Après plus de 10 ans de hausse continue, le secteur IT a montré des signes de faiblesse en 2024 selon Numeum, le syndicat professionnel du numérique en France. Près de 30 % des entreprises déclarent avoir réduit leurs recrutements. Le cloud reste encore le moteur essentiel pour le secteur.

Le numérique n’échappe pas à la morosité économique en Européenne et en France, selon le bilan 2024 et perspectives pour 2025 de Numeum. Après une progression de +6,5 % en 2023, Numeum réévalue sa prévision de croissance à 3,5 % pour l’année 2024 avec des évolutions différentes selon les segments de marché. En termes de chiffre d'affaires, le secteur des services (ESN) est le plus touché avec une croissance quasi nulle de 0,7 %. Les activités de conseil en technologies (ICT) sont à peine mieux loties avec 1 % de plus en 2024. Seuls les éditeurs de logiciels et des plateformes cloud tirent leur épingle du jeu avec 8,2 % de croissance.

Le manque de visibilité économique et politique incite à la prudence selon Numeum qui prévoit cependant une croissance de 4,1 % pour le marché numérique en 2025, sans rebond significatif à court terme. Une prophétie autoréalisatrice ?

Le graphique ci-dessous est explicite et montre la baisse du chiffre d'affaires en 2024 dans tous les secteurs IT.

Les locomotives de la croissance : cloud, cybersécurité et big data

Le cloud reste au cœur de la transformation numérique avec les clouds verticalisés, la généralisation des approches containers, la mise à niveau des applications et infrastructures. La cybersécurité, avec un marché de 4,6 milliards d’euros, affiche une croissance de 11,9 % en 2024 ce qui comprend les investissements et l’externalisation face à la recrudescence des risques, à la conformité aux réglementations et aux attaques.

Le Big Data continue de croitre avec +15,6 % d’augmentation en 2024. La collecte et l’usage de la donnée restent essentiels pour faire l’évolution des modèles d’affaire, le développement de nouveaux services ou l’optimisation des opérations. Sans parler de la voracité en données massives des outils d’IA générative.

L'IA générative : une bulle entravée par trop de freins ?

David Cahn, analyste chez Sequoia Capital, investisseur historique de la Silicon Valley, alerte sur l'écart entre les dépenses d'investissement mondiales dans l’IA Générative et ses bénéfices réels, un gouffre considérable de 500 milliards de dollars. Selon Numeum, les trois quarts des éditeurs et des plateformes ont mis en place ou prévoient d’utiliser l’IA générative pour leurs solutions. Près de la moitié des entreprises (47 %) l’ayant adoptée rapportent une amélioration de la productivité de 5 à 10 %. Encore faut-il préciser que
41 % des entreprises peinent à quantifier les bénéfices de son usage et 39 % d’entre elles ont du mal à trouver des cas d’usage à forte valeur ajoutée. Les experts dans ce domaine ne sont pas légion et 35 % font face à une pénurie de talents.

L’Europe, championne mondiale de la réglementation du numérique, a édicté, notamment, l’AI Act que nul ne saurait ignorer. Or, 45 % des entreprises déclarent en avoir une connaissance limitée, voire inexistante, sur ce sujet. Sans doute devraient-elles prendre plus au sérieux les lourdes sanctions auxquelles s’exposent les contrevenants. Elles pourront grimper jusqu'à 15 millions d'euros ou 3 % du chiffre d'affaires annuel pour les grandes entreprises.