L’objet le plus partagé de la réalité virtuelle, c’est le casque VR. Tout le monde l’applique sur son visage pour profiter de l'étonnante expérience des images en 3D et augmentées. Mais celui-ci pourrait véhiculer quelque chose de beaucoup moins savoureux : l’herpès.
Le casque VR est un instrument indispensable qui accompagne la réalité virtuelle et lui permet de s’afficher. Lors d’évènements professionnels ou publics, ainsi que dans le cadre plus feutré de la famille et des amis, le casque VR fait toujours sensation. Et il se partage de personne en personne. C’est ainsi que pour nous offrir une séance de réalité virtuelle, nous l’appliquons sur notre visage, le cerclage du casque contre notre peau.
Ce cerclage embarque pêle-mêle le maquillage, la saleté de la peau, et la sueur. Mieux encore, le souffle des utilisateurs peut rester confiné dans le casque et venir embuer l’oeil de l’utilisateur. Les personnes qui utilisent des lentilles ont pu le constater. Résultat, l’usage d’un casque de réalité virtuelle se traduit parfois par de légères démangeaisons, qui généralement sont d’abord ressenties par les personnes dont la peau est la plus fragile.
Cette gène serait en réalité le prémisse d’un problème de santé plus grave, qui a été révélé par les développeurs du studio de jeu vidéos Redacted, l’herpès oculaire.
L’herpès oculaire
Comme son nom l'indique, l'herpès oculaire se réfère à une série de problèmes de santé – principalement des éruptions cutanées sur les paupières, mais également des lésions directement sur l'œil, qui provoquent des symptômes tels que la rougeur, l'inconfort, la vision floue, et la sensibilité à la lumière. Les formes légères, qui peuvent être facilement confondue avec des problèmes ordinaires d’irritation de l’oeil, disparaissent au bout de quelques semaines. Cependant, une manifestation moins fréquente, la kératite stromale, peut sérieusement gêner la vision des yeux et entrainer des dommages.
Selon les allégations des développeurs à l'origine de cette rumeur, les dégradations oculaires seraient causées par le virus de l'herpès simplex, le même qui est derrière les boutons de fièvre. Comme ces derniers, il n'y a aucun moyen d'éradiquer complètement le virus, même si un médicament antiviral peut en contenir les symptômes.
Pas de panique, HSV-1 n’est pas HSV-2 !
J’imagine certains de nos lecteurs se dire avec horreur qu’ils ont porté à leur visage un casque VR, et s’imaginent développer l’herpès qui a envahi leur corps... Rassurez-vous, vous n’avez pas attendu la réalité virtuelle pour embarquer le virus ! L’Organisation mondiale de la santé estime que 3,7 milliards de Terriens de moins de 50 ans, soit 67 % de la population mondiale, sont infectés par l’herpès simplex.
Autre information importante, cette infection concerne le virus herpès simplex de type 1, HSV-1. Il existe en effet un virus herpès simplex de type 2, HSV-2, plus connu sous le nom d’herpès génital. Pas de panique, ce dernier ne concerne pas les rougeurs potentiellement liées au casque VR.
Un risque largement dramatisé
N’oublions pas que nous sommes sur la toile, qui décuple les effets d’informations rarement bien documentées. C’est le cas ici. Le virus de l’herpès a du mal à vivre en dehors du corps, et se transmet par contact corporel direct, comme un baiser par exemple. Il est donc rare que l’herpès se propage à travers un objet.
En revanche, le virus de l’herpès appartient à la famille des infections dormantes, souvent depuis l’enfance, dont le réveil est causé par une fièvre ou un autre déclencheur externe. Selon Todd Margolis, le directeur du département ophtalmologie et sciences visuelles de la Washington University School of Medicine, « il est très peu probable, mais pas absolument impossible » que quelqu'un puisse contracter l'herpès oculaire à partir d’un casque VR.
Rassurés ? Pas tant que cela finalement...
Pour Todd Margolis, « il est plus probable (évoquant le développeur victime de l’herpès à l’origine de l’information) qu'il a été embrassé lors d’une réunion par quelqu'un qui aurait eu une plaie active qui versait des virus infectieux ». Voilà qui a le mérite de se faire rassurant, le casque VR ne transmet probablement pas l’herpès oculaire.
Vous voilà rassurés ? Alors ne lisez pas ce qui suit ! En effet, si Todd Margolis s’affiche circonspect quant à la présence de l’herpès, il confirme en revanche que le partage d’un casque de réalité virtuelle peut comporter des risques pour la santé ! Par la saleté et la sueur, nous les avons déjà évoqués. L’expert y ajoute les poux (!), et des bactéries et virus dangereux, dont celui qui est derrière la conjonctivite qui avec son œil rose pourrait fait croire à un herpès. « L’adénovirus est très contagieux, et contrairement à l'herpès, il survit très bien sur les surfaces inanimées comme le plastique ».
Comment se protéger ?
Un geste simple suffit, essuyer le casque avec de l’eau et du savon. Pas d’alcool, s’il est efficace pour tuer le virus de l’herpès, il l’est beaucoup moins contre l’adénovirus. Certains fabricants de caques commencent également à distribuer des lingettes humides, et placent leurs casques dans des emballages antimicrobiens.
Et puis, dites-vous bien que le risque de se choper un virus ou une bactérie sur un casque VR est aussi élevé que lorsque vous serez une main, acceptez une carte de visite, passez entre les mains d’un vigile qui contrôle vos bagages, ou encore lorsque vous stationnez quelques temps dans un lieu fréquenté à l’air confiné et fétide.
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