L’IT à l’heure de sa transition
C’est une vraie accélération à laquelle nous assistons. Un glissement discret mais bien réel s’opère dans les appels d’offres IT : les critères environnementaux s’imposent là où ils étaient presque inexistants il y a de cela 5 ans. Environ un appel d’offre sur trois demandes explicitement des références ou preuves d’engagement écologique. En effet, en cumulant près de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre selon un rapport de GreenIT publié en 2019, le secteur du numérique est sous pression alors que la digitalisation de nos sociétés se poursuit. Et avec elle l’augmentation de la consommation énergétique. Ajoutons également que le recours aux services numériques (cloud, IA et autres applicatifs) accroit drastiquement l’impact des data centers (46% dans le bilan énergétique du numérique français selon une réévaluation d’une étude menée par l’ADEME et l’Autorité de régulation des communications en 2024) et qu’il y a donc urgence à agir pour réguler les usages.Cette prise de conscience s’est muée en argument décisif pour beaucoup d’entreprises souhaitant s’équiper autrement. Bien entendu, ce mouvement d’ampleur est également impulsé par une règlementation plus stricte, à l’image de la CSRD qui responsabilise davantage les entreprises en la matière.
Quelles que soient les causes, il y a aujourd’hui une réelle attente du marché. Les entreprises ne sont plus en quête de simples prestataires, elles souhaitent véritablement trouver des partenaires capables de les accompagner dans l’atteinte de leurs objectifs de réduction d’impact. Certains secteurs, l’énergie en tête, ont des critères RSE si importants qu’ils en deviennent de vrais leviers de valeur. Et c’est probablement ce basculement qui place l’IT dans une posture nouvelle : celle de facilitateur de transition.
La nécessaire transformation des entreprises du numérique
Disons-le, les fournisseurs ne sont pas surpris par cette évolution. La logique de sobriété et d’efficacité énergétique est une démarche de fond à laquelle certains se préparent depuis plusieurs années déjà. Mais tous n’affichent pas le même niveau d’engagement et il faudra amplifier les efforts pour ne pas accuser un retard trop important. Pour entreprendre les bonnes transformations structurelles, la cohérence d’un bout à l’autre de la chaîne est essentielle : des infrastructures alimentées en énergies renouvelables au choix de matériels moins énergivores en passant par le développement de solutions IT sobres ou une logique de transport responsable.Certes, adopter cette approche a un coût mais c’est également un levier commercial majeur. En choisissant un matériel plus durable, en optimisant ses ressources, ces gains peuvent être répercutés sous forme de prix plus compétitifs vis-à-vis des clients. L’impact est donc autant financier qu’opérationnel. Et surtout, c’est une stratégie structurante qui permet de se différencier sur le marché.
Néanmoins, déployer autant de moyens d’action n’aura que peu d’effet si la démarche n’est pas impulsée par le top management et ensuite portée par l’ensemble de l’organisation. La transition doit être incarnée, expliquée et partagée pour être véritablement efficace. Être exemplaire n’est pas seulement un argument marketing, c’est avant tout un projet collectif qui donne du sens au travail des équipes.
Accompagner plus que vendre : nouveau rôle des fournisseurs ?
C’est peut-être un des enseignements majeurs de ce mouvement. Fournisseurs et clients sont en train de redéfinir les rapports qui les lient, ou du moins amplifier un aspect de leur relation : les premiers étant, en effet, de plus en plus sollicités pour accompagner les entreprises dans leur propre transition numérique. On ne vend plus seulement une solution, on y ajoute désormais un volet conseil qui concerne aussi bien l’optimisation du stockage de données, l’archivage raisonné que la réduction des ressources nécessaires au fonctionnement des applicatifs.Dès lors, les fournisseurs arborent un nouveau rôle hybride au sein duquel l’accompagnement devient aussi important que l’expertise technique. Cette posture est et deviendra incontournable pour répondre aux besoins croissants des clients en matière de transition écologique. Certes, nombre de fournisseurs et clients restent encore centrés uniquement sur les prix et la technique mais tôt ou tard il faudra se résoudre à adopter ce qui s’impose comme étant une condition de base pour espérer survivre face à la concurrence.
Par Franck LOPEZ, Bid Manager chez T-SYSTEMS France