Les entreprises technologiques, bien que perçues comme moins polluantes, ont un impact environnemental notable : les centres de données consomment d’énormes quantités d’électricité par exemple. L’étude AdVaes met en lumière la complexité et l’urgence des enjeux de durabilité dans le secteur.

Les enjeux écologiques et sociétaux sont de plus en plus pressants, mettant les entreprises technologiques sous une forte pression pour réduire leur impact environnemental.
Le secteur du numérique, en pleine croissance, est confronté à des défis majeurs, notamment en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de responsabilité sociétale et environnementale (RSE).

Avec une demande accrue des consommateurs et des régulateurs pour une transparence sur les performances ESG (Environnement, Social, Gouvernance), de nombreuses entreprises se voient désormais obligées de rendre compte de leur intensité carbone, tout en répondant aux attentes des parties prenantes concernant la durabilité et la gouvernance éthique. C’est dans ce contexte qu’AdVaes a publié le premier classement ESG spécifique aux prestataires numériques actifs en France, un outil visant à éclairer les progrès et les lacunes du secteur en matière de performance environnementale.

Des données sur trois ans pour plus de précision

Le classement ESG d’AdVaes se concentre sur les émissions de GES de 80 prestataires du numérique, mesurées entre 2021 et 2023. Ce classement est unique du fait qu’il s’intéresse à l’intensité carbone, un ratio exprimé en tonnes d’équivalent CO₂ par rapport au chiffre d’affaires. Ceci permet une évaluation plus représentative au regard de la « forte croissance de l’activité de certains prestataires ». En effet, ce ratio rend possible une comparaison plus équitable entre les entreprises, malgré les variations d’activité. Contrairement à d’autres classements qui s’appuient uniquement sur des données globales, le classement d’AdVaes prend en compte les prestataires actifs en France, intégrant notamment des acteurs locaux, « et non uniquement internationaux ».

L’étude souligne aussi l’importance de couvrir une période d’analyse de trois ans, car une analyse annuelle pourrait ne pas refléter fidèlement les efforts de réduction d’émissions :
« certains prestataires ayant une augmentation de leurs émissions de GES en N-1 et ensuite une réduction en année N ». En conséquence, AdVaes propose une approche plus objective et étalée dans le temps, en permettant d’observer les tendances de manière
plus précise et nuancée.

Plusieurs obstacles dans la collecte des données ESG

D’après l’étude, les entreprises analysées représentent un secteur où les émissions de GES demeurent importantes. En 2023, pour 50 % des prestataires analysés, les émissions de GES dépassaient les 300 millions de tonnes d’équivalent CO₂ pour un chiffre d’affaires cumulé de plus de 2 200 milliards d’euros. Cette intensité démontre non seulement le poids écologique de l’industrie numérique, mais aussi l’importance d’une transition vers des pratiques plus durables.

Cependant, l’étude met en avant plusieurs obstacles dans la collecte des données ESG. Seulement 58 % des entreprises étudiées disposaient de données complètes sur les trois années de référence, et 15 % des prestataires ne communiquent pas de façon régulière leurs émissions de GES. L’incertitude et les données incomplètes compliquent ainsi
« l’analyse de l’évolution dans le temps des émissions de GES de ces acteurs ». De plus, les données disponibles sont souvent limitées au niveau global, plutôt qu’au périmètre français, ce qui limite leur représentativité pour certains sous-secteurs locaux.

Les clients privilégient les entreprises vertueuses

L’importance accrue des préoccupations ESG chez les clients influence directement les stratégies des entreprises du numérique. Les consommateurs comme les partenaires commerciaux tendent aujourd’hui à privilégier les entreprises qui adoptent des pratiques responsables et réduisent activement leur empreinte carbone. En parallèle, les entreprises du numérique doivent faire face aux exigences réglementaires croissantes et démontrer leur capacité à atteindre les objectifs climatiques, conformément aux accords de Paris et aux autres cadres de gouvernance internationale.

Les entreprises technologiques doivent donc non seulement se conformer aux nouvelles législations, mais aussi anticiper les attentes sociétales. Cela implique, par exemple, d’investir dans des solutions d’efficacité énergétique et de développer des indicateurs pour évaluer leur performance sociale et environnementale. Le rapport d’AdVaes révèle que
« 85 % des prestataires analysés figurent dans le top 20 des entreprises de services numériques, des opérateurs de datacenters et des opérateurs de cloud public actifs en France », illustrant leur engagement croissant envers ces objectifs.

La résilience est aussi environnementale

Cette première publication du classement ESG des prestataires numériques par AdVaes met en lumière la complexité et l’urgence des enjeux de durabilité dans le secteur. Bien que le classement soit un pas significatif vers une transparence accrue, il révèle aussi les difficultés persistantes, telles que le manque de données fiables et standardisées pour certains indicateurs comme le scope 3. Les entreprises du numérique doivent donc intensifier leurs efforts pour répondre aux exigences ESG de manière plus rigoureuse et aligner leurs pratiques sur les objectifs de durabilité de leurs clients et des régulateurs.

Ce classement servira, à l’avenir, de point de référence pour évaluer les progrès des entreprises et pour orienter les décideurs dans leurs choix stratégiques. En vue des évolutions réglementaires et de la montée en puissance des préoccupations écologiques, les entreprises devront non seulement s’adapter, mais aussi innover pour renforcer leur résilience face aux défis environnementaux et sociétaux.