services, conteneurs, orchestrateurs crée une multiplication des factures : stockage, ingestion, requêtage, rétention, ressources machines… financiers, mais aussi humains.

Lorsque 70 % des données ingérées sont superflues, la note devient non seulement salée, mais contre-productive : entre licences agents multiples, compétences pointues et charges de traitement excessives, le retour sur investissement diminue, voire s’inverse

Or, la majorité des plateformes du marché adoptent un modèle de tarification basé sur la consommation. Résultat : plus vous collectez de données, plus la facture grimpe. Cette dynamique pousse les équipes IT à faire des compromis dangereux :

  • Réduction du périmètre de collecte
  • Surveillance partielle de certains systèmes
  • Abandon de données critiques pour la sécurité ou la conformité
  • Difficultés accrues pour l’analyse des causes profondes

Ces arbitrages sapent la promesse même de l’observabilité : fournir une vision complète et exploitable du système d’information.

Une observabilité maitrisée et sans compromis

Comment concilier couverture maximale et maîtrise des coûts ? Une stratégie qui repose sur trois axes majeurs peut vous y aider :

1.  Une observabilité standardisée avec OpenTelemetry

OpenTelemetry est une standard open source soutenue par la Cloud Native Computing Foundation (CNCF). Cette approche permet de collecter logs, métriques et traces de manière unifiée, quel que soit l’environnement (Cloud natif ou traditionnel).

L’intérêt ? Une portabilité accrue entre les outils, une réduction du verrouillage fournisseur, et surtout une baisse significative des coûts liés à l’instrumentation. Ainsi par exemple, les administrateurs IT peuvent identifier précisément le module de code à l’origine d’un dysfonctionnement applicatif, et fournir aux développeurs le contexte nécessaire pour résoudre rapidement le problème. ». Le tout sans frais cachés : l’adoption d’un standard tel qu’OpenTelemetry, permet une collecte gratuite, les coûts sont alors déportés sur l’infrastructure de réception (stockage de données notamment) et la solution logicielle de destination.

2.  Une visibilité sur l’ensemble du SI

Adopter une visibilité unifiée sur l’ensemble du système d’information pour garantir l’efficacité de l’observabilité :

  • Infrastructures on-premises
  • Environnements cloud (public, privé, hybride)
  • Applications (legacy et cloud-native)
  • Réseaux

Cette approche holistique permet une analyse plus fine des incidents, une réduction du temps moyen de résolution (MTTR) et une amélioration globale de la qualité de service. Les mécaniques d’IA permettent de plus facilement isoler les causes racines et de proposer des actions de résolution en tenant compte d’incidents passés similaires et des solutions précédemment appliquées.

3.  Une maîtrise par la donnée pour contrôler les coûts

Pour éviter une inflation incontrôlée des coûts, il est recommandé d’avoir recours à 3 leviers :

  • Échantillonnage des traces : ne conserver que les données pertinentes ;
  • Filtrage des logs : ingérer uniquement les événements significatifs ;
  • Tiering de stockage : déporter les données les moins critiques vers des niveaux moins coûteux.

Grâce à ces trois leviers, il est possible de réduire de 60 à 80 % les volumes traités sans compromettre l’efficacité opérationnelle

En utilisant la consommation réelle : métriques, traces et logs sont facturés à l’usage contrairement à la tarification traditionnelle par hôtes ou agents, souvent opaque, Les DSI peuvent planifier leurs budgets avec précision, sans craindre les effets de seuil ou les hausses imprévues.

Prenons un exemple concret : le cas d’un incident transactionnel. Une alerte déclenche un diagnostic : La carte des services montre que le service « checkout » ralentit ; un clic sur le groupe de traces révèle les appels problématiques ; le filtrage des logs isole les événements pertinents nécessaires au lieu de fouiller dans des milliers de logs.

Un levier stratégique pour les DSI

Au-delà des aspects techniques, cette approche répond à une problématique de gouvernance IT. Dans un contexte de pression budgétaire accrue, les directions informatiques doivent démontrer leur capacité à allier performance opérationnelle et rigueur financière.

En optant pour une observabilité abordable, les entreprises peuvent :

  • Réduire les coûts d’exploitation en évitant les incidents majeurs
  • Améliorer l’expérience utilisateur en détectant plus rapidement les anomalies
  • Accélérer les cycles de développement grâce à une meilleure collaboration DevOps
  • Renforcer leur posture de cybersécurité en élargissant la couverture de surveillance

Et les résultats sont mesurables :

  • MTTD, MTTR, MTTI réduits : résolution plus rapide et moins intrusive ;
  • Centralisation du savoir : équipes IT et Dev alignées, incidents plus vite gérés ;
  • ROI tangible : optimisation des coûts opérationnels et

En conclusion il faut tendre vers une observabilité démocratisée

Pour les DSI, le message est clair : il est temps de repenser l’observabilité non plus comme un poste de dépense, mais comme un investissement stratégique au service de la performance et de la résilience numérique.

Illustration blog : Pratiques recommandées pour une observabilité financièrement durable

Pratique Objectif
Utiliser des standards ouverts Éviter le vendor lock-in et réduire les migrations
Définir des règles d’échantillonnage Ne collecter que l’essentiel
Appliquer un filtrage intelligent Éviter l’ingestion futile
Segmenter le stockage Prioriser les données critiques
Adopter une facturation à l’usage Aligner coût et valeur métier

Par Quentin de Sainte Marie, Lead Solutions Consultant, IT Operations Management, OpenTex

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