CrowdStrike dévoile une extension majeure de sa plateforme Falcon, fondée sur un ensemble d’agents IA spécialisés, un orchestrateur visuel no-code et un graphe de données contextuelles. L’objectif est d’opérer un basculement progressif vers un modèle de centre de cybersécurité dit agentique, où les tâches sont partagées entre analystes humains et agents intelligents interopérables.
La saturation des centres opérationnels de cybersécurité impose une refonte des approches traditionnelles fondées sur des règles fixes et des tableaux de bord manuels. CrowdStrike en tire une stratégie technique offensive en introduisant une « agentic workforce » intégrée à la plateforme Falcon. Trois premiers agents IA sont proposés : l’un dédié à l’ingestion de données à partir de multiples sources, un second pour la création automatique d’applications personnalisées via des modèles préentraînés, et un troisième pour la priorisation des vulnérabilités en fonction du contexte d’exposition.
Ces agents interagissent avec un orchestrateur baptisé Charlotte Agentic SOAR, qui permet de configurer des workflows sans écrire une ligne de code, tout en intégrant la supervision humaine. Cette nouvelle organisation du travail de sécurité repose également sur Falcon Enterprise Graph, un graphe dynamique des relations entre actifs, incidents, signaux faibles et décisions prises, capable d’enrichir les processus avec des données historiques ou comportementales.
Une architecture pensée pour fluidifier les flux d’exécution
Le socle technique proposé par CrowdStrike repose sur plusieurs composants étroitement intégrés. La brique Falcon Onum fournit un pipeline de données haute performance, capable d’ingérer jusqu’à cinq fois plus d’événements par seconde que les solutions concurrentes selon l’éditeur. Cette capacité repose sur une compression intelligente, une normalisation à la volée et une segmentation des sources dès l’ingestion. Ces données alimentent ensuite un graphe contextuel baptisé Enterprise Graph, conçu pour relier entre eux actifs, comportements, vulnérabilités, signaux faibles, actions passées et décisions humaines. Ce graphe sert de référentiel dynamique, mis à jour en continu, auquel les agents et analystes peuvent se connecter.
Au cœur de cette architecture, les agents IA jouent un rôle d’exécutants spécialisés. La promesse formulée par CrowdStrike ne repose pas uniquement sur la vitesse ou la mise à l’échelle. Elle s’appuie sur une nouvelle organisation du travail au sein des équipes de sécurité. L’idée n’est plus de surveiller, d’alerter puis d’analyser de manière séquentielle, mais d’exécuter en parallèle des tâches automatisables, de prioriser en continu selon le contexte réel, et de fluidifier l’intervention humaine. Cela suppose une redéfinition des rôles, les analystes ne sont plus des opérateurs d’outils, mais des superviseurs d’agents, des concepteurs de flux et des validateurs de décisions complexes.
CrowdStrike met en avant des gains mesurables : réduction de 50 % du stockage de journaux, traitement multiplié par cinq, délai de détection et de réponse raccourci. Ces chiffres doivent cependant être pondérés. La performance dépend fortement de la qualité des sources de données, de l’harmonisation des formats, de la capacité des équipes à modéliser leurs processus, et de leur niveau de confiance dans les suggestions produites par les agents. Le modèle est prometteur, mais il ne s’improvise pas. Il requiert une maturité organisationnelle, des compétences mixtes en automatisation et en gouvernance, ainsi qu’une capacité à piloter l’évolution des comportements métiers induits par l’IA.
Transformer le SOC par l’automatisation
En articulant un traitement à la vitesse machine, une orchestration visuelle et un contexte opérationnel enrichi, CrowdStrike ambitionne de transformer le rôle même du SOC. Il ne s’agit plus seulement d’analyser des alertes, mais d’automatiser des réponses coordonnées, d’accélérer les diagnostics et de fiabiliser la prise de décision. Le fournisseur met en avant une capacité cinq fois supérieure de traitement d’événements par seconde par rapport aux solutions concurrentes, et promet une réduction de 50 % des coûts de stockage des journaux.
Reste que cette promesse implique une maturité technique et organisationnelle suffisante pour intégrer des agents IA dans des flux opérationnels critiques. Les équipes doivent aussi s’approprier les outils de conception de workflows, souvent éloignés des pratiques actuelles du SOC. Derrière la façade technologique, c’est donc une transformation complète de la gouvernance, des compétences et des critères d’évaluation des performances de la cybersécurité qui se profile.

























































